la réalité de la vie

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La situation devenait de plus en plus complexe pour Paco et Kadiatou, chacun affrontant des défis qui semblaient les isoler davantage.

Paco, dans sa quête de stabilité, continuait à chercher une chambre ou un petit studio à louer. Il parlait à différents membres de son réseau, demandant s'ils avaient entendu parler d'une colocation ou d'un endroit où il pourrait enfin se poser. En attendant, il se cachait autant que possible, passant ses journées à travailler au salon de coiffure, où les coiffeuses l'aidaient à rester discret.

Pendant ce temps, Kadiatou vivait un véritable cauchemar. Chaque soir, elle redoutait de rentrer chez elle, où la tension avec sa tante devenait insupportable. Elle sombrait peu à peu dans la dépression, perdant l'appétit et sa joie de vivre. Même ses parents, bien qu'ils soient loin, s'inquiétaient pour elle, lui demandant souvent si tout allait bien. Mais Kadiatou n'osait pas leur avouer la vérité sur ce qu'elle subissait. Elle préférait leur dire que tout allait bien, même si sa mère sentait que quelque chose n'allait pas. Elle était persuadée que la vérité ne tarderait pas à éclater.

À l'école, ses professeurs et camarades remarquaient aussi le changement. Elle, qui était si vive et sociable, se refermait sur elle-même, préférant rester discrète et éviter de trop se faire remarquer. Elle refusait que les autres aient pitié d'elle ou découvrent la réalité de sa vie avec sa tante. Depuis son plus jeune âge, Kadiatou avait appris à cacher ses émotions pour ne pas paraître vulnérable, mais cette fois-ci, la situation était différente. Elle se trouvait loin de chez elle, dans un pays étranger, sans le soutien direct de sa famille.

Un jour, alors qu'elle rentrait plus tôt que prévu, Kadiatou surprit une conversation entre sa tante et une personne au téléphone. Cachée dans le couloir, elle entendit des mots qui lui glacèrent le sang. Sa tante parlait de son propre regret, exprimant comment elle aurait voulu que sa fille suive le même parcours scolaire que Kadiatou. Au lieu de cela, sa fille s'était "donnée au premier venu", avait eu un enfant sans être mariée, et maintenant, sa tante portait le fardeau du regard des autres, qui la jugeaient comme une mauvaise mère.

Ce qui blessa le plus Kadiatou, c'était de découvrir que sa tante ne la voyait que comme un rappel constant de son propre échec. La décision finale de sa tante la frappa comme un coup de massue : elle ne voulait plus de Kadiatou chez elle. Elle lui donnait deux mois pour quitter l'appartement.

Ces mots résonnèrent dans l'esprit de Kadiatou, la plongeant encore plus dans son isolement. Elle savait qu'il lui restait peu de temps pour trouver une solution, mais où pourrait-elle aller ?

De L'Afrique  à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant