Chapitre 10

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Tw : violence physiques, mutilations.

Le départ des trois voyageurs m'avait laissée dans un état étrange, comme si un voile s'était posé sur ma conscience.

Les paroles de la femme résonnaient encore dans mon esprit, et cette sensation de danger imminent ne cessait de croître en moi. Je savais que je ne pouvais pas rester là, à attendre que le pire arrive. Je devais agir, et vite. Je me retournai vers Alberta, toujours près du comptoir, à servir fidèlement sa clientèle, une expression inquiète sur son visage. Je m'approchai d'elle, essayant de maîtriser la peur qui faisait battre mon cœur plus vite.

Alberta, je... je dois partir, murmurai-je en baissant la voix, consciente que chaque mot pouvait être entendu.

Ses yeux s'élargirent légèrement, mais elle ne sembla pas surprise.

Qu'est-ce que tu comptes faire ma colombe ? demanda-t-elle, la voix tremblante d'inquiétude.

Je ne peux pas t'expliquer maintenant. Je reviendrai, je te le promets.

Alberta hocha lentement la tête, comprenant sans poser de questions.

Je te remercie pour ton aide et ton hospitalité, fini-je pas dire doucement.

Elle posa une main légère sur mon épaule, une tentative réconfortante pour calmer ma nervosité.

Fais attention à toi. Et si jamais tu as besoin d'aide, n'hésite pas à revenir ici, je serai là.

Merci, Alberta.

Sans perdre une seconde de plus, je récupérai mes affaires — peu de choses, en vérité, juste une cape pour me protéger du froid de la nuit et la carte que la femme m'avait donnée. Mon regard s'attarda un moment sur cette petite pièce de parchemin usé, avant de la ranger soigneusement dans une poche intérieure. Puis, avec une dernière étreinte à Alberta, je me dirigea à mon tour vers la sortie de la taverne, le cœur lourd. Juste avant de passer le pas de la porte, mon regard croisa celui d'Elior. Debout au fond de la salle, me scrutant de ses yeux ébènes. Pendant un instant, j'ai cru apercevoir un rictus se dessiner le long de ses lèvres.

...

La nuit était déjà tombée lorsque je m'enfonçais dans la forêt de Nébulis. Les arbres étaient des silhouettes noires contre le ciel étoilé, et chaque bruit de la forêt semblait amplifié dans l'obscurité. Je marchais rapidement, mes pas s'enchaînant presque mécaniquement, sans que je ne puisse véritablement contrôler l'angoisse qui grandissait en moi.
Je ne savais pas combien de temps j'avais marché, ni combien de kilomètres j'avais parcouru. La fatigue pesait sur moi, mais je refusais de m'arrêter. Chaque ombre me faisait sursauter, chaque cri d'oiseau nocturne me faisait craindre le pire. Et pourtant, je continuais, m'enfonçant toujours plus profondément dans cette forêt si hostile.

Finalement, les premiers signes de ma ville apparurent au loin. Les lumières de Nébulis brillaient faiblement à travers les arbres, et mon cœur se serra de soulagement. Mais ce soulagement fut de courte durée. Lorsque j'atteignis les premières maisons, un étrange silence régnait. Il n'y avait personne dans les rues, et les fenêtres étaient pour la plupart fermées, comme si la ville entière s'était figée dans une attente angoissante. Je sentis un frisson parcourir mon dos, mais je continuai à avancer, jusqu'à ce que j'aperçoive enfin ma maison. Je m'arrêta net, l'horreur me coupant le souffle. Ma maison... elle était méconnaissable.

Les fenêtres étaient brisées, la porte grande ouverte, arrachée de ses gonds. Tout semblait avoir été dévasté, comme si une tempête avait traversé l'endroit.  Je restai figée devant ce spectacle de désolation, incapable de bouger, incapable de comprendre. Merde.

The Fallen Heiress Où les histoires vivent. Découvrez maintenant