CHAPITRE SIX

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Those Eyes - New West
"The small things you do"

Those Eyes - New West"The small things you do"

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chapitre six


À l'époque, l'enfant qu'était Jeongin tremblait. Dans une voiture qui n'était en aucun cas celle de ses parents, sur une route qui ne semblait pas être celle pour rentrer chez lui, il tremblait de la tête aux pieds. Il n'avait pas pour habitude d'avoir peur, ni d'être effrayé, toutefois aujourd'hui était différent. À l'avant de la voiture, une femme à la longue chevelure rousse conduisait violemment, ses mains étaient crispées autour du volant, rendant les jointures de ses mains entièrement blanches. Jeongin ne comprenait pas grand-chose, néanmoins il savait qu'il avait fait une erreur. Il n'aurait pas dû partir avec elle. Il aurait dû attendre son frère, comme tous les jeudis, et ne pas la suivre. Elle paraissait pourtant gentille, il y a de cela une heure. Ou peut-être deux? Jeongin ne savait pas. Il ne comprenait pas. Il avait peur. Il voulait voir son frère, sa maman et serrer son doudou contre lui. Cette femme le terrifiait, il avait peur d'elle. Quand cette dernière lui avait proposé de le suivre pour acheter une glace, le petit à la chevelure ébène avait hésité. Certes, il ne devait pas adresser la parole à des inconnus, ni les suivres sans l'accord de ses parents, mais cette femme au fin sourire lui avait donné son prénom. En possession de son prénom, n'était-elle donc pas à présent quelqu'un qu'il connaissait? Alors il l'avait suivi, fatigué de devoir attendre son frère qui tardait à venir le récupérer. Et bien qu'il eut une glace comme escompté, la femme à la chevelure de feu ne le raccompagna pas à l'école. À la place il était là, à trembler sur la banquette arrière d'une voiture qu'il ne connaissait pas, ses petites mains encore potelées serrant fortement les pans de son pantalon jean. Les paupières lourdes, il regarda toutefois avec attention l'intérieur de la voiture, essayant de capter chaque détail pouvant l'aider à s'échapper. Il était assis à la place du milieu, le véhicule comportant cinq places. L'intérieur de la carrosserie était faites de noir et semblait neuve, et très luxueuse. Oh, elle semblait vraiment luxueuse. Distrait, il passa une main pour effleurer le dessous de ses narines, cherchant à se débarrasser de cette sensation d'inconfort qui l'incombait. Dû aux larmes qu'il avait versé il y a quelques minutes, de son nez s'écoulait un filet de morve - il trouvait ça répugnant à vrai dire, et essaya de le faire disparaître en reniflant, causant une réaction inattendue chez la conductrice. Soudainement, elle vira à droite et la route sembla beaucoup plus austère et sauvage que celle goudronnée où ils se trouvaient auparavant. Surpris par le virage que venait de prendre la voiture, son corps d'enfant fut brutalement projeté contre la portière de gauche, y heurtant sa tête au passage. Puis, ce fut le trou noir.

Jeongin se réveilla trempé, recouvert de sueur. Haletant, il tâtait avec une violence inhabituelle de sa main droite son torse, à la recherche d'une quelconque douleur. Rien. Elle n'était pas là, elle n'était plus là. Un soupir de soulagement le pris alors, ses épaules se détendant peu à peu. Toutefois encore secoué, il se redressa doucement sur son lit, ses mains encore toutes tremblantes, et rapprocha instinctivement ses jambes de son torse, y appuyant ses bras et son visage, apeuré. Il n'osa ouvrir les yeux qu'après avoir compté jusqu'à mille. Devant lui se dressait une obscurité sans fin. Il faisait nuit, comme ce jour-là. Il était effrayé, et se sentait encore trembler de la tête aux pieds. C'était toujours les mêmes souvenirs, ceux de cette fameuse fin de journée et de cette soirée, venant entacher ses nuits de pleurs et de cris semblant aujourd'hui sans fin. Il posa ses mains prises de tremblements répétitifs sur ses tempes, et laissa échapper diverses insultes adressé à cette femme. Dans cette obscurité, il semblait entrevoir sa longue chevelure rousse, ses monstrueuses mains pleines de plaques d'eczéma et sa mine ravie. Il ne voulait pas se souvenir, il ne voulait pas avoir de nouveau affaire à elle. Pas encore, pas alors que tout se déroulait aussi bien ces temps-ci. Sa voix douce semblait s'immiscer sous sa peau, hérissant l'entièreté de ses poils présents sur son épiderme.

STALKER, seunginOù les histoires vivent. Découvrez maintenant