Feeling Not Provided (FR)

Chapitre XVIIII - En cavale

- Et vous êtes ?

Sans même poser un regard vers Aaron, l'homme fixe l'infirmière durant quelques secondes avec insistance, ne laissant échapper le moindre mot. Le visage de la bonne femme se ferme laissant apparaître une pointe de peur légèrement perceptible, pour chercher désespérément la fuite en repartant promptement à l'intérieur des urgences.

- Son conjoint, ajoute sèchement Aaron. Nous étions ensemble au théâtre a ou eu lieu l'incendie. Malheureusement, nous avons été séparés juste avant le départ de l'ambulance. La police avait des questions à me poser m'empêchant de l'accompagner jusqu'ici. Enfin bref, peut-on entrer au plus vite ?
Son conjoint... Je sens mes joues rougir.

- Hum. Vous m'en voyez désolé monsieur, mais l'hôpital est surchargé avec cet incident. De ce fait, le protocole nous oblige à ne plus laisser entrer de visiteur pendant les prochains vingt-quatre heures ! Il faudra patienter à l'extérieur, mais je vous donnerais des nouvelles quand madame sera prise en charge. Soyez rassuré... Allez, on y va !

Tournant le dos à Aaron signifiant que la conversation est terminée, l'infirmier empoigne la chaise roulante pour me pousser sans aucune délicatesse et d'un pas pressé vers l'entrée des urgences.

Je bascule la tête avec discrétion vers Aaron pour confirmer ou avorter mon intuition, qui est venue se loger dans mon esprit : ce mec n'est pas net !

J'arrive à capter son regard malgré la vitesse à laquelle la chaise me déplace brusquement le long de l'allée. Durant mon escale visuelle, je m'octroie un arrêt sur le cou musclé de mon prince charmant.
Sa pomme d'Adam me fait frissonner...
Rah, concentre toi ! L'amour me rend débile, c'est dingue !

Après m'être évadée furtivement sur la belle peau de son cou, mon inquiétude est confirmée par mon sauveur lui-même.
Il est louche ce type hein ? Yep, on est d'accord Chéri !

- Arrêtez-vous ! S'il ne peut pas m'accompagner alors je ne souhaite pas bénéficier de soin. Je préfère partir et rentrer à la maison...
Je suis à peine convaincue de mon acting !

L'homme s'arrête brusquement sans dire un mot ni même déposer un coup d'œil dans ma direction. Il prend une grande inspiration puis s'abaisse près de moi, pour se poster à ma hauteur. Ce type est louche, je ne le sens pas !

- Mais enfin, madame. Vous en aurez pour une petite heure, tout au plus... Je ne peux pas vous laisser partir comme ça vous savez... Me dit-il avec un air sympathique.

Je réussis à trouver un peu d'énergie pour m'extirper du fauteuil roulant, et me tenir difficilement mais fièrement sur mes deux jambes.
Je plaque mes cheveux dégoulinant vers l'arrière qui se baladent à travers mon visage, pour éponger avec satisfaction mon front perlé de sueurs froides.

À peine le temps d'être fière de l'effort physique qu'il m'a fallu pour m'extirper du fauteuil grinçant, que je sens une forte pression naître autour de mon poignet.
Que ce que c'est ?!

La main tatouée de l'infirmier agrippe mon avant-bras bras avec vigueur !! Je tire, mais rien n'y fais, je ne peux pas m'en dégager !
Je lève la tête dans sa direction et je comprends vite ce qu'il est en train de se dérouler devant mes yeux...
Merde, son visage a changé !

Ses yeux sombres me laissent entrevoir une impatience et une colère non maîtrisée.
Le flot de pensées qui noie vélocement toute cohérence en moi, s'amplifie pour arriver rapidement à saturation. C'est comme si le temps lui-même avait pris lui aussi congés pour observer la scène à mes côtés.

Il doit être lui aussi, surpris d'apercevoir traverser l'énorme bras musclé d'Aaron, se loger brutalement en plein milieu du visage de mon agresseur !
Le bruit sec et violent fait raisonner chaque partie de mon corps, m'obligeant à larguer à nouveau mes fesses sur le fauteuil.
Deux salles, deux ambiances...

Le visage de mon sauveur est impassible, froid et maîtrisé. Comme si pour lui, détruire le crâne de cet homme était habituel. Tout au fond de moi, cette pure violence me rend toute chose, mais je n'ose pas me l'avouer. Pourtant, j'ai toujours détestée la brutalité...
Est ce l'effet Walker ?

Le corps raide de l'infirmier se propulse à facilement quatre mètres plus loin, pour se briser vulgairement sur le sol encore chaud. Son corps ne bouge plus d'un pouce... Si j'avais des doutes sur ses intentions, ce n'était pas vraiment le cas d'Aaron !
Ce sale type doit faire partie des gens qui veulent la peau de mon "agent préféré".
Mais pourquoi me faire du mal ? Le faire chanter ?

La voix lointaine d'Aaron arrive finalement jusqu'à moi, malgré mes yeux toujours fixés sur mon agresseur.

- Il faut partir d'ici et rapidement ! On ne peut plus se permettre de prendre le moindre risque, tout va beaucoup trop vite !!

- Qui était cet homme ?! Et que me voulait-il ?!

- Je ne sais pas, mais ce qui est sur, c'est qu'il était là pour toi. Il faut que je te mette à l'abri !

Aaron me porte pour la seconde fois et c'est toujours aussi délectable... Malgré la situation, mon cœur prends souvent l'ascendant sur la raison. Ce que je vis est nouveau est si salvateur mais aussi risqué...
Je ne me reconnais presque plus !

Étrangement, seul le bruit de sa marche nous accompagne en direction du parking. Je n'ai pas l'énergie ou plutôt la motivation de briser ce silence, qui laisse tout mon imaginaire, prendre possession de ma psyché mais surtout de mon cœur.
Aaron bascule mon corps sur son bras gauche d'une facilité déconcertante, afin d'ouvrir la porte de sa voiture et de m'y déposer avec délicatesse. Il s'assure que je suis bien installé à bord avec un baiser sur la joue et une caresse sur la main.
Toutefois, il a l'air vraiment préoccupé... Ses yeux fuient les miens et sa tempe pulse aussi vite que ce que le corps humain puisse le supporter.

- Nous avons une petite heure de route. Repose-toi un peu d'accord ? Je vais te trouver un toubib, ne t'en fais pas. Me dit-il en posant sa main sur mon genou.

Voilà le dernier souvenir que j'ai de notre fuite... La fatigue me fait prendre congé, pour finalement m'endormir au premier virage sentant sa main chaude sur ma jambe.

Ou se rendent le couple ? Qui était l'agresseur ? ☹️🤯