Chapitre 9

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    Alors que j'emprunte les escaliers pour dire au revoir à Lucinda, mes pensées ne cessent de se bousculer. J'ai demandé à voir Eliza une dernière fois avant de partir, mais elle a refusé. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne comprends pas ce qui l'a poussée à se comporter de la sorte. Je dois absolument découvrir ce qu'on a pu lui dire pour qu'elle se retourne contre moi. Cette semaine en dehors de l'IRM me complique la tâche, ce n'est pas à l'autre bout du pays que je vais trouver une réponse à ma question. Je n'ai jamais été aussi frustrée.

    Dans la chambre, Lucinda m'attendait sur son lit. Dès que je passe le pas de la porte, elle se lève aussitôt et me prend dans ses bras.

— Tu vas me manquer, Ela, me confie-t-elle, le visage étouffé dans mon cou. Tu me raconteras tout à ton retour, promis ?

— Promis. Tu vas me manquer aussi, Luci.

    Je la serre de plus belle dans mes bras. Je n'ai pas envie de l'étouffer, mais je veux qu'elle sache que je la considère vraiment comme mon amie.

— J'ai quelque chose pour toi, annonce-t-elle en se défaisant de mon étreinte.

    Elle glisse la main dans sa poche et la ressort avec une petite sculpture en papier.

— Tiens, dit-elle en me mettant son petit cadeau dans ma main. C'est pour toi. Chaque fois que tu te sentiras seule ou que tu auras le mal du pays, prends ce petit bateau, ferme les yeux, et imagine qu'il t'emmène là où tu veux. Il n'y a que toi qui es permise à bord, tes pensées restent sur le quai.

— Merci, Luci, je réponds émue. Merci beaucoup.

    Je lui redonne un câlin et quitte la chambre en direction du hall d'entrée du bâtiment.

     Avant de quitter l'IRM, Madame Sterling nous distribue un petit sac avec des rechanges, un cahier et un stylo. J'y glisse mon petit bateau pour ne pas le perdre.

— Avant de vous laisser partir, commence-t-elle, j'ai une dernière consigne pour vous. N'oubliez pas que vous représentez notre institut. Vos actions et paroles doivent refléter notre image.

    Elle pose ses yeux dans les miens et ajoute :

— Tâchez de respecter vos supérieurs hiérarchiques et sociaux en tout temps.

    Elle se tourne vers Serena qui écoute le discours à ses côtés.

— Mademoiselle Hart, si vous rencontrez le moindre souci avec l'un ou l'une de ces jeunes gens, n'hésitez pas à nous le faire savoir. Ne cautionnez aucun écart au règlement.

    Son emphase sur le féminin ne passe pas inaperçue. Kael me jette un coup d'œil inquisiteur auquel je réponds par un léger mouvement d'épaule. Je sais très bien à quoi Madame Sterling fait référence.

    Nous montons dans un fourgon identique à celui qui m'a amenée ici. Kael s'assied à côté de moi. Il colle son épaule à la mienne et je sens tout son soutien se diffuser en moi. En face, Amias prend place aux côtés de Serena. Il ne cache pas son enthousiasme. Il fait preuve d'une galanterie grotesque en attachant la ceinture de notre mentor.

— Merci, Amias, dit-elle.

— Tout le plaisir est pour moi, Mademoiselle Hart.

    Elle glousse puis se reconcentre.

— Avez-vous déjà pris le train, mes chers ? demande-t-elle, excitée.

    Kael et moi faisons « non » de la tête.

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