Chapitre 21

13 3 10
                                    

{ April }

Je me redresse et regarde devant moi. Je prends une grande inspiration et m'apprête à commencer mon récit.

— Je te fais la promesse, et Dieu sait que je les tiens toujours, enfin presque...

Mon regard désespéré l'interrompt. Il prend mes mains dans les siennes et me fixe droit dans les yeux avec un doux sourire avant de reprendre :

— Pour ce qui est de ce que tu vas me raconter, je tiens à respecter cette promesse. April, tu es ma naine favorite. Tu es mon diable préféré et tu es une des femmes que j'admire le plus sans savoir pourquoi. Alors crois-moi ou non, mais rien de ce que tu t'apprêtes à me dire ne changera la façon dont je te regarde aujourd'hui. Je te l'ai déjà dit. Pour moi, tu es April Tavares et tu resteras celle que tu es ce soir, demain matin.

Je le regarde réchauffer mon cœur en me disant ces paroles. Ça me touche. Je lui souris tendrement et me mets assise devant lui. Il s'apprête à enlever ses mains des miennes, mais je lui en empêche en entrelaçant les nôtres ensemble.

— Merci, tu es toujours là pour me rassurer et prendre soins de moi et je t'en serais reconnaissante toute ma vie.

Il s'apprête à reprendre la parole, mais la sonnerie de la porte retentit.

— Tu attends quelqu'un ? demandais-je.

— Sûrement pas non.

Il se lève et descend pour se diriger vers la porte. Je le suis, mais je laisse un bon mètre entre nous. Je suis sur mes gardes quand il ouvre la porte pour laisser apparaître... La police ?

Qu'est-ce que les fliques viennent foutre ici ? Et à cette heure-ci ?

— Bonsoir ? Je peux vous aider ? commence Aaron.

— Pouvons-nous parler à la jeune fille qui se trouve derrière vous ?

Aaron se tourne vers moi et j'avance en évitant son regard. La situation me met mal à l'aise. Je n'ai rien à me reprocher, mais ils m'ont dérangé alors que je m'apprêtais à tout lui révéler. J'avais enfin le courage...

— Est-ce bien vous sur cette vidéo ?

Un des policiers me montre une vidéo qui a l'air d'être une caméra de surveillance où on me voit en face de lui. C'était cette après-midi au marché de Noël. Je lui réponds à l'affirmatif, toujours sur mes gardes.

— Je vais juste vous poser une question simple. Vous vous connaissez ?

— Non.

— Alors pourquoi vous vous êtes-vous parlé ? Mademoiselle, vous savez que c'est un meurtrier ? Il est recherché par les forces de l'ordre depuis un petit moment maintenant et la première fois qu'on le voit enfin, il apparaît avec vous.

Ce n'était pas censé être une seule question ? Là, ça fait deux...

— Comme vous pouvez le voir, cet homme m'a bousculé et a fait tomber ma boisson. Il s'est excusé et est parti. C'est tout.

— Pourtant, il s'est rapproché de vous. Si vous le connaissez, vous devez nous le dire ! C'est important.

— Je ne le connais pas. Il s'est excusé et m'a regardé de travers, c'est tout.

Le policier n'insiste pas plus et l'interrogatoire prend fin. Quand je referme la porte et me retrouve vers Aaron, je laisse tomber un long souffle. Qu'est-ce qu'il m'arrivera s'il savait que c'est moi, la fille du l'homme qui est mort il y a quatre ans ? Je ne préfère pas y penser. Je ne veux pas revivre toutes les interrogations que j'ai vécues quand j'étais plus jeune. C'était juste horrible. Un cauchemar. Quand ils ont retrouvé le corps de mon père avec moi à côté de lui, ils m'ont d'abord emmené à l'hôpital pour voir si je n'avais aucune blessure. Quand ils ont eu confirmation que non, un agent de police a commencé à me demander tout ce qu'il s'était passé. Il était assez brutal dans sa façon de parler. J'avais l'impression d'être la coupable, qu'il m'accusait alors que je n'avais rien fait. J'étais tétanisé. Les jours qui ont suivi, je savais que j'allais être obligé de parler et c'est ce que j'ai fait. Mais mes récits n'étaient pas clairs. J'étais traumatisé et je venais de perdre mon père. Sincèrement, je ne sais pas ce qui m'a le plus marqué entre le temps où mon père a été... Tué... Ou le moment où j'étais dans cette petite salle à me repasser les événements et à essayer de témoigner. Alors, je veux éviter le maximum possible de revivre ça.

BEFORE YOUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant