Passé embué

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Université Paris-IV Sorbonne,
13 septembre 2014,

Jordan venait d'avoir 19 ans le jour même, étant un garçon assez renfermé, ne comprenant pas forcément les jeunes de son âge il n'avait rien prévu d'extraordinaire pour l'occasion. Étant au début de sa deuxième année de sa licence de géographie, il s'était rendu en cours comme tous les matins, ses études n'étaient pas une passion pour lui, mais ayant échoué au concours d'entrée à l'institut d'études politiques de Paris, il n'avait pas eu d'autres choix. Il vivait pour la plupart du temps chez sa mère dans un HLM en Seine Saint Denis, il n'avait pas l'habitude de côtoyer la haute société, sûrement une des raisons pour lesquelles il n'arrivait pas à créer de lien avec ses camarades. Jordan n'avait pas de réel problème, on ne se moquait pas de lui, on ne le détestait pas, c'était simplement lui qui détestait les autres. Le seul endroit où il se sentait lui-même était dans son groupe de militant politique. Il n'avait pas de copine non plus, n'avait jamais eu de relation par le passé, trouvant ça inutile à son âge. Son père avait abandonné sa mère pour s'installer dans un quartier chic de Paris avec sa nouvelle maîtresse, il méprisait Jordan depuis son plus jeune âge, ne comprenant pas la sensibilité et la façon de se comporter de son fils. Depuis qu'il était majeur il ne voyait presque plus son père, mis à part les rares fois où sa mère l'obligeait. Il était en cours d'histoire depuis bientôt 1h dans l'amphi de sa fac, quand son téléphone vibra dans sa poche, les TD était assez stricte mais en amphi ils étaient plutôt libres, alors il sortit son téléphone.

Géniteur
Salut Jordan, c'est ton anniversaire aujourd'hui il me semble ? J'aimerais te voir.

Jordan
Pourquoi? Je suis avec maman ce soir pour le fêter ça
ne va pas être possible

Géniteur
Jordan arrête de faire le gamin, tu peux te libérer pour qu'on boive un verre ensemble avant de rejoindre ta mère?

Il se rendit compte qu'il n'avait pas le choix.

Jordan
Bon okay à 17h au café du dixième arrondissement.

Il rangea son téléphone pour se reconcentrer sur le cours, malheureusement son professeur le désigna pour venir expliquer quelque chose au tableau. Jordan était de nature stressé, il n'aimait pas devoir parler devant un grand nombre de personnes, et perdait tous ses moyens quand ca arrivait. Il savait que c'était mauvais s'il voulait se lancer dans la politique mais il n'arrivait pas à passer cette barrière. Au final il se rendit au tableau, tétanisé, et bafouilla une explication, ce qui fit rire quelques élèves, puis il retourna à sa place en se faisant le plus petit possible. Sa journée de cours passa assez rapidement, à son plus grand plaisir. C'était un des seuls jours où il ne travaillait pas après sa journée, il donnait des cours de français à des personnes ayant fui leur pays par obligation ( personne issue de l'immigration), cela lui permettait parfois d'aider sa mère à boucler les fins de mois. Il aimait plus ou moins faire ça, se disant qu'il aidait ses personnes à s'intégrer, même s'il pensait au fond de lui que l'immigration devenait un vrai souci pour son pays. Il se rendit donc au café où il avait donné rendez- vous à son père, il portait un jean skinny bleu foncé, et une veste assez ajustée qui laissait apparaître son corps de gringalet. Il rejoignit son père qui était déjà installé à une petite table, avec une bière à la main.

Salut Jordan, bon anniversaire !, s'exclama son père en souriant.

Salut papa, lui répondit simplement Jordan.

Le père de Jordan le détailla de haut en bas avec une mine perplexe.

Tu devrais songer à changer de style vestimentaire, tu m'étonnes que tu n'es toujours pas de petite copine, tu t'habilles comme un gay, dit son père en rigolant.

Jordan s'assit en sachant que cette entrevue avec son père ne serait pas un long fleuve tranquille.

Tu sais si je n'ai pas de copine c'est simplement parce que je n'en ai pas envie, arrête avec tes préjugés s'il te plaît, lui répondit Jordan en soufflant.

L'amore non sempre vince (BardellaxAttal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant