Chapitre 5 : Tour en ville (2/2)

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Au bout la rue se situait un pont à voute entièrement en pierre qui traversait un large fleuve. Légèrement arrondi, l'autre côté n'était pas visible. Deux gardes surveillaient les gens qui voulaient s'engager sur le pont. Ils étaient accoutrés d'une façon que Nosh trouvait très étrange. Comme la plupart des gardes de la cité qu'il avait croisés jusque-là, ils portaient une armure en cuir bouilli, mais ceux-là avaient la cape noire des mages accrochée autour du cou. En plus d'une épée rangée dans son fourreau, ils tenaient un bâton de mage.

— Ce sont des paladins, expliqua maître Nilian en voyant l'air surpris de son élève, des mages guerriers. Ils surveillent les points stratégiques de la ville, comme ce pont qui permet l'accès entre la basse-ville et le quartier marchand.

Le maître et son élève entreprirent de gravir la légère pente du pont. Arrivée à l'endroit où l'inclinaison commençait à s'inverser, Nosh pouvait voir les autres quartiers de la ville. Devant lui, ce devait être le quartier marchand comme lui avait dit son maître. La rue partait du pont et menait à ce qui ressemblait à une grande place noire de monde. Derrière, une colline s'élevait progressivement du sol et plus sa pente s'accentuait, plus les maisons étaient imposantes. Ces grandes bâtisses reposaient au pied de falaise d'une trentaine de pieds. Au-dessus, sur le sommet de la colline, un petit château surplombait toute la ville.

— C'est la demeure du duc Donguoin, précisa le vieux mage en désignant la bâtisse d'un geste.

Nosh et son maître quittèrent le pont en passant devant deux autres paladins. De ce côté du fleuve, les maisons étaient plus imposantes. Érigées sur deux étages, leur rez-de-chaussée en pierre abritait principalement des boutiques et des ateliers d'artisans comme des maroquiniers, ébénistes, bouchers, boulangers, herboristes. Les niveaux supérieurs, quant à eux, étaient construits avec des planches de bois clair qui brillaient sous les rayons du soleil. Les artisans et leur famille vivaient sur place afin d'être au plus près de leur lieu de travail. Les tavernes et les auberges semblaient de meilleures fréquentations que celles de l'autre côté du pont.

Les gens qui circulaient paraissaient plus en chair, leur mine était moins renfrognée. Mais malgré le fait que ce quartier semblait plus riche, il était aussi bruyant et noir de monde que le précédent.

Ils débouchèrent sur la grande place que Nosh avait repérée depuis le pont. De nombreux marchands vendaient leurs produits posés sur des étales ou à même le sol.

Maître Nilian guida son élève dans une autre rue pavée de pierres noires. Aucune charrette ou aucun cheval n'y circulait, mais les gens marchaient en plein milieu.

— C'est une zone piétonne, on ne peut s'y déplacer qu'à pied. Voilà, nous y sommes, dit-il en montrant une boutique.

Niché entre une taverne et un herboriste, la devanture attirait l'œil de tous les passants, notamment les enfants qui s'arrêtaient en la pointant du doigt. La vitrine de gauche laissait voir diverses boules de cristal posées sur leur support, des bougies qui projetaient des fumées de plusieurs couleurs. Derrière celle de droite se trouvait une vieille guillotine, une grande caisse entaillée par une scie. Entre les deux vitres, l'une des doubles portes était ouverte. Nosh leva les yeux et vit une grande enseigne sur laquelle des lettres d'or scintillaient :

La boutique de magie

— Une boutique de magie ! s'exclama Nosh, les yeux écarquillés.

— Bien sûr, répliqua maître Nilian avec un sourire. Y a-t-il meilleur endroit pour acheter des articles de magie ?

— Mais tout ce qu'on voit à l'intérieur, c'est pour faire de la fausse magie, protesta le garçon. C'est pour amuser les jeunes enfants qui n'ont pas de pouvoir. Même moi, je connais. Un jour, un invisible qui venait juste d'arriver nous a montré l'un de ces objets.

La Tour des MagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant