15 - Chapitre 15

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Il faut que je reprenne le boulot, ou je vais devenir folle. Puis, je n'ai pas osé recontacté mes parents depuis le message que je leur avait envoyé il y a quelques jours. Parce que oui, les jours passaient, mais rien ne passait vraiment. Quand j'étais seule, souvent avant de "dormir", ma souffrance était toujours aussi intense, et elle n'était pas près de s'estomper. Il m'arrivait parfois, pendant que Christopher me faisait écouter quelque uns de ses morceaux, de ne pas penser à Gi-kyung durant de ou trois minutes. Mais il revenait toujours empiété sur chacune de mes pensées. Il était omniprésent. Il m'entourait. Partout où je regardais je voyais constamment ses ténèbres, tapie dans les coins les plus assombris, revenir me hanter.

Je me demande comment j'en suis arrivée là, dans cet état de désespoir où chaque pensée semble être une nouvelle lame qui s'enfonce un peu plus profondément. Tout cela ne me ressemble pas. Je me dégoute. Ces réactions ne sont pas moi. Tout est gris, comme si une tempête avait balayé toutes les couleurs de mon existence. Chaque jour qui passe est une nouvelle épreuve, une nouvelle bataille contre mes propres démons qui ont de plus en plus des allures de celui qui partage encore ma bague.

Connaissant ma mère, elle doit être en larme si ce n'est déjà sur un lit d'hôpital pour toutes les préoccupations que je lui créer. Mon père lui, doit probablement être mort d'inquiétude, et, je pense que je serai pareille à sa place. Je culpabilise des les mettre dans une telle situation, néanmoins, je ne saurai agir autrement pour le moment. Quant à mon frère, je suppose qu'il se doute de quelque chose. Ils doivent se demander ce qui se passe, et chaque jour où je ne leur donne pas de nouvelles, je les plonge un peu plus dans l'angoisse. Je m'en veux terriblement pour ça, mais en même temps, je ne me sens pas capable de leur parler, de leur expliquer ce que je traverse. D'autant plus que je les mettrai en danger. Que pourrais-je bien leur dire d'ailleurs ? Je ne veux pas les inquiéter davantage, mais je sais aussi que mon silence ne fait qu'amplifier leur souffrance. Mais, je peux encore moins les laisser me voir comme ça. Hors de question.

En fait, une vague a submergé mon corps, inondé mon esprit, éteint mes pensées, mais mon cœur, lui, à dû être emporter car j'ai vraiment dû mal à ressentir quoique se soit de positif. Sentimentalement comme factuellement, d'ailleurs, je ne la sens que trop cette coté cassé. Elle me fait souffrir à chaque inspiration de chaque seconde. Je pense que c'est du cerveau dont toute la négativité vient, le cœur lui, est pure alors, si le cœur manque à l'appelle, le cerveau s'en donne à cœur joie pour nous torturer.

Je sais que je ne peux pas continuer comme ça, à m'enfermer dans cette spirale infernale. Chaque jour sans réagir ne fait qu'alimenter cette noirceur qui me ronge de l'intérieur. Pourtant, bouger me parait insurmontable, comme si chaque geste, chaque décision, demandait une force que je ne possédais plus. Je dois trouver une issue, une raison de continuer, quelque chose qui pourrait me sortir de cette torpeur. Mais quoi ? Tout ce qui me venait en tête semblait futile, dénué de sens. L'idée de retourner au travail, qui me semblait vitale il y a quelques instants, perdait soudain tout son sens face à la réalité de ma situation. En reprenant le travail, je risquais, même si c'était une chance infime, de tomber sur Gi-kyung, et je n'étais pas prête à affronter ce quotidien qui me paraissait infranchissable. Comment pouvais-je envisager de retrouver une vie normale alors que tout en moi était brisé, que chaque jour était une lutte pour simplement survivre ? Je suis épuisée, vidée de toute énergie. Chaque seconde est un combat pour simplement rester debout, pour ne pas m'effondrer sous le poids de cette étrange ombre qui m'écrase. J'essaie de me rappeler qui j'étais avant tout ça, avant que la vie ne devienne un fardeau, mais c'est comme essayer de saisir de la fumée entre mes doigts. Les souvenirs sont flous, lointains, presque irréels. Sauf ceux de cette nuit-là, évidemment.

No-noisy [Bang Chan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant