Je me presse de descendre au rez-de-chaussée, tout en observant le marbre sous mes talons ainsi que les fresques murales qui tapissent les murs du large escalier.
Arrivée à destination, je remarque un homme patientant à l'accueil. Avec le temps, j'ai appris à repérer les agents spéciaux, tant ils ont tous une démarche assurée et une manière assez typique de converser. J'observe aussi ses vêtements parfaitement repasser et de belles chaussures cirées, rendant l'homme tiré à quatre épingles.
Wah, il a un gabarit impressionnant ! C'est bien lui, pas de doute...Après avoir échangé avec le maître d'hôtel, l'homme prend la direction du bureau, quand j'arrive enfin à sa portée après avoir péniblement accéléré ma foulée.
— Bonjour M.Walker, je suis Grace Tillman, votre psychiatre, enchantée. Dis-je, en lui présentant la main pour le saluer cordialement.
— Ah... Bonjour docteur.
Il me restitue ma poignée de main avec vigueur et caractère, après quelques secondes d'hésitation, accompagnée d'une voix pointue et désagréable.
— Je suis désolé pour le léger retard. Ce lieu ne nous laisse pas le temps de jeter un œil à sa montre. Je vous en prie, entrez et mettez-vous à l'aise le temps que je m'installe.
Mon mea-culpa et ma voix bienveillante, ne changent pas d'un iota l'ambiance de plomb qu'il a instauré dans la pièce. La décoration aérée du bureau accentue le vide et l'espace qui s'est rapidement créé entre nous.
Son mutisme toujours en vigueur, m'incite à saisir à nouveau le contrôle de l'échange, dans le but d'apaiser l'atmosphère.— Comme M.Quill vous l'a indiqué, je suis votre psychiatre pour les prochaines semaines. Notre objectif commun est que vous retrouviez au plus vite le terrain. Je vous fais la promesse de tout mettre en œuvre pour réduire le délai au plus court. Rassurez-vous, j'ai déjà suivi un bon nombre de vos collègues depuis quelques années, et ils ont tous pu reprendre leurs postes assez brièvement.
J'essaie de le rassurer un maximum, pour espérer apercevoir un visage un peu plus accueillant, mais sans succès. Il ne m'accorde aucune attention ni même un regard furtif, néanmoins, je sais qu'il prête l'oreille attentivement. Sans surprise, mes espoirs sont fouettés par les premières notes désagréables de sa voix hautaine.
— Je n'ai rien à confier et encore moins à une psychiatre. Clôturez votre rapport, indiquant que je suis colérique et violent me rendant inapte à retourner sur le terrain. Qu'on en finisse une bonne fois pour toutes !
Quelle animosité.Je soupire intérieurement tant, je déteste ce genre d'homme, prônant fièrement leurs profils colérique et violent.
— M.Walker, je ne suis pas ici pour vous juger et encore moins dans l'objectif de vous faire perdre votre emploi. J'ai en ma possession, peu de détails sur votre histoire, et je ne porte jamais de jugement sur ce qu'on me rapporte. C'est pour cela que j'aimerais vivement en apprendre davantage. Souhaitez-vous me faire découvrir votre histoire ?
J'essaie de le rassurer pour qu'il puisse s'ouvrir avec plus d'aisance, néanmoins aucune micro-expression vivante sur son visage, m'indique que je suis sur la bonne voie. Ses bras croisés restent fermement greffés sur sa poitrine et son regard est perdu au loin, à travers la vitre, lorgnant sur une liberté inaccessible.
— Vous perdez votre temps. N'essayez pas de sympathiser avec moi ou de feindre un quelconque intérêt pour ma personne. Je connais les gens comme vous...
Hum, très agréable, à peine dix heures dix et déjà une balle qui érafle ma carapace.— Les gens comme moi ? Soyez plus explicite M.Walker. Mais avant de répondre à ma question, sachez que j'ai parcouru plus de sept mille kilomètres dans l'unique intention de vous aider. Je porte un réel intérêt au bien-être de mes patients et vous en faites partie, quels que soient vos actes.
Zen Grace, respire...Ma voix est légèrement tremblante après avoir entendu sa réponse, qui m'a futilement décontenancée. Il n'a pas tort non plus. Je suis ici parce qu'on m'a missionnée pour ce dossier et je n'ai pas pris l'avion de mon plein gré pour aider "Aaron Walker".
Je pense avoir saisi le sous-entendu...Durant cette introspection, l'agent détend ses bras pour laisser tomber sa main gauche sur la table. Ses larges doigts montrent les vestiges d'une alliance sur son annulaire, ainsi que des tremblements, indiquant son état émotionnel défaillant qu'il essaie de camoufler avec subtilité.
— Je souhaite échanger avec quelqu'un qui est là uniquement pour ma personne. Pas pour l'agent spécial. Vous êtes ici parce que c'est votre job !
J'avais vu juste. La communication est délicate, mais je le lis plutôt bien.— Bien entendu M.Walker, j'ai bien compris votre besoin. Néanmoins, votre situation ne vous permet pas de communiquer avec vos proches. C'est injuste, mais c'est le protocole à la NSA. Soyons honnête, vu les faits qui vous sont reprochés, la situation aurait pu être bien catastrophique... La seule personne avec qui vous pouvez discuter aujourd'hui, c'est moi.
Difficile de soutenir quelqu'un qui ne veut pas de votre aide.Sa poitrine se lève, et le son qu'émet son inspiration peut s'entendre sur quelques kilomètres à la ronde.
Ouch, prépare toi Grace, ça risque d'être animé !— Je suis le genre de personne à voir le verre à moitié vide ! Si je comprends bien, c'est une femme qui ne connaît ni mon histoire, ni le bordel dans laquelle elle s'est embourbée, qui as le pouvoir de décider si je peux contacter ma fille ?
Il a prescrit avec ses deux poings, un séjour à l'hôpital à deux de ses coéquipiers. Il s'attendait à quoi ? Il devrait être en prison à l'heure qu'il est !Après sa plaidoirie, j'ai enfin la chance de croiser ces yeux froid, marquant un regard empli d'animosité. Ses longs cils ont la lourde tâche d'adoucir la haine qui se lit sur ses pupilles.
— Une seconde fois, je comprends votre point de vue qui est tout à fait légitime. Mais vous en conviendrez, que je suis aussi, tributaire des décisions imposées par votre direction... M.Walker, je serais toujours honnête avec vous, et je préfère vous l'annoncer sans attendre. La seule solution qui vous fera avancer, c'est de vous ouvrir à moi.
Je lui livre un sourire en guise de compréhension, tout en avançant mes épaules vers l'avant, lui montrant que je souhaite rétablir à nouveau un rapprochement, malgré son aversion.
L'homme s'avance lui aussi dans ma direction dans un mimétisme certain, puis s'amerrit à quelques centimètres de mon visage.
— Vous allez me sauver, c'est ça ? Dit-il en plongeant ses yeux allègrement dans les miens. Cette même grande femme rousse, d'une cinquantaine de kilos aux yeux verts, s'habillant en Dior de la tête aux pieds ? Qui doit avoir hâte d'expédier sa séance pour aller se balader dans les beaux quartiers de Rifredi ? Et entre deux sacs Prada, elle prendra la décision si un père peut téléphoner quelques minutes à sa fille ?!
Woh, cette hargne ! En plus d'être violent, il est condescendant... Il a vraiment tout pour plaire !Que pensez vous de la première rencontre avec Aaron Walker ? Détestable non ? 😑
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Feeling Not Provided (FR)
RomanceÉcrit pour le concours Fyctia, sur le thème de la "New Romance." Pour public avertis (Contient des scènes sexuelles). Grace est célibataire. Sa particularité est très rare et n'est pas adaptée pour une relation amoureuse : asexuelle* et victime d'an...