06. Problèmes

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Carlos est finalement parti après une bonne heure à profiter des taquineries et de l'ambiance chaleureuse de la pièce. Il a tant bien que mal essayé quelques questions, mais Max détournait divinement bien le sujet. Il se retrouve donc dans sa voiture, où il a revêtit un masque impassible. Les mains sur le volant, il attend patiemment qu'on décroche, alors que son pied s'affale contre l'accélérateur.  

- Allo ? La voix d'homme crépite légèrement.

L'espagnol prend une profonde inspiration. 

- C'est Sainz, il souffle en vérifiant son angle mort avant de s'engager. Je rentre au garage Ferrari, je serai là dans une dizaine de minutes. 

- Avec Charles ? 

La pomme d'Adam de Carlos roule douloureusement le long de sa gorge, sa bouche devenant soudainement sèche alors qu'il cherche ses mots. 

- Je n'ai pas pu le ramener, Max veille sur lui, et il y a des gardes du corps puis-

Et voilà qu'il venait de lui raccrocher au nez. Il fixe l'écran d'affichage, montrant l'appel terminé après quelques secondes seulement. Un souffle chaud s'abat dans la voiture, sa poitrine se contracte. Ses épaules crispées alors qu'il tente de garder un regard net sur la route. 

- MERDE ! Il hurle en frappant le volant de son poing, s'affalant presque dessus par la suite.

Le stop qui prône à ses côtés, et l'absence de véhicule le précédant fait qu'il peut s'accorder cette instant. 

- Fais chier.. il soupire finalement en frottant énergiquement son visage, comme pour se réveiller. 

Avec un reniflement désespéré, il accote l'arrière de son crâne au siège. Ses mains accrochent le volant tellement fermement que ses phalanges palissent à vue d'œil. Une larme solitaire s'abat sur sa joue, chutant le long de son menton avant de s'échouer quelque part sur son haut. 

Solitaire et désemparé, Carlos continu sa route, le coeur lourd et la gorge brulante. Au lieu de rendez vous, il se gare à sa place initiale. Les regrets s'abattent sur ses épaules à la seconde où son pied touche le sol. 

L'envie de pleurer le prend aux tripes, et il ne peut que se maudire de souhaiter que ce soit Charles à sa place, comme à leur habitude. Peut être est-ce le karma pour ne pas l'avoir aidé, pour avoir fait l'aveugle à toutes les fois où le monégasque le suppliait pour de l'aide. 

A cette fois où il est arrivé, les joues baignées de larmes, les phalanges bleutés et rouges, le dos ensanglanté sous les coups de ceinture, à cette fois où il a supplié à genoux l'espagnol pour un peu d'aide. Il n'en avait plus rien à faire de sa dignité, de cette façade qu'il conservait si bien. A cette instant précis, où il s'est accroché comme à une bouée de sauvetage à son coéquipier. Où Carlos l'a réconforté, avant de tout naturellement le piéger pour le redonner à son pire cauchemard. 

Alors oui, peut être qu'il pense qu'il le mérite. Juste pour cette instant où il a poussé Charles vers la sortie de sa loge, sans l'avoir soigné, juste quelques mots doux par peur des représailles. Le regret devenant pour le reste de ses jours le meilleur ami de ses pensées. 

Son regard se perd naturellement sur le sol alors qu'il monte les marches à une lenteur torturante. Il relève la tête en arrivant au niveau du garage Ferrari. Il peut juste être heureux que ce soit la trêve, deux semaines de bonheur. Un peu de courage, Carlos, bientôt tu pourra te reposer dans ton appartement luxueux, et repenser à tous les appels à l'aide de Charles que tu as divinement bien ignoré. 

Après, n'oubliez pas, il n'est pas le seul. 

- Carlos, la voix sonne grave, abimé et soufflante de reproche. 

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