Feeling Not Provided (FR)

Chapitre XXVIII - L'Homme

Je me sens une nouvelle fois totalement impuissante. Jamie ne s'arrête pas, au contraire, il accélère de plus belle.
Depuis le début, je ne suis qu'une vulgaire spectatrice et j'en ai plus qu'assez !

En quelques secondes, la colère et l'excitation créent une étrange alchimie en mon for intérieur. Une violente dose d'adrénaline me permettant de soulever toute une montagne, est venue me rendre visite dans le but de me prêter main forte.

Cette drôle de réaction chimique parcourt chaque cellule de mon corps à une vitesse folle, me permettant même de la sentir se propager dans chacune de mes veines.
Un shoot de courage me déclenche la folie d'ouvrir la portière, dans le but totalement inconscient, de me projeter hors de la voiture.
C'est complètement débile, mais c'est ce que mon esprit m'a ordonné de faire !

En voyant ma jambe flirter avec l'extérieur, Jamie appuie violemment sur la pédale de frein, tout en plaçant respectueusement sa main contre ma poitrine, dans l'objectif de m'éviter de rencontrer le tableau de bord !

- Mais putain, vous êtes dingue ?! Vous voulez nous tuer, c'est ça ?!
Je veux plutôt connaître toute la vérité ! Quelque chose cloche !

- Réponds à ma question Jamie ! Walker ne m'a pas trahi ?! Si tu ne me dis rien, je ferai tout mon possible pour que tu t'enfonces ta mission là où je pense !!
Surpris ? Oui, moi aussi, je peux être détestable !

- Mais qu'est-ce que vous racontez comme connerie ?! Bien sûr que non enfin, jamais il ne ferai une chose pareille !! M.Walker vous a tout expliqué... Alors, fermez-moi cette putain de portière ! Ils seront sur nos fesses d'une minute à l'autre !! Dit-il en essayant de maintenir la vitesse et la trajectoire de la voiture.

L'effroi et l'impatience, mêlés à un étrange sentiment de soulagement, prennent d'assaut chaque centimètre de mon visage.

Mon faciès, déformé par la nouvelle, fait comprendre à Jamie toute la singularité de la situation en une fraction de seconde. Je referme la portière avec satisfaction puis me tourne vers lui, encore tourmenté par mon envie quasi-suicidaire de sauter hors de la voiture à plus de 90 kilomètres heures.

- Rah quel dommage. Tu viens de me confirmer qu'il m'a bel et bien menti...
Jamie. Quand ces types sont arrivés, j'insistais encore et encore pour rester auprès d'Aaron, malgré le danger venu gronder à notre porte.
Puis après avoir discuté de ses ordres plus d'une fois, il s'est fermé brutalement et il est devenu quelqu'un d'autre en un claquement de doigts. Son visage, ses expressions, sa posture, sa voix et surtout ses mots... Des mots douloureux ! Comme par exemple : "Je t'ai manipulé depuis le début et je vais te tuer de mes mains si tu ne sors pas tout de suite de cette chambre !".

- Attendez ? Quoi ?! Merde. Merde !
La nouvelle l'a totalement décontenancée... Ses deux mains frottent énergiquement l'ensemble de son visage, comme s'il tentait de se réveiller d'un cauchemar.

- Après avoir entendu ces horreurs, je n'avais plus aucune raison de rester dans cette putain de maison. Donc, j'ai fui... Puis il y à toi, qui vient contredire sa révélation sans le vouloir. Il a donc menti afin de me... Protéger. Juste ?

- Putain... Que ce qu'il lui a pris...
La tristesse se noie dans son regard. Les veines de son avant-bras donnent l'impression qu'elles vont exploser, tant il serre atrocement fort le volant.

- On est bien assez loin non ? Arrête-toi je t'en prie et raconte-moi. Et après, je te suivrai, calmement...

- Putain... Bon... Si je vous raconte tout, vous me promettez de me suivre sans histoire ?

- Oui Jamie, je te suivrais calmement...
Tout dépendra de ce que tu m'annonceras !

Après quelques secondes, sa conduite s'apaise progressivement.
Deux cents mètres plus loin, la voiture s'arrête le long d'une petite allée boisée, sous de grands arbres verdoyants accompagnés de poétiques chants d'oiseaux.

Les rayons du soleil traversent les belles branches fournies, pour se poser délicatement sur mes avant bras et mes jambes nues.
En regardant dans le rétroviseur, je ne vois personne nous poursuivre. Ouf !
A vue de nez, je dirais que nous sommes à deux bons kilomètres de la maison.

Jamie détache sa ceinture, sort son Glock de la boîte à gants et pivote dans ma direction. Il garde fermement sa main sur la boîte de vitesse, tout en vérifiant à intervalles réguliers si nous ne sommes pas suivis.

- Bien. Avant votre arrivée en Italie, Aaron souhaitait... En finir. Ce qu'il a découvert durant sa mission l'a tellement accablée, qu'il ne voyait pas d'autres solutions que d'embrasser la mort.
Les images, les voix, les odeurs étaient bien trop violentes pour qu'il puisse s'en accommoder et vivre avec.
Puis, vous êtes arrivée. Et votre venue était pour lui la solution qui lui permettrait d'en finir le plus facilement possible, tout en garantissant le bien-être de sa fille.
L'objectif était simple : Vous faire repartir au US avec un avis défavorable.

- Hum. Et que se serait-il passé, si je l'avais classé inapte à un retour sur le terrain ?

- Vous auriez signé son arrêt de mort... Le gouvernement l'aurait supprimé dans le quart d'heure. Il est d'ailleurs fort probable qu'un agent était logé dans le même hôtel que le vôtre, près à le descendre dès qu'il en recevait l'ordre.
Aaron possédait des informations classées confidentielles, capables de foutre un bordel dans le monde entier. Ce qu'il savait était une arme de destruction massive pouvant fragiliser l'équilibre d'une dizaine de pays.
Aaron n'a pas supporté et il a vrillé ! Je ne vous apprends rien, vous avez tout lu dans son dossier. Bref, la NSA a prétexté un suivi psychologique exigé par la cellule de crise pour lui coller un psy 24 sur 24.
Vous étiez la meilleure option permettant d'avoir un œil sur lui. Une psychiatre était bien plus appropriée qu'une dizaine d'agents secrets... Puis il fallait qu'il soit mis en confiance lui laissant toute la liberté de se confier librement. Enfin, vous vous êtes rencontrés. Dès le début de votre rencontre, il voulait vous nuire directement, afin de vous faire fuir d'ici le plus vite possible. Mais il en fut incapable. Ce n'est pas lui !
Contre toute attente, la patience et l'investissement dont vous avez fait preuve, à réanimé quelque chose au fin fond de son cœur. Il a senti en vous quelque chose de spécial, d'humain et de sensible. Le mot "unique" revenait assez souvent quand il vous décrivait...
La confiance que vous lui avez accordée et les mots à destination de Jill, lui ont permis de remettre ses idées en place et de reprendre le contrôle de sa vie.
Sans omettre le fait que vous aussi, vous étiez en danger... Enfin bref, Grace, vous l'avez réanimé !! Et merci pour ça ! Dit-il en me souriant.

- Merci d'être aussi clair, mais lâche le morceau Jamie, tu veux bien... Qu'à t-il découvert ? Pourquoi étais-je en danger ?

Les révélations sont de sortie !! Vos impressions ?

La suite pour la semaine prochaine !! Merci pour vos lectures !! ❤️