Chapitre 18

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Nous avons quitté la ville il y a maintenant dix minutes, et le soleil commence à décliner doucement. Ulrik reste silencieux, tendu, ses doigts tapotant nerveusement sur le volant, regardant constamment le rétroviseur.

— Tu... tu penses qu'ils nous suivent ?

Ma voix est à peine audible, tremblante. Ulrik ne daigne pas répondre. Il appuie simplement sur l'accélérateur, tout en écrivant un message sur son téléphone. Il tourne brusquement à gauche, empruntant une route plus étroite qui s'enfonce dans la forêt.

— Tu vas obéir à mes ordres sans discuter, prononce-t-il d'un ton grave.

J'ouvre la bouche pour lui demander pourquoi, mais des sirènes retentissent soudainement, brisant le silence. Je suis nerveuse en voyant la voiture de police derrière nous.

Ulrik s'arrête sur le bas-côté et se précipite vers la boîte à gants, où il récupère un revolver. Il le dissimule derrière son dos, ses yeux fixés sur le rétroviseur. Sans perdre de temps, il attrape sa veste en cuir sur la banquette arrière et l'enfile d'un geste rapide.

— Tu comptes vraiment les abattre ?

Il tire un couteau plié de la poche et le tend vers moi.

— Si tu vois qu'ils respirent encore, tranche-leur la gorge.

— Ulrik... je... je ne peux pas faire ça... balbutiai-je, la voix tremblante sous l'effet de l'anxiété qui compresse ma poitrine.

Il demeure silencieux, mais il me jette un coup d'œil furtif au moment où l'agent s'approche de la portière. Je pose rapidement le couteau sur ma cuisse, couvrant celui-ci avec ma main, mon cœur battant la chamade. Ulrik, impassible, conserve son regard froid, baissant la vitre. Je reconnais le policier qui a parlé à Ulrik dans le parking du magasin. Il est le plus âgé des deux. Le plus grand reste en arrière près du coffre. L'agent se penche vers nous, le visage marqué de profondes rides. Ses cheveux grisonnants sont coupés court, mais indisciplinés. Une barbe brune de quelques jours ombrage son menton, taché de couleurs argentées.

— Éteignez le moteur et descendez du véhicule

Ulrik fait ce qu'il dit et tourne la clé dans le contacteur, mais ne bouge pas. Il lève les yeux vers lui, un sourire calme et presque amusé étirant ses lèvres. Il reste délibérément immobile, l'air indifférent, puis, d'une voix apaisante et glaciale, il répond :

— Monsieur l'officier, si vous souhaitez véritablement retrouver votre famille ce soir, je vous conseille vivement de faire demi-tour et de repartir d'où vous venez.

L'agent de police semble surpris, mais il ne montre aucun signe de recul.

— Est-ce une menace ? s'enquit-il avec hostilité, les muscles de sa mâchoire contractés, tandis qu'une note d'appréhension brillait dans ses yeux.

Sa main se pose aussitôt sur la crosse de son arme, son regard se durcissant. Ulrik laisse échapper un léger rire, bas et désinvolte, un sourire en coin. Du coin de l'œil, je repère le deuxième agent, sur ses gardes près de ma portière, tendu et prêt à intervenir au moindre signe. Mes doigts se resserrent sur le couteau.

— Une menace ? Non... un simple conseil. Poursuivez et je vous promets que les choses prendront un tournant que vous n'aimerez pas. Certains choix coûtent cher, officier. Et croyez-moi, vous n'avez pas de quoi payer.

L'officier semble hésité, le poids du silence s'abattant sur lui comme une chape de plomb. Ulrik le fixe, imperturbable.

La main crispée sur la crosse de son arme, il hurle, sa voix trahissant un mélange de panique et d'autorité brisée :

Je t'aime à la folie Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant