Chapitre XIII - Et Jill ?

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- Grace, regardez-moi... Je vous en fais la promesse, tout va bien se passer !

Avachie sur moi-même, mes épaules ballantes glissant presque jusqu'à mes genoux, Aaron glisse ses mains sous mes aisselles, pour greffer d'une facilité déconcertante, mon dos sur le dossier du fauteuil.
Je sens le doux velours chatouiller ma colonne vertébrale à travers ma fine robe.

Il ôte sa veste de costume pour la jeter cavalièrement sur son siège, pose ses deux genoux à quelques centimètres de mes escarpins Louboutin, puis recueille avec précaution sa main gauche dans la mienne et pose avec douceur ma main droite sur sa poitrine.

- Vous allez plonger vos yeux dans les miens et calquer votre respiration sur la mienne, entendu ? Inspirez... Expirez... Encore Grace...

J'exécute l'exercice cachant son efficacité...
Feindre encore quelques minutes supplémentaires mes symptômes, afin de prolonger ce moment est une mauvaise chose ?
Je ne me prononcerai pas là-dessus.

Toutefois, ma résilience m'effraie quelque peu. Je suis en danger, mais la présence d'Aaron étreint avec vigueur cette peur, qui a toute sa légitimité d'exister !

- Ça va mieux... Je vous remercie ! Aaron...

L'expression de son visage reprend une forme naturelle, montrant une pointe de sérénité.

- Grace, vous devez avoir des tonnes de questions à me poser. Je vous dois des réponses, alors je vous en prie...

Je n'ai pas la politesse d'attendre qu'il conclus sa phrase pour sauter sur l'occasion, tant j'ai des milliers de questions très importantes à lui poser sur la suite des événements.
Néanmoins, mon cerveau n'a plus la moindre idée de la signification du mot "priorité" !

- Pourquoi avoir été si détestable lors de notre première rencontre ?
Eh voilà !

Il largue tristement ses yeux jusqu'à mes pieds, pour afficher une moue de dédain. Je sens que la question lui serre le cœur, mais j'ai bien l'impression qu'il est prêt à tout me dire.

- J'ai honte... Mais par moments, j'ai envie d'abandonner ! Que tout cela se termine une bonne fois pour toutes... Vous comprenez ? Mon existence est un problème, et je ne supporte plus de l'être.

Avant votre arrivée, j'avais conscience que vous étiez leur dernier recours, et si vous aussi vous baissiez les bras, alors mon sort serait enfin scellé.

- Aaron... Je suis désolé...

Il mime la négation avec sa main puis la pose délicatement sur son cœur.

- Durant notre entrevue, j'ai oscillé entre la raison et la folie. J'ai tenté de vous rejeter, de me faire détester, et ne surtout pas m'ouvrir à vous !

La révulsion me semblait être mon meilleur allié et l'outil idéal pour déclencher ma chute inéluctable.
Je comptais enfoncer le clou quand on s'est à nouveau rencontré en début d'après-midi sur la terrasse...

Cependant, votre profonde gentillesse, votre bienveillance et vos confessions ont oblitéré l'envie de vous rejeter. La simple pensée de vous blesser à nouveau, me sanglait la gorge et le cœur. Se mélangeait avec ses sentiments, l'envie de vous éloigner le plus loin possible de moi et du danger qui est greffé à mon ombre.
Ses mots, sa voix, ses gestes puis sa main, toujours tendrement posée sur son cœur, m'enveloppent d'un nuage émotionnel doux et chaleureux.
Cet homme a la capacité de me surprendre à chaque seconde passée à ses côtés.

J'ai envie de glisser mes bras autour de lui, ôtant de mon affection tous ces tourments qui gisent en lui, mais l'incompréhension de ce sentiment nouveau hurle dans mon corps me tétanise.
Le combat de cette dualité crée une sensation de plus en plus enivrante, comme un drogué aspirant de plus en plus de ligne blanche sur une table basse.

- Merci pour votre confession Aaron... Au fond de moi, j'en étais convaincue. Mais j'avais besoin que vous me le confirmiez, afin de noyer cet infime doute qui ruinait mes pensées.
M.Walker... Quant est-il de votre fille dans cette histoire ?
Ça risque de le réveiller bien comme il faut, mais c'est un mal nécessaire !

Il se lève lentement tout en gardant ses yeux fermés, sûrement empli de honte, pour enfin s'asseoir à nouveau sur son siège, situé à ma gauche.
Ses yeux, toujours plongés dans le noir, n'empêchent pas ce léger tremblement de sa lèvre inférieure de prendre la lumière.

- Ma petite Jill... Dit-il les yeux brillants regardant au loin.

Elle serait bien plus heureuse en sachant son père "décédé" sur le terrain, plutôt que de voir mon nom ainsi que mon visage traînés dans la boue au journal télévisé de CNN...
Ma main se serre et mon ventre se noue tant ces mots sont inaudibles pour moi. Quelque chose qui brûle dans mon estomac, remonte à une vitesse ahurissante à travers mon système digestif pour expulser de ma gorge.

- Aaron, ta place est près d'elle !! Jill a besoin de son père, et bien vivant... Ne répète plus jamais ça !

Son visage d'homme viril et impassible laisse place à celui d'un enfant, retrouvant sa maman, à la sortie de son premier jour d'école. Toutes ces barrières viennent de sauter durant quelques secondes, laissant toutes ces émotions de père, prendre les commandes de ses expressions faciales.
Sans omettre, cette douce et triste larme, coulant lentement sur sa joue me touchant avec impétuosité.
J'ai tellement envie de le serrer fort dans mes bras pour lui absorber sa peine. Mon cœur en est largement capable.

- Grace Tillman, vous...
Oui, oui, oui ?!

- Oui Aaron ?

- Euh, non, je... Oui ! Je souhaitais simplement te dire que je n'ai pas pu me résoudre à te laisser seule à l'hôtel. J'étais inquiet pour toi et je savais pertinemment que tu allais me chercher quel que soit le risque. Je ne comprends pas pourquoi, mais j'ai fait demi-tour sans réfléchir !

Et maintenant, voilà que tu penses à ma fille... Merci Grace, merci de tout mon cœur.
Ce n'est pas ce que tu allais dire... N'est-ce-pas ?

- Je te dois beaucoup aussi, tu sais. Cela fait à peine quelques heures que nous nous connaissons, mais j'ai l'impression de te connaître depuis des années. Merci de prendre soin de moi... Mais, que fait-on maintenant ?
Je ferais tout ce que tu me demanderas, Aaron...

Walker souhaitais vraiment dire ça à Grace ? Ou... ? Que cache t-il ?! 🤔

Feeling Not Provided (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant