Chapitre 3 : Elles eurent un premier échange

29 7 0
                                    

Point de vue de Yoohyeon :

Le silence autour de la table du petit-déjeuner me pèse, plus que d'habitude. Je suis assise à côté de ma mère et de mon frère, mon père au bout de la table, comme toujours. De l'autre côté, la princesse Minji est entourée de son frère et de sa belle-mère, et son père se trouve en face du mien. Tout le monde mangent en silence, un silence lourd et oppressant. Je n'ai jamais aimé ces moments, ces repas où il faut être parfait, où chaque mot est mesuré, où chaque regard est furtif, je ne me sens jamais à ma place. Et ce matin, c'est pire encore. Je me sens encore plus mal à l'aise surtout après ce qui s'est passé la veille.

Je n'ose pas lever les yeux, surtout pas vers Minji. Le souvenir de la façon dont elle m'avait surprise à jouer du piano la veille me brûle encore. J'ai réagi comme une enfant, rougissant et fuyant son regard. Rien que d'y repenser, la honte me submerge. Comment je peux la regarder dans les yeux maintenant ? Je pousse discrètement un soupir, essayant de me concentrer sur ma nourriture, mais tout me semble fade. Le silence devint presque insupportable, je sens mon coeur s'accélérer sans que je ne comprenne pourquoi, et je souhaite qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi, pour briser cette tension. Mais, comme d'habitude, je me contente de rester là, à ma place, en silence, sans savoir où poser mes yeux, ni quoi faire de mes pensées.

En plus de ce silence pesant, une autre chose me tourmente, les rêves étranges que j'ai faits cette nuit. Ils étaient tous liés à la princesse Minji, ainsi qu'à mes amies Han Dong, Gahyun, Yubin, et aux deux cousines de Minji, Bora et Siyeon. Ces rêves étaient si vifs, si réels, qu'ils ont laissé une impression tenace en moi. Dans le premier rêve, nous étions toutes dans une sorte de maison hantée, une atmosphère lourde et oppressante régnait, semblable à celle qui pèse sur la table ce matin. Un homme nous poursuivait sans relâche, et pourtant, d'une manière inexplicable, nous avons commencé à danser. C'était étrange, presque surréaliste, comme si la danse était notre seul moyen de lui échapper.

Dans le second rêve, tout semblait encore plus intense. Nous étions encore dans cette maison sombre, poursuivies par le même homme. Mais cette fois, nous avons réussi à le piéger dans un miroir. C'était comme si nous savions exactement quoi faire, comme si nous étions des sorcières dotées de pouvoirs mystérieux. En repensant à ces rêves, une inquiétude sourde monte en moi. Mon père déteste tout ce qui touche à la sorcellerie, et même penser à de telles choses pourrait m'attirer des ennuis. Je secouai légèrement la tête, tentant de chasser ces pensées. Il vaut mieux ne plus y penser du tout. Pourtant, une question me tourmente, pourquoi Minji apparait-elle dans ces rêves, toujours à mes côtés ? C'est perturbant, mais je me forçe à repousser ces réflexions au fond de mon esprit, concentrant mon attention sur le petit-déjeuner toujours devant moi.

Je sortis brusquement de mes pensées en entendant la voix de mon père résonner dans la grande salle. Il parlait de chasse, évoquant son désir d'y aller avec Jun-su. Je sentis mon frère se redresser légèrement à côté de moi, toujours prêt à satisfaire notre père. Le père de Minji, qui semblait tout aussi enthousiaste à l'idée, accepta l'invitation avec un sourire.

- Minji viendra aussi, déclara-t-il fièrement.

Avant que Minji n'ait le temps de répondre, je vis mon frère tourner la tête vers elle, visiblement surpris.

- Minji chasse ? demanda-t-il, son étonnement palpable.

Je sais que Jun-su admire les compétences martiales, mais il ne s'attendait sûrement pas à ce qu'une princesse soit aussi une chasseuse. Moi aussi je suis surprise d'ailleurs. Le père de Minji éclata de rire, presque avec un certain orgueil.

- Ma fille est la meilleure chasseuse de toute la Corée du Nord, dit-il avec une fierté non dissimulée.

Minji, quant à elle, restait impassible, comme si elle était habituée à recevoir ce genre de compliments. Rien dans son attitude ne montrait de gêne ou de modestie. Elle savait qui elle était, et cela se voyait. Nos regards se croisèrent, et je ressentis une chaleur immédiate monter à mes joues. Je détournai précipitamment les yeux, espérant que personne ne remarque ma réaction.

Déjà VuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant