A l'hôtel de la Reine de la Nuit, dont le mari de la patronne n'avait jamais voulu se mêler, la clientèle était présente et Ella, Emma et Erda s'étaient activées. Pamina jouait en courant dans les couloirs, l'enfant était âgée de trois ans et déjà c'était un bambin éveillé. Le père allait mourir, sa fille ignorait tout de sa longue maladie. Mais sa mère savait tout, et plus encore.
"Dis moi, tu t'es dépossédé du Cercle Solaire en faveur des initiés, cette secte ! ça ne m'étonne pas de toi, tu es complètement irresponsable". (cela ressemblait à une scène de ménage, mais l'enjeu concernait la conduite de ce bas monde et le pouvoir.)
"Ce n'est pas le sujet de ce jour, de mon dernier jour. Je vais mourir, ma femme.
- Je le sais bien, le médecin l'a dit, et j'en suis navrée.
- A toi et à ta fille, je vous lègue tous mes capitaux, toutes mes propriétés. Ton hôtel va prospérer comme il prospère déjà.
- Et le puissant cercle solaire, à qui le lègues tu ?
- A mon frère, le grand Sarastro.
- Pardon ?
- Oui, je vais le léguer aux Initiés. Il est inaccessible à ton esprit.
- C'est parce que je suis une femme !
-Exactement."
Un silence se fit, et le père prononça ces mots : "Tu devras te soumettre à Sarastro et élever notre fille selon les principes des Initiés. Tu devras être leur subordonnée. Promets le moi. Je te sais frustrée, mais promets le moi avant ma mort."
"Jamais je ne te le promettrai !" répondit la patronne.
Lorsque le père s'éteint, pas un mot de plus n'avait été prononcé. La femme pleura, mais c'étaient des larmes de rage, et non de tristesse. La rancune allait l'abîmer, et plus les affaires marchaient, plus les comptes de la Reine gagnaient des abonnés, plus la jeune Pamina, orpheline de père, s'épanouissait, plus la Reine sentait qu'il manquait quelque chose. Ce quelque chose était tatoué sur la poitrine de Sarastro, et la Reine avait réfléchi, chaque nuit, elle avait étudié ce cercle de très près. Elle avait, une nuit, réuni ses fidèles employées, les trois femmes, et leur avait tout montré, dont l'arme qu'elle avait fabriquée, conçue contre le cercle solaire. Plus tard, Sarastro s'était rendu à l'hôtel, et à part des remarques sur l'éducation de Pamina et la non subordination de la mère, il s'était montré aimable et la Reine avait repoussé son projet funeste à plus tard. Mais alors que Pamina atteignait ses vingt ans, une milice l'avait enlevée, et Sarastro avait paru, l'emmenant chez lui. Alors, le projet de tuer Sarastro était revenu à l'ordre du jour. Mais l'ordre, et le jour, c'est Sarastro qui les incarnait, et la femme ne se sentait pas à l'aise dans cette atmosphère. Pamina, elle, était bien plus vive, et pourrait exécuter ce projet à sa place.
Lorsqu'elle aperçut Monostatos s'approcher de sa fille, elle hurla : ARRIERE !
Monostatos fuit en courant et Pamina s'éveilla. "Maman... Maman, je te revois !" Elles s'étreignent, à présent.
"Ma pauvre chérie, je ne peux plus rien pour toi... Le dernier espoir, c'est le jeune Tamino. Où est il ?
- Maman, je l'aime encore, mais il est... en train de rejoindre les Initiés.
- Oui, c'est bien ce qu'Ella, Emma et Erda m'ont dit, mais je voulais l'entendre de ta bouche. Eh bien ! Dans ce cas, il n'y a plus qu'une chose à faire.
- Je sais à quoi tu penses, maman ! On va fuir ensemble !
- Non, je ne pense pas, mais alors pas du tout à cela." Et la Reine raconta tout ce que vous venez de lire à Pamina. Elle poussa un cri d'horreur, lorsque la Reine lui tendit le fin couteau chimiquement réglé contre le Cercle Solaire, et donc contre Sarastro. Elle devrait reprendre le Cercle afin de le donner à sa mère. "Maman, tu me demandes d'être... un assassin !
- Tais toi."
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La flûte enchantée 2.0
General FictionRéécriture de la Flûte Enchantée de Mozart, accompagnée de la musique. Beaucoup de virtuel, de rumeurs et de mystères. De l'amour, évidemment, et le pouvoir de la musique. Dans la première scène, je joue de la flûte au cimetière où est enterré Moza...