Royana 1 : Une Guerre sans merci

Chapitre 26 : Vie et Mort

      Bastien déposa une couronne de fleurs sur la tombe de son père. Le ciel était découvert, on pouvait apercevoir le soleil qui brillait de milles feux et qui projetait une douce chaleur. Six mois s'étaient écoulés depuis la fin de la guerre. L'adolescent se mit à genoux devant la sépulture, ferma les yeux et joignit les mains, comme pour prier. Il entendit des pas derrière lui qui approchaient. Le garçon ouvrit les yeux et vit Angélique se mettre à genoux à côté de lui et déposer à son tour une couronne de fleur sur la tombe. Elle ferma aussi les yeux et joignit ses mains. Après une minute, les deux adolescents se relevèrent et se regardèrent. Bastien dit alors :
- Tu sais, tu n'es pas obligée de venir te recueillir chaque semaine sur la tombe de mon père.
- Oui, je sais, répondit Angélique. Mais je pense qu'en tant que reine et, surtout qu'en tant qu'amie, je dois le faire, pour te soutenir moralement, ajouta-t-elle en souriant.
      Son sourire était doux et chaleureux. Les deux adolescents se regardèrent intensivement, puis, soudain, Bastien détourna les yeux, le visage devenant entièrement rouge.
- Je te remercie, dit le garçon en regardant de nouveau la jeune fille. Tu... Tu sais, tu es... Tu es pour moi comme ma lumière, mon soleil et...
- Bastien, le coupa Angélique, moi aussi... moi aussi, je t'aime.
      Les deux adolescents se regardèrent et se prirent les mains. Leurs visages s'approchèrent l'un de l'autre. Leurs lèvres allaient se toucher quand il y eu soudain un bruissement d'ailes. Une chouette se posa sur la tombe. Les deux adolescents se séparèrent immédiatement. Angélique regarda l'animal et s'écria soudain :
- Mais c'est la chouette qui appartient à ma mère ! Elle l'utilise pour communiquer à longue distance !
      Le jeune fille remarqua alors qu'un bout de parchemin était attaché à la patte de l'oiseau. Angélique s'approcha et détacha le message. La chouette prit son envol et disparut au loin. L'adolescente ouvrit le message et le lut rapidement. Elle écarquilla soudainement les yeux et mit une main devant sa bouche, surprise.
- Qu'est ce qu'il y a ? demanda Bastien, inquiet.
- C'est ma mère ! s'exclama Angélique en mettant le bout de parchemin an boule dans une poche de sa veste. Elle va accoucher ! Il faut y aller tout de suite.
      Bastien écarquilla les yeux à son tour. L'adolescente ne lui laissa pas le temps de s'en remettre. Elle partit en courant, le plus vite possible, en direction du royaume des diamants où l'hôpital, où sa mère accouchait, se trouvait. Le garçon l'a suivit au pas de course.

      Angélique était assise dans la salle d'attente de la maternité du royaume des diamants. Bastien était debout à sa gauche. Ils attendaient tous deux des nouvelles d'Annillianna. Un médecin arriva à la porte de la pièce. Angélique se précipita sur lui.
- Ma mère va bien ? Les bébés sont nés ?
      Le docteur la regarda, surpris. Il répondit ensuite :
- Vous êtes là fille d'Annillianna, c'est bien cela ?
      L'adolescente acquiesça.
- Vos petits frères sont nés et sont en très bonne santé. Nous les avons placé avec les autres nouveaux-nés, dans une salle spéciale. Malheureusement, il y a eu quelques complications lors de l'accouchement et votre mère est encore en salle d'opération en ce moment.
      Angélique recula, inquiète et demanda :
- Je peux voir ma mère ?
- Non, elle est au bloc opératoire, répondit le médecin. Mais peut-être voudriez-vous voir vos petits frères ?
      Bastien s'avança et prit la main d'Angélique. Celle-ci le regarda, puis, accepta de suivre le docteur, Bastien sur ses talons.
      Le groupe s'arrêta devant une gigantesque vitre. Le médecin dit alors :
- Vos frères sont justes derrière cette vitre, en face de vous. Je ne peux pas vous faire entrer dans la salle, malheureusement. Le bébé aux mèches rouges s'appelle Karua et celui aux mèches blanches se nomme Artas, ajouta le docteur. Je reviendrais vous dire des nouvelles de votre mère quand j'en saurais plus.
      Le médecin partit, laissant Bastien et Angélique contempler les deux bébés. L'adolescente repensa aux prénoms de ses frères. Artas et Karua, ces prénoms ne lui étaient pas inconnus, mais il était impossible pour la jeune fille de se rappeler l'endroit où elle les avait entendus, ou le livre où elle les avait lus.
      Une demi-heure plus tard, le médecin revint. Angélique avait posé ses mains sur la vitre. Le docteur n'attendit pas d'avoir son attention.
- Votre Altesse, nous avons fait tout ce que nous pouvions. Je suis désolé... mais votre mère est... morte.
      Le visage de Bastien se décomposa. Le médecin partit sans dire un mot de plus. Le garçon regarda alors Angélique, inquiet. La jeune fille n'avait pas bougé. Il remarqua soudain que des larmes tombaient sur le sol. L'adolescente enleva ses mains de la vitre et se mit dos à celle-ci. Lentement, elle s'assit contre le mur, des larmes coulant le long de ses joues. Bastien s'assit a côté d'elle et l'entoura de ses bras. Angélique laissa alors ses émotions surgirent. Elle se recroquevilla dans les bras de son ami tout en pleurant toutes les larmes de son corps.