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Le jour du déménagement de Kadiatou, Mariam, sa tante, se retrouva dans une situation inattendue. Elle avait prévu de profiter de sa journée pour se détendre avec ses amies, oubliant un instant ses responsabilités de mère. Après une matinée passée à se préparer et à se détendre, elle laissa un message sur le téléphone fixe de la maison, demandant à Kadiatou de récupérer sa plus jeune fille à l'école maternelle. Elle ne se doutait pas que Kadiatou, déjà partie tôt ce matin-là pour régler ses affaires, ne l'écouterait pas.

L'après-midi, alors que Mariam était en pleine conversation avec ses amies dans un café, son téléphone portable sonna. Elle répondit d'une voix légère, ne s'attendant pas à ce qui allait suivre.

- « Allô, madame Mariam ? » dit une voix sérieuse à l'autre bout du fil.
- « Oui, c'est bien moi, » répondit-elle, surprise par le ton.
- « Ici, l'agent Dubois du poste de police. Votre fille a été récupérée par nos services à l'école. L'équipe d'animation a tenté de vous joindre plusieurs fois, mais sans succès. Vous êtes attendue au poste pour venir la chercher. »

Mariam sentit son cœur s'arrêter un instant. Elle jeta un coup d'œil à ses amies, son visage pâle révélant son malaise.

- « Oh mon Dieu... » balbutia-t-elle. « J'arrive tout de suite. »

Elle quitta précipitamment le café, les pensées en désordre. En chemin vers le poste de police, elle réalisa qu'elle avait négligé ses responsabilités pour une journée de plaisir. Arrivée au poste, elle trouva sa fille assise sur une chaise, tenant fermement une peluche, l'air perdu.

L'agent Dubois l'accueillit avec un regard sévère.

- « Madame, il est essentiel que vous respectiez les horaires de l'école. Ce genre d'incident peut avoir de graves conséquences. En tant que parent, c'est votre devoir d'assurer la sécurité de votre enfant. »

Mariam hocha la tête, les joues rouges de honte.

- « Je suis désolée, » murmura-t-elle. « C'est une erreur que je ne referai plus. »

Après avoir récupéré sa fille, Mariam se hâta de rentrer chez elle, la culpabilité pesant lourdement sur ses épaules. Elle se sentait vulnérable, sachant que l'incident pourrait attirer l'attention de l'aide sociale à l'enfance. Ses pensées tournaient en boucle : comment avait-elle pu être aussi imprudente ?

Lorsqu'elle franchit la porte de son appartement, elle trouva ses autres enfants devant la télévision.

- « Où est Kadiatou ? » demanda-t-elle, espérant secrètement qu'elle pourrait se reposer sur sa nièce après cette journée éprouvante.

L'un de ses fils, sans lever les yeux de l'écran, répondit distraitement :

- « Elle est partie. »

Mariam fronça les sourcils.

- « Comment ça, partie ? »

Elle se précipita vers la chambre de Kadiatou, ouvrit la porte et découvrit les placards vides. Les vêtements, les livres, tout avait disparu. Une vague de panique l'envahit. Kadiatou était bel et bien partie.

Mariam s'assit lourdement sur le lit vide, son regard errant dans la pièce déserte. Petit à petit, la réalité la frappa. Elle avait perdu Kadiatou. Celle qui l'aidait chaque jour, qui prenait soin de ses enfants quand elle était trop fatiguée ou trop occupée. Celle qui, malgré tout, avait adouci son quotidien.

Elle se souvenait des samedis où, après une longue journée au salon, Kadiatou prenait le relais pour s'occuper des enfants. Elle faisait le ménage, préparait les repas, et veillait à ce que tout soit en ordre. Mariam réalisa que Kadiatou lui avait allégé une charge immense, même si elle n'avait jamais pris le temps de le reconnaître.

Des larmes de frustration et de regret montèrent aux yeux de Mariam. Elle murmura pour elle-même :

- « Comment ai-je pu laisser ça arriver ? »

Ce soir-là, le silence pesait lourd dans l'appartement. Les enfants étaient couchés, et Mariam, seule dans le salon, repensait à sa journée. Elle se souvenait des rires avec ses amies, des moments de légèreté qu'elle avait partagés. Mais maintenant, tout cela semblait futile. La réalité l'avait rattrapée brutalement.

Elle se rendit compte que sans Kadiatou, sa vie serait plus difficile. Les tâches quotidiennes, la gestion des enfants, tout cela semblait plus lourd à porter. Elle prit son téléphone et, après une longue hésitation, tenta d'appeler Kadiatou. Mais le numéro sonnait dans le vide. Mariam soupira profondément.

La réalité était que Kadiatou était partie, et Mariam devrait désormais faire face seule aux conséquences de ses propres actions.

De L'Afrique  à ParisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant