Feeling Not Provided (FR)

Chapitre XXX - Attends moi !

— Merci d'avoir répondu à toutes mes questions... Merci beaucoup ! Je me sens bien mieux maintenant... Tout est clair !
J'exalte de légèreté...

— Hum... Étrange, mais ravis que vous le preniez ainsi ! Bref, reprenons la route, d'accord ? On a déjà perdu assez de temps ! Dit-il remettant sa ceinture.

— Hé, Jamie ?

— Oui ?

— Quel que soit le danger, ma place est là-bas... Auprès de lui. Alors ne m'en veux pas, mais mon choix est fait. Je pars le rejoindre !! Dis-je en ouvrant énergiquement la portière, pour sortir enfin de cette putain de caisse !

— Quoi ? Mais non, vous êtes dingue ?! Restez ici, vous allez mourir si vous y retourner ! Dit-il en essayant de me retenir difficilement par le poignet.

— Fuis, pars, déguerpis et rejoins ta famille !! Moi aussi, je vais retrouver la mienne ! L'homme de ma vie est vivant, je le sens et ma place est à ses côtés !

En déclarant ces mots, je sens la poigne de Jamie vaciller légèrement me permettant de sortir totalement de la voiture. Comme si une partie de lui me comprenait et souhaitait me laisser partir retrouver celui que j'aime.
Mes pieds foulent enfin le sentier ! J'entends la voix de Jamie me suppliait de faire marche arrière, mais je ne l'entends plus.
Je suis déjà loin d'ici...

Tout mon corps vibre d'excitation... Mes jambes se mettent à se lancer dans une course effrénée, allant aussi vite qu'elles le peuvent, comme si j'étais portée par une énième force divine.
Je sens sous mes pieds le sol chaud et brûlant, le vent s'engouffrer sous ma robe et l'envie quasi-primaire d'être greffé au corps de celui qui est né pour me rendre heureuse.

En me retournant, je vois Jamie faire de grands gestes tout en hurlant quelque chose d'inaudible. Désolé, mais tu appartiens déjà au passé et quant à moi, je cours vers mon présent, mon futur et ma finitude !
Je pleure de joie, de peur, d'inquiétude, mais surtout d'apaisement. Quinze minutes se sont écoulées depuis notre départ, cependant, je sens au fin fond de mes tripes qu'Aaron est encore vivant !
C'est une évidence ! L'univers nous a envoyé l'un vers l'autre !

Étrangement, mes jambes ne faiblissent pas malgré l'effort herculéen dont mon corps fait preuve pour conserver le rythme. Ce dernier est sûrement animé par mon cœur qui ne bat plus que pour lui.
Uniquement... Lui.

Les septs cents mètres qui me séparent de l'arrière de la maison me paraissent durer une éternité. Chaque foulée me renvoie à des souvenirs, des peurs, des sensations, des manques...
Après trois minutes d'effort intense, j'aperçois plus nettement la maison tout au fond de la longue allée.
Plus qu'un bon quatre cents mètre et j'y suis !! Plus vite !

À travers le bruit qu'émet ma foulée, j'entends un bruit sourd et étrange provenant de ma gauche.
Est-ce mon imagination ?! En y pensant, il est fort possible que ces hommes soient toujours ici !

Par sécurité, je ralentis ma course pour marcher au pas. Tous mes sens sont affûtés, essayant de camoufler le bruit des battements de mon cœur qui frappe violemment contre ma cage thoracique.
Toujours avec grande discrétion, je dépasse avec précaution les dizaines de pommiers qui camouflent les premiers garages et extensions de la demeure.
Le stress m'envahit, j'ai peur... Mon corps me le fait comprendre ! Il y a danger...

Je me cache derrière le tronc le plus large afin de m'accroupir et de reprendre un semblant de souffle.
À la seconde d'après je sens au fin fond de mes tripes, la présence de quelqu'un dans le chalet situé à dix mètres en face de moi.
Est-ce mon imagination ?! Non ! J'entends des pas lourds s'approcher dans ma direction !

La peur me tétanise, me laissant seulement la possibilité de me recroqueviller encore plus sur moi-même pour éviter naïvement d'être repéré. Je ferme les yeux, bouche mes oreilles, je suffoque.
Ce sont eux... Ils vont me tuer !!

Mon cœur s'accélère lorsque j'entends quelqu'un me parler... Il y a bien quelqu'un ici ! Mais je n'ose pas me reconnecter à la réalité. Puis, une seconde fois, la voix, cette fois-ci bien plus grave, s'engouffre dans mes oreilles sans m'en demander la permission.

— Grace Tillman... Quelle surprise.
Lui ?! Cette voix... Je la reconnais !

J'ose enfin lever la tête pour me confronter à l'homme qui se tient devant moi. Toute ma fougue, ma positivité et ma force viennent de s'évanouir en une fraction de seconde.

— Dean ?!
C'est bien lui ? Hum, j'ai un doute... L'homme est vêtu de noir de la tête aux pieds, accompagné d'un fusil et d'un 9 mm sur sa cuisse droite. C'est la tenue d'intervention spéciale des Etats-Unis ! Ils ont même envoyé l'armée ici ?! Putain... Aaron...

— Toi ici... Tout ce qu'on entend aux infos est donc faux ? La pauvre psychiatre américaine prise en otage par l'homme le plus dangereux du siècle ? Hum.
Je peine à le reconnaître à travers son attirail. Et le scruter ne fait qu'empirer mon état de détresse. Comment un humain peut-il porter un tel regard ?! Ses yeux sont tranchants, vifs et violents laissant apparaître le berceau même de la destruction et de la mort.

— Vous faites aussi partie de ces gens !? Je pensais que vous étiez du bon côté. Et Aaron ? Ne me dites pas que !?

— Tillman, je bosse pour la CIA. Et je te piste depuis de longues semaines, bien avant que tu ne quittes le pays. Toutefois, tu peux te détendre. Mon job se termine ici, même si on m'a exigé de tuer tout ce qui est vivant à cinq kilomètres à la ronde. Et je tombe sur... Toi ! Dingue n'est-ce-pas ?

— Depuis le début ?! Attendez... Donc quand on s'est rencontré il y a quelques semaines dans cette putain d'ambulance, vous saviez qu'Aaron était un homme bon ?!

Il regarde les alentours puis s'approche de quelques pas dans ma direction.

— Non. On nous a transmis de fausses informations. Nous aussi, nous avons été manipulés... Mais ça m'est égale. Je tuerais le monde entier pour ma famille. Je suis rentré dans le moule uniquement pour garantir la sureté de ma famille.

— Bon sang... Vous faites aussi partie de ce putain de réseau ?! Vous êtes un monstre !
Son regard vient de plonger davantage en enfer mais je ne regrette pas ma remarque !

— Rien ni personne ne fera de mal à ceux que j'aime. Tu entends ?! Alors si je dois tuer, violenter ou fermer les yeux sur des atrocités, qu'ils en soient ainsi !! Dit il en s'accroupissant tout en posant fermement sa main autour de mon cou.

— Vous allez donc me tuer aussi ? Une innocente ? Qui n'a rien demandé ?

— Je le devrais oui. Mais rassurez-vous, je ne le ferai pas. De toute façon... Dit-il en caressant ma joue.

— De toute façon quoi ? Je peux donc rejoindre Aaron ?! Il est toujours en vie ?

— Rien. Laisse tomber... Tu te diriges vers une mort certaine, tu le sais ? Mais si tu veux aller rencontrer la faucheuse plus tôt que prévu, patiente quelques minutes que le dernier convoi quitte les lieux. Bien, nos chemins se séparent ici. Heureux de vous avoir connu Tillman et bon voyage.
Bon voyage ? Et pourquoi me laisse-t-il en vie ? Cela n'a pas de sens...

La suite arrive la semaine prochaine !! 🔥❤️