Chapitre 2

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La lumière du jour s'efface lentement, laissant place à l'obscurité de la basse ville.

Je quitte l'échoppe de mon père, la bourse de pièces accrochée à ma ceinture, le cœur encore gonflé de fierté. Cependant, une pensée obsède mon esprit : que va-t-il faire de cette trouvaille ? Selon lui, une magie palpable réside encore dans ce cristal. Même si mon père a souvent vendu des objets beaucoup plus impressionnants, ce joyau devait appartenir à un habitant du haut. Autrement dit, s'il le revend à un client de la basse ville, les chiens des Isiiris risquent de le découvrir et il aura des ennuis. Mais peu importe,
« Papa a déjà connu pire. », me dis-je en continuant de marcher.
Les rues de Nébulis commençaient à s'animer alors que la nuit tombait, les commerçants et voyous du marché noir et les créatures nocturnes sortant de leurs cachettes. Je ferais mieux de me presser un peu avant d'avoir moi aussi des ennuis.

Je décide de prendre un raccourci par une ruelle étroite, un chemin familier qui me ramène à notre modeste maison. Focalisée sur ma course, je manque d'heurter deux jeunes hommes surgissant soudainement de nulle part. Sans doute étais-je trop peu attentive pour les voir... Je décide de relever la tête afin de voir à qui je fais face, mais leurs visages sont dissimulés sous des capuches usées. Ils m'encercellent en riant sardoniquement. Je reconnais la cicatrice sur la main de l'un d'eux : Billy Wartoaf, le fils d'une putain de la ville. Rien de plus qu'un autre adolescent paumé de Nébulis.

— Eh bien, voilà une belle trouvaille, se décide-t-il enfin à dire d'une voix rauque et arrogante. Qu'as-tu là, joli petit rat ?

Je recule instinctivement, la bourse de pièces cette fois ci dans ma main droite et essaie d'examiner les deux individus cachés. Ils se moquent, mais je sens une menace palpable. Mon esprit s'emballe. J'essaie de garder mon calme, mais les battements rapides de mon cœur me trahissent.

— Laissez-moi passer, dis-je d'une voix ferme, tentant de faire passer ma bravoure pour de la détermination. Je n'ai rien qui ne te regarde, toi et ton petit chien, Wartoaf.

Ma remarque n'ayant pas plu aux deux hommes, Billy m'attrape furtivement le bras avant que je n'aie le temps de reculer. Sous son emprise, mes gestes sont limités et le temps est compté avant qu'ils ne se décident à me voler mon butin.

— Dégage, putain ! Ne pose pas tes mains dégueulasses sur moi !

Mais ma réaction ne les repousse pas, au contraire, ils semblent plutôt amusés.

— Eh Billy, regarde ça, on dirait que le petit rat peut mordre, commenta l'autre jeune homme.

Mes deux bras étant maintenus derrière mon dos par mon agresseur, il m'est impossible de faire le moindre mouvement sans me casser les clavicules. Et comme si cela ne suffisait pas, cet énergumène a réussi à prendre ma récompense. Je suis prise au piège comme une idiote. D'un coup, je me retrouve projetée contre le mur le plus proche, face contre lui et dos aux deux hommes, avec Billy me tenant toujours les bras, mais cette fois-ci anormalement proche de ma nuque. Le choc de l'impact ayant été brutal, je n'ai pas eu le temps de reprendre ma respiration et je commence cruellement à manquer d'air. Mon torse comprimé entre le mur et la carrure généreuse de Wartoaf me fait atrocement mal. D'un geste rapide, Billy déplace sa prise et plaque ma main contre le mur. Sa respiration chaude effleure ma peau tandis qu'il sort un couteau de sa poche, la lame brillant sinistrement sous la lumière crépusculaire de la ville. Je peux sentir le tranchant du métal contre ma peau, et la terreur monte en moi. Il pose le couteau contre ma joue, la lame touchant à peine ma peau, mais suffisamment pour me faire frémir. Sa voix, froide et sinistre, résonne contre mon oreille.

— Tu te souviens de la cicatrice que tu m'as faite ? me dit-il en me montrant sa main. Ce souvenir te hantera à jamais. Je vais te faire payer pour ça.

The Fallen Heiress Où les histoires vivent. Découvrez maintenant