Chapitre 8

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Lorsque j'émerge enfin des ténèbres, je suis allongée sur une surface douce, loin de la froideur humide de la forêt.

Une odeur de bois et de fumée envahit mes narines, accompagnée par une chaleur rassurante. J'entrouvre les yeux, mes paupières lourdes et collantes, pour découvrir un plafond de bois brut au-dessus de moi, traversé par des poutres épaisses. La lumière est tamisée, vacillante et projetée par une bougie proche. Je suis dans une chambre, petite mais confortable. Les murs sont faits de planches de bois sombres, et une simple commode se dresse près du lit, surmontée d'un bassin d'eau et d'un linge propre. Une couverture épaisse me recouvre, et en dessous, je sens les bandages serrés autour de mon épaule blessée à cause de la nuit dernière. La douleur est toujours là, sourde, mais bien moins aiguë qu'avant. Je remarque que ma cheville est également sujette à des soins. Un bâton en bois est attaché à elle grâce aux mêmes bandages que ceux de mon épaule, faisant office d'une attelle pour la maintenir.

Je tente de bouger, mais mon corps proteste. Mes muscles sont encore endoloris, comme si j'avais couru sur des kilomètres sans m'arrêter. Ce qui est, malheureusement, le cas. À présent, les événements de la veille reviennent un par un, me rappelant trop bien comment j'ai frôlé la mort et à quel point j'ai été négligente envers mes ennemis. La fatigue me cloue sur place, mais l'inquiétude commence à monter en moi. Où suis-je ? Et surtout, comment suis-je arrivée ici, merde. Je tends l'oreille, espérant entendre un signe de vie à l'extérieur de la pièce, mais le silence est presque total. Seul le crépitement léger d'un feu, sans doute provenant d'une cheminée proche, rompt le calme ambiant. L'idée de me lever m'effleure, mais mon corps refuse de coopérer. Alors je reste là, immobile essayant de rassembler mes pensées.

La porte de la chambre s'ouvre doucement, laissant entrer une femme d'une quarantaine d'années. Elle est de stature généreuse, avec des joues rondes et rosies par la chaleur, et des cheveux châtains teintés d'une pointe de gris, tirés en un chignon un peu lâche. Elle porte une robe simple, de lin brun, et un tablier taché de sauce, ce qui suggère qu'elle était probablement en cuisine avant de venir.

- Ah, tu es réveillée, ma pauvre, dit-elle d'une voix douce et chaleureuse, avec une légère intonation chantante qui évoque la campagne. Son regard se pose sur moi avec une bienveillance qui me surprend. Elle s'approche du lit, ses talons résonnant légèrement sur le sol de bois, et s'assied sur le bord, un sourire rassurant aux lèvres.

- Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici, continue-t-elle en prenant ma main entre les siennes, ses paumes chaudes contre ma peau froide.

- Je suis Alberta, je suis la propriétaire de ces lieux. On t'a trouvée dans la Forêt des Damnés, à moitié morte, et on t'a ramenée ici. Mais maintenant, tu es entre de bonnes mains.

Son ton est apaisant, et même si la douleur persiste, sa présence me calme un peu. Je la fixe, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées embrouillées.

- Où... où suis-je exactement ? parviens-je à murmurer.

- Tu es dans la taverne de la Chouette Noire, au bord de la ville d'Isatros, répond-elle doucement.
Nous t'avons installée ici pour que tu puisses te reposer et récupérer. Tu as eu beaucoup de chance qu'on soit passé par là ma petiote.

Je déglutis difficilement, cherchant à comprendre.

- Et l'homme... l'ombre, vous l'avez vu ?

Alberta fronce légèrement les sourcils, comme si elle ne comprenait pas immédiatement à quoi je fais référence. Puis, son expression s'éclaire.

- Oh, tu dois parler d'Akir. C'est lui qui t'a trouvée et à donné l'alerte, mais il est parti depuis un bon bout de temps. C'est un client régulier de la Chouette Noire. Il a dit qu'il devait régler des affaires en ville et qu'il reviendrait pour voir comment tu allais.

The Fallen Heiress Où les histoires vivent. Découvrez maintenant