Quatre jours se sont écoulés depuis ma dernière conversation avec Ulrik. J'ai passé ces quatre jours recluse dans ma chambre, me laissant le temps de me remettre.
J'ai terminé de boutonner mon chemisier, mais une angoisse grandissante m'envahit. Pendant plusieurs jours, je n'ai pas vu Candace. La peur de découvrir dans quel état elle se trouve me paralyse. L'idée qu'Håkon se soit installé avec elle me terrifie encore plus. Chaque fois que je pense à lui apporter de la nourriture ou des vêtements propres, mon cœur s'emballe. Je suis prise de panique à l'idée de le trouver étendu par terre, couvert de sang. Il est certain qu'elle est vivante, puisqu'Ulrik s'occupe de préparer un repas pour elle chaque soir...
Je dois absolument aller la voir et m'assurer qu'elle va bien. Dès mon entrée dans la pièce, une odeur pestilentielle d'alcool mélangée à celle de la fumée de cigarette m'assaille. À travers la fenêtre, je distingue Håkon qui boit, tandis qu'Ulrik et Jørgen semblent avoir disparu. Sans plus attendre, je m'engouffre dans la cuisine pour griller quelques tranches de pain. J'étale du beurre de cacahuète et de la confiture de fraise sur deux tranches de pain blanc, puis les empile délicatement. C'était notre rituel, à Candace et moi, après nos soirées en ville. Ces moments simples, ces souvenirs partagés, me reviennent en tête, teintés d'une certaine amertume. Tandis que je termine, une porte s'ouvre derrière moi. Mes mains continuent de s'activer, mais mon cœur s'accélère légèrement. Les pas s'approchent. Je sens sa présence avant même qu'il n'ouvre la bouche. Ulrik est à mes côtés, les bras croisés. Je reste concentrée, évitant de rencontrer ses yeux. Il saisit un des sandwichs et l'approche de ses lèvres, mordant une bouchée.
— Ce n'est pas pour toi, lui dis-je d'un ton sévère en le regardant droit dans les yeux.
— Ce n'est pas si mal pour un premier repas, réplique Ulrik avec un sourire moqueur, avant de reprendre son sérieux et de me demander :
— Veux-tu m'accompagner en ville ?
Je reste silencieuse, empilant les sandwiches sur une assiette. Sans même jeter un coup d'œil à Ulrik, je saisis une canette de soda dans le réfrigérateur. Il demeure impassible, m'observant alors que j'ouvre la porte. Je traverse la cour sans un coup d'œil en arrière et pénètre la maison d'amie.
Curieusement, une odeur de propreté m'assaille subitement. Mon dernier passage ici était marqué par une odeur de transpiration acide et d'air étouffant, envahissant chaque recoin. Aujourd'hui, tout a été soigneusement nettoyé. J'emprunte les escaliers quand la douce voix de Candace me parvient :
— Prêt à recommencer déjà ?
Dès que nos yeux se rencontrent, quelque chose se produit en elle. Sa posture, qui exprimait de la provocation, change soudainement. Ses épaules deviennent un peu rigides, tandis que son regard s'assombrit. Ce changement abrupt me perturbe.
Je regarde la main de Candace, où un pansement semblable à celui de Jørgen recouvre sa plaie. Une vague de remords m'envahit et me rend incapable de parler. Elle ne porte que son tee-shirt et sa culotte. Le haut me semble familier. Je suis certaine de l'avoir vu dans mon placard. Mon cœur s'emballe, espérant que c'est Ulrik qui lui a donner, et non Håkon. L'idée qu'il ait pu entrer dans ma chambre pendant mon sommeil me glace d'effroi.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? demande-t-elle, le mépris perceptible dans sa voix.
— Je... Euh... J'ai apporté ton repas.
Son regard balaie rapidement l'assiette, puis se pose à nouveau sur moi. Ses gestes semblent calculés, tout comme ses intentions. Entre nous, l'atmosphère est tendue, presque irrespirable.
— Vraiment, des sandwichs ? s'exclama-t-elle, les yeux étincelants de rage. Crois-tu vraiment que cela suffira à faire repousser mon doigt ?
Sa voix trahissait une profonde irritation, teintée d'amertume, tandis que son ton ironique me transperçait. La culpabilité qui m'accablait ne faisait qu'augmenter sous son regard accusateur. Dans un geste soudain, Candace arrache l'assiette de mes mains et la jette violemment dans la pièce. Elle s'écrase contre le mur dans un fracas assourdissant, les sandwichs et les morceaux de porcelaine se dispersant sur le sol.
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Je t'aime à la folie Tome 2
Mystery / ThrillerPlus de cinq mille femmes disparaissent chaque année. Rares sont celles où leurs cœurs palpitent lorsqu'elles sont retrouvées. Si elles sont retrouvées. Lorsque la police m'a sauvée, ils m'ont dit que j'avais eu énormément de chance d'être en vie. I...