Feeling Not Provided (FR)

Chapitre VI - Vierge Chimère

- Oui, bonjour ?

- Ah, Mme.Tilman, bonjour ! C'est Maxwell Quill, sous directeur de la NSA. Vous vous souvenez de moi ?

- Oui M.Quill, bien entendue, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois dans vos locaux ! Je suis étonné que vous me contactiez en personne. Que puis-je faire pour vous ?

- Parfait. Je viens aux nouvelles concernant l'agent Walker. Comment cela se déroule ?

- Hum ? Le superviseur du dossier est M.Jamison. Quelque chose ne va pas ?

- Tout va bien, soyez rassuré. Je tenais simplement à prendre des nouvelles en personne.

- Bien M.Quill... J'ai rencontré votre agent, ce matin à dix heures pour un premier contact. Nous reprenons notre suivi dès cette après-midi. Il est entre de bonnes mains, vous pouvez être serein...

-Très bien, très bien. Que vous a-t-il dit ? Les choses avancent comment ?
Je viens à peine de le rencontrer.
Il s'attend à quoi exactement ?

- Me voilà décontenancée... Vous connaissez plutôt bien le secret professionnel. Je ne peux rien divulguer de nos échanges, même au sous-directeur de la NSA.
Pourquoi est-il si impatient ?!

- Je vois. Vous savez... Beaucoup de choses reposent sur vous Mme.Tillman. Faites vraiment tout ce qui est en votre pouvoir, afin que l'agent reprenne son poste le plus rapidement possible.

- Oui bien entendu. Mais puis-je savoir pourquoi il y a urgence ? Ce n'est pas la première fois que je suis assignée à suivre des agents spéciaux et la direction m'a toujours laissé le temps nécessaire pour apporter un traitement de qualité à mes patients.

- Je ne peux pas vous en dire davantage.
S'il a le culot de me répliquer "secret professionnel", je ne réponds plus de rien.
M.Walker est sur une opération assez complexe et les dissonances internes qui ont eu lieu doivent être rapidement dissipées pour le succès de l'opération. Lui avez-vous bien signifié les risques encourus s'il prenait la décision de ne repartir sur le terrain ?
Cette histoire n'est pas claire...

- Oui, il a connaissance de la peine encourue. Mais je garderai à lui transmettre votre rappel, qui aura seule vocation à le perturber plus que de raison. M.Quill, je reviendrais vers vous quand j'aurais du nouveau, en attendant, je vais devoir prendre congé, M.Walker m'attend patiemment.

- Merci. Je compte sur vous Mme.Tillman...
Allez, inspire Grace...

Je prends le soin de vérifier plusieurs fois que l'appel est bien terminé, par mégarde de laisser échapper des commentaires préjudiciables à voix haute. En parlant de ça, j'ai rendez-vous avec lui dans quinze minutes.
Cette fois-ci, pas de retard !

J'attends patiemment l'arrivée de M.Walker, assise sur une très belle table en osier située près de la piscine. L'odeur des fleurs fraîches prenant le soleil, baignant joyeusement dans leurs vases, éteint toute nostalgie du vacarme de Washington.

Le parasol est parfaitement installé, laissant seulement mes jambes disposer d'un bain de soleil. Mon chapeau crème, qui flirte avec mes cheveux dansant au gré de la brise, m'apaise formidablement, même si j'appréhende la séance.
Les mots de M.Walker et l'appel de Quill m'inquiètent.

Cependant, le décor magnifique et l'effulgence du soleil se reflétant sur l'eau de la piscine, rend l'endroit paradisiaque. Je prends plaisir à observer le couple qui se chamaille sur les transats plus loin. Admirer leur bonheur et nourrir ma convoitise de leur douce béatitude, m'emplit d'une certaine satisfaction.
J'ai lu beaucoup de choses à ce sujet. C'est fascinant...

Deux êtres inconnus jusqu'alors, se rencontrent un jour au détour d'une rue ou dans un café et prennent le temps de se connaître et de s'apprécier mutuellement. Peu de temps après cette découverte sulfureuse, ils ont certainement passé des heures pour se quereller tant la frustration de l'incompréhension chez l'être aimé est difficile à supporter. Nais de toute cette difficulté, un amour sincère créant un lien solide, presque indéfectible.

Cette connexion est devenue si forte, que même la distance, le temps où les rencontres ne peuvent la faire vaciller. Jadis, cette personne, qui n'était qu'une inconnue, devient notre monde, devient notre "Je". Quelque chose se crée, bouleversant notre vie arrivant même à oublier notre propre existence.

L'amour qu'on porte en elle est si puissant, qu'elle devient une partie intégrante de nous. Nos entrailles sont bousculées et la forme de notre cœur se voit modifié, dans l'unique but de s'emboîter parfaitement avec celui de notre âme sœur.
Ces sentiments rendent chaque contact physique, une explosion de bien-être et d'euphorie. Un subtil et savant mélange de réaction chimique et de jouissance émotionnelle.

Une odeur qui était banale auparavant, acquiert la capacité de nous injecter une transfusion d'endorphines dans tout notre corps. Tandis que quelques mots rassurant de notre partenaire, peuvent panser une plaie béante du passé, quand une simple caresse sur la joue, possède cette force à nous bouleverser jusqu'à nous faire trembler d'excitation.

L'autre acquiert ce pouvoir de nous émoustiller à un point où ces défauts n'en deviennent plus. La normalité laisse place à l'exceptionnelle...
J'aurais tellement aimé ressentir un dixième de toutes ces sublimes et charmantes sensations.

Les rires des enfants qui dessinent avec minutie sur la table voisine, m'extirpent de mes pensées afin d'être tout juste revenus à temps sur terre, pour remarquer l'arrivée M.Walker à travers le patio.
Adieu pensée idyllique et bonjour l'affreux !

Walker s'approche de moi avec une démarche hésitante évitant avec crainte, de croiser mon regard.
Il a honte ?

Il se poste face à moi cachant le soleil et la magnifique vue, puis s'annonce.

- Mme.Tillman, veuillez m'excuser, je suis désolé pour le léger retard.

Sans attendre une réponse de ma part, il tire la chaise en osier pour s'installer à ma droite. Beau choix stratégique pour se dispenser de se coltiner les enfants dans son champ de vision. J'ai bien saisi que c'est son talon d'Achille, malheureusement, son ouïe ne sera pas épargnée.

- Je vous en prie. M.Walker. Passage de pommade dans trois, deux, un... Nous avons mal débuté notre entretien ce matin et j'insiste sur le fait que j'incorpore votre point de vue, tant la situation dans laquelle vous baignez est délicate. Sachez tout de même, que je suis là pour vous et je vous présente mes excuses, si toutefois, j'ai pu vous heurter.
Je n'ai pas vraiment l'habitude de procéder ainsi, mais il me semble judicieux qu'on ait confiance l'un en l'autre, afin que l'on puisse travailler ensemble. N'est ce pas ?

J'observe son visage pour essayer de déchiffrer ses pensées, qui ont l'air de foutre un sacré bordel là-haut. Mais aucune réaction de sa part. Walker prend délicatement la carafe d'eau transpirante, pour se servir un verre et l'avaler jusqu'à là dernière goutte.

Avez vous déjà vécu ce que décrit Grace ? Est-ce une utopie ou une réalité ?
Dites nous tout en commentaire ! ❤️