Chapitre 40

25 3 2
                                    

« La peur ne peut se passer d'espoir et l'espoir de la peur », Baruch Spinoza

GUILLAUME

Jean-Baptiste et moi nous dirigeons vers l'imprimerie d'un pas pressé, mais le Marquis place une main contre mon ventre pour m'empêcher d'aller plus loin avant de me plaquer contre le mur. Je lui envoie un regard noir et m'apprête à répliquer lorsqu'il place son index devant ses lèvres, m'intimant de me taire.

— La Reynie et ses hommes sont à l'intérieur, me prévient-il en chuchotant.

Mon cœur s'accélère. Mince, mince, mince, mince ! S'ils nous voient et que l'un d'eux me reconnaît, je suis fichu !

— Que disent-ils ? l'interpellé-je dans un murmure.
— Je l'ignore, je n'arrive point à entendre.

Je prends la décision de me rapprocher pour mieux écouter, cela pourrait nous aider grandement pour retrouver Sophie.

— Combien d'exemplaires de ce torchon avez-vous imprimés ? interroge La Reynie d'une voix dure et froide, tandis que deux de ses hommes maintiennent l'homme, les bras dans le dos.
— Je... je...
— Répondez !
— Une centaine ! Je crois qu'ils ont prévu d'en afficher partout dans Paris !
— Qui est-ce ce ils ?
— Les Catalans !

Mon cœur vacille.

— Qu'ont-ils dit d'autres ?
— Je ne sais pas, je...
— Qu'ont-ils dit d'autres ?! répète le lieutenant, furibond.

Le pauvre homme tremble de tous ses membres.

— Je n'ai rien entendu, je vous le promets ! Pendant que j'étais occupé à imprimer, ils n'arrêtaient pas de parler à voix basse !
— Combien étaient-ils ?
— Deux... ou trois, pas plus.

Il déglutit.

— Mais je crois... qu'en vérité, ils étaient bien plus.
— Décrivez-les moi.
— Ils étaient bruns, mais... ils avaient une capuche alors je... je ne saurais pas le dire avec certitude, mais ils... me semblaient assez jeune, dans la vingtaine. Trente ans tout au plus.

Brun... ce n'est pas comme si c'était une couleur de cheveux très répandue, après tout...
Je lève les yeux au ciel après cet indice qui ne nous aide pas, le cœur toujours tambour-battant dans ma poitrine. À côté de moi, Jean-Baptiste remue, il semble s'impatienter, au même titre que les hommes dans le bâtiment, dont leur attitude ne trompe pas.

— Pourquoi avoir accepté d'imprimer cela ?!
— Je n'ai pas eu le choix ! panique l'homme. Ils sont entrés, armés de fusils et d'épées et m'ont menacé avec, ainsi que ma famille ! Si je ne faisais pas ce qu'ils me demandaient, ils allaient...

Il ne termine pas, sans doute en proie à la peur.

— Pourquoi le faire imprimer chez vous ?

C'est la question que je me pose également...

— Je... je ne sais pas, je...
— Ce n'est pas une réponse ! Je veux savoir pourquoi ils vous ont choisis ! s'énerve La Reynie.
— Ils ne me l'ont pas dit ! Peut-être pour la discrétion, en comparaison à mes confrères parisiens, je ne sais pas ! Je vous le jure !

Il ravale sa salive.

— Mais je crois... je crois les avoir entendu dire que... la fille, elle... elle était avec leurs compagnons.
— Je croyais que vous ne les aviez pas entendu, le soupçonne le lieutenant.
— C'est vrai, la plupart du temps, mais... quand je suis revenu avec leur commande, ils.. ils parlaient de... Compiègne.
— Précisez.
— Je... je ne peux rien vous dire d'autre, ils... quand ils m'ont vu, ils se sont tus.

Vices à Versailles - Pour arriver à moi Spin-offOù les histoires vivent. Découvrez maintenant