Chapitre 5

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Les semaines passent, et malgré les efforts d’Antoine pour tourner la page, un sentiment trouble continue de grandir en lui. Les interactions cordiales qu’il entretient désormais avec Alex, bien que limitées, ont ravivé une confusion qu'il pensait avoir enterrée. Il est tiraillé entre le souvenir de la douleur infligée par Alex et une inexplicable attraction qu’il n'arrive pas à chasser.

Un après-midi, alors qu’ils sortent tous les deux du cours de mathématiques, Antoine et Alex se retrouvent par hasard à marcher côte à côte. La conversation est légère, sans enjeu, mais pour Antoine, la proximité est presque suffocante. Alex semble plus détendu que d’habitude, souriant légèrement aux remarques d’Antoine.

Arrivés près des casiers, Alex fait une remarque sur un devoir à rendre, et avant qu’Antoine ne puisse réfléchir, il se tourne vers lui, les mots suspendus dans l’air.

— « Tu sais, c’était vraiment sympa de discuter avec toi aujourd’hui… »

Alex hoche la tête, apparemment satisfait de leur échange. Antoine sent son cœur battre de plus en plus fort, une vague de sensations mêlées d’angoisse et de désir qu’il n’a jamais éprouvées aussi intensément.

Tout se passe en une fraction de seconde. Antoine se penche un peu trop près, son corps agissant avant que sa raison ne puisse l’arrêter. Leurs visages sont soudain très proches, et avant qu’il ne le réalise pleinement, ses lèvres effleurent celles d’Alex. Ce n’est qu’un baiser furtif, presque accidentel, mais il est chargé de toute la tension accumulée durant ces derniers mois.

Alex recule brusquement, les yeux écarquillés de surprise. Antoine, horrifié par ce qu’il vient de faire, se fige, le cœur battant à tout rompre.

— « Je… je suis désolé, Alex, je… »

Il cherche les mots, mais rien ne vient. La panique le saisit, et tout ce qu'il peut faire, c’est détourner les yeux, rouge de honte.

Alex reste silencieux un instant, visiblement choqué, mais il ne semble pas en colère. Il semble plutôt… perplexe. Il passe une main sur sa nuque, cherchant quoi dire, mais les mots semblent lui échapper aussi.

— « Antoine, qu’est-ce que… » commence-t-il, hésitant.

Antoine lève les yeux, le visage encore brûlant de gêne.

— « Je… je ne sais pas ce qui m’a pris. C’était un accident. Vraiment, je suis désolé. »

Alex le regarde, comme s'il essayait de comprendre ce qui vient de se passer. Il finit par secouer la tête, cherchant à dissiper l’embarras qui les enveloppe.

— « Ok… c’est bon. Oublions ça. »

Antoine acquiesce vivement, reconnaissant de cette porte de sortie. Mais il sent que quelque chose a changé. Il n’arrive plus à regarder Alex dans les yeux. Le reste de la journée se passe dans une brume d’anxiété et de confusion. Chaque fois qu’Antoine pense à ce moment, une chaleur étouffante monte en lui, un mélange de honte et de désir mal compris.

Plus tard, ce soir-là, Antoine est chez lui, allongé sur son lit, fixant le plafond, repassant l’incident encore et encore dans son esprit. Pourquoi avait-il agi ainsi ? Qu’est-ce que cela signifiait vraiment pour lui ? Et pire encore, qu'est-ce qu’Alex devait penser maintenant ?

Son téléphone vibre soudainement. Un message d'Alex.

— « On en parle demain ? »

Antoine hésite, le pouce suspendu au-dessus de l’écran. Finalement, il répond :

— « Oui. »

Le lendemain matin, ils se retrouvent derrière le gymnase, un endroit tranquille où ils peuvent parler sans être dérangés. Antoine est nerveux, ses mains tremblent légèrement tandis qu’il attend Alex. Ce dernier arrive peu après, l’air sérieux mais pas en colère. Il semble simplement… curieux.

— « Antoine, pourquoi tu as fait ça ? » demande Alex sans détour.

Antoine respire profondément, sachant qu’il ne peut plus éviter cette conversation.

— « Je… je crois que je ressens quelque chose pour toi, Alex. J’ai essayé de l’ignorer, de passer à autre chose, mais… c’est plus fort que moi. »

Les mots franchissent ses lèvres avec difficulté, chaque syllabe étant une lutte contre sa propre peur. Alex reste silencieux, absorbant l’information, ses yeux ne quittant pas ceux d’Antoine.

— « Je ne m’y attendais pas, » murmure Alex. « Franchement, je ne sais pas quoi dire. »

Antoine baisse la tête, sentant les larmes menacer de couler, mais il refuse de pleurer. Pas encore.

— « Je comprends si tu ne veux plus rien avoir à faire avec moi. »

Alex le fixe, un mélange d’émotions passant sur son visage. Finalement, il pose une main sur l’épaule d’Antoine.

— « Non, Antoine, je… je ne veux pas qu’on s’éloigne. Je suis juste… surpris. Je dois réfléchir à tout ça. »

Antoine relève les yeux, surpris lui aussi par cette réaction. Il hoche la tête, reconnaissant.

— « Prends ton temps. Je veux juste que tu saches que je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas que ça arrive ainsi. »

Alex esquisse un sourire, un peu maladroit.

— « On va y aller doucement, ok ? On se reparle plus tard. »

Antoine accepte, soulagé que cette conversation se termine sur une note moins désastreuse qu'il ne l’avait redoutée. Tandis qu'ils se séparent pour rejoindre leurs cours, Antoine sent que même si la situation est loin d’être résolue, il y a au moins une chance de comprendre ce qu’il ressent vraiment – et peut-être, un jour, de découvrir ce que cela signifie pour eux deux.

Le reste de la journée, Antoine se sent étrange, comme s’il venait de franchir une frontière invisible dans sa propre vie. Il sait que les choses ne seront plus jamais comme avant, mais il n’est plus certain que ce soit une mauvaise chose.

tu me déteste mais tu m'aime- ennemi to loverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant