Chapitre 2

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Quelques semaines plus tard, une nouvelle inattendue secoue la classe. Monsieur Dubois, leur professeur de littérature, annonce un projet de groupe à rendre avant la fin du mois. Les élèves commencent à se regrouper naturellement avec leurs amis, mais Monsieur Dubois a d'autres plans en tête.

— « Cette fois-ci, c’est moi qui vais former les groupes », annonce-t-il d'une voix ferme.

Antoine, assis à l’arrière de la classe, ne prête que peu d'attention, jusqu’à ce qu’il entende son nom.

— « Antoine, tu travailleras avec Alex. »

Son cœur rate un battement. Il jette un coup d’œil rapide à Alex, qui, pour une fois, semble aussi surpris que lui. Les deux garçons se regardent brièvement, mais Alex détourne vite le regard, reprenant son expression impassible.

Le reste de la journée, Antoine est en proie à une vague d’émotions. D'un côté, il est excité à l'idée de passer du temps avec Alex, de l'autre, il craint de devoir faire face à son indifférence prolongée. Julien, qui a remarqué l’agitation de son ami, tente de le rassurer.

— « C’est peut-être l'occasion que tu attendais, Antoine. Travaille bien sur ce projet, et montre-lui qui tu es vraiment. »

Antoine hoche la tête, bien que l'appréhension ne le quitte pas.

Le lendemain, après les cours, Antoine prend son courage à deux mains et s’approche d'Alex dans le couloir.

— « Alex, on devrait peut-être se rencontrer pour discuter du projet, non ? » propose-t-il timidement.

Alex le regarde un instant, évaluant la situation, puis acquiesce froidement.

— « On se retrouve à la bibliothèque après les cours. »

Cette réponse, bien que courte, remplit Antoine d’un certain espoir. Peut-être qu'avec le temps, Alex finira par l'apprécier, voire plus.

À l’heure convenue, ils se retrouvent à la bibliothèque. Antoine arrive en avance, un peu nerveux, et s’installe à une table dans un coin tranquille. Il a à peine le temps de se préparer qu'Alex arrive, toujours aussi impassible.

— « Alors, par quoi on commence ? » demande Alex en s’asseyant.

Antoine est un peu déstabilisé par la froideur de son ton, mais il essaie de rester concentré.

— « Eh bien, j’ai pensé qu’on pourrait d'abord faire un brainstorming sur le sujet... et puis répartir les tâches. Ça te va ? »

Alex hoche la tête, sans un mot de plus. Les minutes passent dans un silence tendu, entrecoupé de quelques échanges fonctionnels. Antoine sent la barrière entre eux, épaisse et infranchissable, et cela le frustre. Mais il persiste, cherchant des occasions de faire la conversation.

— « Tu aimes la littérature, Alex ? » tente-t-il, espérant briser la glace.

Alex, sans lever les yeux de ses notes, répond d'une voix neutre.

— « Ce n’est pas ma matière préférée. »

Antoine sourit malgré la réponse brève.

— « Moi non plus, mais ce projet pourrait être intéressant si on trouve un bon angle. Tu as des idées ? »

Le regard d'Alex se fait un peu plus attentif. Il semble réfléchir, puis se décide à parler.

— « Peut-être qu’on pourrait explorer la thématique de l'isolement dans les œuvres de Victor Hugo. C’est un sujet que je trouve pertinent. »

Antoine est surpris, agréablement cette fois. C’est la première fois qu'Alex montre un réel intérêt pour le projet. Saisissant cette opportunité, Antoine enchaîne sur le sujet, essayant de maintenir la conversation active. Peu à peu, ils discutent plus librement, même si la distance entre eux reste palpable.

Au fil des jours, alors qu'ils travaillent ensemble sur le projet, Antoine commence à voir un changement, aussi minime soit-il, dans l'attitude d'Alex. Le jeune homme est toujours aussi réservé, mais il devient un peu plus ouvert à la discussion. Antoine ne se fait pas d'illusions, mais il sent qu'une petite brèche se forme dans la carapace d'Alex.

Un soir, alors qu'ils sont en train de peaufiner leur travail, Alex fait une pause et regarde Antoine, un peu moins froid que d’habitude.

— « Pourquoi tu persistes à vouloir m’approcher, Antoine ? Tu sais que je ne suis pas du genre à m’attacher aux gens. »

La question le prend de court, mais Antoine décide de jouer carte sur table.

— « Je ne sais pas, Alex. C’est comme ça, je n’arrive pas à m’empêcher de vouloir te connaître, de vouloir être ton ami, ou peut-être plus... »

Alex le fixe un moment, visiblement perturbé par cette confession. Il ne répond pas immédiatement, et le silence qui suit est lourd de non-dits. Finalement, il soupire.

— « Tu perds ton temps, Antoine. Je ne suis pas quelqu’un de facile, et je ne crois pas que tu devrais t’attacher à moi. »

Antoine sent son cœur se serrer, mais il refuse de laisser tomber.

— « Peut-être, mais je suis prêt à prendre ce risque. »

À ces mots, Alex détourne le regard, visiblement troublé. Le travail sur leur projet se poursuit, mais une tension nouvelle s'installe entre eux, faite de questions sans réponses et de sentiments non partagés. Antoine continue de se battre pour percer l’armure d’Alex, tandis que ce dernier lutte contre ses propres démons, incapable de comprendre pourquoi quelqu'un voudrait s'attacher à lui.

tu me déteste mais tu m'aime- ennemi to loverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant