03. Papa

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Max est parti dans le couloir le temps de passer un coup de fil. Il a donc laissé le plus jeune à lui même le temps d'un instant. Il a bien sur insisté sur l'importance d'appuyer sur le bouton rouge au dessus de lui si il se passait quoique ce soit. Il lui assurait qu'il débarquerait à la seconde où il aurait appuyé avec des médecins en guise de renfort. 

Charles, de son côté, avait docilement hoché la tête, même si il n'écoutait que d'une oreille distraite. Quand Max a donc affiché un petit sourire casanier avant de refermer la porte, il a ensuite pu reprendre son jeu de mémorisation qu'il était entrain de faire depuis quelques minutes. Il s'applique et se reconcentre sur ce qu'il fait, entendant vaguement la voix de Max à travers les murs. 

Le monégasque retourne deux cartes, pour gagner il frauderait qu'elles soient identiques. Il doit également répéter ce qu'il voit sur les deux images, pour faire travailler sa voix rauque et fatigué. Un jeu classique mais idéal, qui l'aide à refaire travailler la mémoire de son cerveau. 

- Pa..pa... ch..at. Il répète en regardant attentivement ce qu'il se présente dans sa main. 

Son regard se fixe dans la première qu'il a retourné. Il la regarde attentivement, avant de répéter :

- Pa..pa..? Il souffle avec attention.

Il fronce les sourcils. Du bout de son pouce, il caresse distraitement l'image qui se présente devant lui. Sans savoir ce qu'il se passe, des larmes chaudes semblent s'immiscer au coin de ses yeux. Un pincement au coeur fait trembler sa lèvre inférieur, l'envahissant d'innombrables pensées. 

Les larmes qui menaçaient de couler dévalent dorénavant le long de ses joues. Son corps se souvient étrangement, se crispant aux pensées sombres mais floutées. Ses mains tremblantes emmènent la petite carte près de son torse. Il la serre délicatement, comme si il avait peur de la blesser ou qu'elle s'en aille. Un léger hoquet lui échappe, le faisant renifler difficilement. Avec son avant bras, il essuie d'un geste rapide ses joues rougies. 

Il souffle rapidement pour se reprendre, redéposant d'un geste habile la carte sur la table de l'hôpital. Il regarde l'exercice, forcer d'avouer qu'il ne se rappel d'aucunes qu'il a retourné depuis le début, si ce n'est que d'une. Alors qu'il fixe le jeu et les nombreuses cartes déposées sur la table, une violente envie de tout balancer par terre le prend. 

Charles n'est pas de nature impulsif, mais pour une fois, il se verrait bien aller tout faire valser par terre. Les poings serrés, le mal de crâne qui commence à aborder son front l'envoie dans une haine sourde envers lui même. 

Fatigué et énervé par son propre état, le monégasque presse ses mains sur la table, la balayant d'un geste vif et précis. Les nombreuses cartes s'envolent dans le mur, juste en dessous de la fenêtre entrouverte. 

Elles s'échouent lamentablement au sol. Dans une colère noir, Charles les regarde du coin de l'œil. Sa respiration se fait courte. Il peut apercevoir la carte "papa" le narguer. Elles sont majoritairement toutes retournées sur le dos, mais elle n'en fait pas partie. 

Le plus jeune, déjà à cran de son état, ne supporte pas cette vision. Il cherche dans sa mémoire ce qui le rend si triste, si à fleur de peau, mais rien ne vient. C'est comme un immense trou noir qui le pourrit de l'intérieur. 

Charles dégage la table à roulette de devant lui, elle s'échoue lamentablement sur le sol près de la porte. Il retire le drap qui s'échoue jusqu'à sa taille, bien décidé à se lever du lit pour mettre la carte sur le dos. Il ne veut plus apercevoir l'écriture, ni l'image qui la décore. 

Il sent une violente douleur au niveau de ses abdos, de sa tête, et dorénavant de son bras. Il fixe la machine à perfusion qui se fixe à ses cotés, qui le maintient au lit d'une certaine manière. Le fil est tendu et l'empêche d'aller plus loin. Agacé, il enroule ses doigts autour de l'intraveineuse, il exerce suffisamment de force pour pouvoir tirer dessus.

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