Assise par terre, les fesses posées sur un morceau de carton, la brune observait le ciel bleu. Les nuages flottaient paresseusement, dessinant des formes abstraites dans le ciel. Son esprit était totalement détaché de la situation, absorbé par le jeu d'imaginer des formes avec les nuages au-dessus de sa tête.
Une petite tape sur son épaule la ramena sur terre, et ses yeux croisèrent immédiatement ceux du brun à côté d'elle. Il lui tendait une assiette remplie presque à ras bord. Un léger voile rougeâtre teinta les joues de la jeune brune, qui saisit timidement l'assiette, bien qu'elle n'ait pas vraiment faim après avoir assisté à une violente bagarre impliquant une dizaine de lycéens. Elle joua distraitement avec sa fourchette, les images de la confrontation encore gravées dans son esprit. Le bruit des coups, les cris étouffés, tout cela résonnait encore dans sa tête en boucle.
— Kawano ? Tu devrais manger, lui indiqua Suo en se rapprochant d'elle.
— Je, je n'ai pas vraiment faim..., marmonna Chihiro en reposant son assiette. Je pense que je vais y aller, j'ai quelques courses à faire.
L'envie de s'enterrer six pieds sous terre était très présente pour Chihiro à cet instant. Tous les regards s'étaient tournés vers elle, attirant l'attention sur sa personne pour la première fois de la journée, à son plus grand drame. Elle s'excusa rapidement, malgré les protestations de Umemiya, et quitta la petite réunion improvisée comme si elle était poursuivie par le feu. Oui, fuir était décidément le résumé de toute sa vie.
Tout en avançant le plus rapidement possible, la brune sortit de sa poche une petite liste sur laquelle étaient inscrits quelques aliments à acheter. Ses yeux se plissèrent en entrant en contact avec la lumière éblouissante du soleil, qu'elle n'avait pas vue depuis ce matin.
L'écran de son téléphone indiquait qu'il était à présent un peu plus de onze heures, bientôt midi, et son estomac lui avait bien fait comprendre en poussant des cris de famine. Quelques minutes auparavant, même pour tout l'or du monde, elle n'aurait pas touché à son plat.
Devant elle, les portes du magasin s'ouvrirent automatiquement. Après quelques minutes de marche, la brune avait enfin atteint le magasin qu'elle fréquentait habituellement. Même si elle en avait croisé d'autres en chemin, elle préférait s'en tenir à ses habitudes.
À cette heure-ci, l'épicerie était presque totalement vide de ses clients habituels, ce qui lui laissait le loisir de parcourir les rayons sans se presser. La caissière lui adressa un simple sourire avant de retourner à ses comptes de caisse.
En parcourant les rayons, Chihiro s'arrêta quelques instants devant deux paquets de biscuits. Elle pesait les avantages de chaque choix : l'un avait un emballage aux couleurs vives et semblait plus appétissant, tandis que l'autre affichait une promesse de goût plus traditionnel. Sa main hésitait entre les deux paquets, et elle se perdait dans ses réflexions sur lequel offrirait le meilleur plaisir gustatif.
— Tu devrais prendre ceux-là, ils sont meilleurs !
Chihiro se retourna brusquement, comme si elle avait vu un fantôme. Devant elle se tenait Suo, arborant son habituel grand sourire. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre qu'il l'avait suivie tout ce temps.
— Je t'ai fait peur ? question a-t-il, comme si cette question était essentielle compte tenu de la réaction de sa camarade.
Chihiro se contenta de bégayer une réponse incompréhensible tout en attrapant les deux paquets de biscuits, puis s'éclipsa rapidement au fond du magasin, les joues toujours aussi rouges qu'à son arrivée. Suo la regarda s'éloigner avec étonnement, alors qu'elle tentait de se cacher derrière son sac de courses, une cachette qui, visiblement, ne faisait pas grand effet. Sa prochaine étape était les caisses, où Suo l'attendait avec un grand sourire, sans se soucier du fait qu'elle essayait de le fuir à tout prix.
Après cinq minutes à tourner en rond dans le magasin, cherchant à rester le plus éloignée possible des caisses, et constatant que Suo ne semblait pas avoir l'intention de partir, la brune finit par se résigner à payer ses articles.
Dans un soupir lourd de sens, elle déposa ses articles un à un sur le tapis roulant, tandis que le jeune homme l'observait faire calmement.
— 3219,95 yens, s'il vous plaît, demanda la caissière.
Chihiro lui tendit la monnaie, puis rassembla ses courses dans son sac.
— Merci, au revoir, dit-elle d'une voix rapide avant de se diriger vers la sortie. Suo s'empressa de lui emboîter le pas, la suivant jusqu'à l'extérieur.
— Donne moi le sac, je vais le porter.
— Non, merci, répondit-elle rapidement, serrant un peu plus son sac contre elle. Le sac était bel et bien trop lourd pour elle, et, pour une fois, son visage prit une teinte rouge à cause de l'effort physique plutôt que de la gêne.
Le poids s'envola soudainement en même temps que le sac lui échappait des mains. La brune poussa un cri de mécontentement, ce qui lui valut un sourire taquin du brun, responsable de cette manœuvre.
— Rends-le-moi, je dois le déposer chez moi, dit-elle en tendant la main pour récupérer son sac.
Le brun se contenta de sourire davantage en continuant sa route vers la direction qu'elle lui avait indiquée comme étant celle de son appartement. La petite brune, sur ses talons, hésitait entre s'enfuir en courant ou récupérer ses courses. Finalement, elle opta pour un silence complet, même si ses yeux lançaient des éclairs dans son dos, veillant à ce qu'il ne les voie pas.
Arrivée au pied de l'immeuble, elle se précipita à l'intérieur en récupérant son sac de courses tant attendu, ignorant Suo qui rigolait de son action.
Quelle ne fut pas sa surprise de trouver une paire de chaussures dans l'entrée de l'appartement. Aiko devait sûrement être à l'école à cette heure-ci, et son père était sans doute en pause déjeuner.
— Chihiro ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tu devrais être au lycée, non ? demanda la voix de son père en entendant sa fille rentrer.
— Ah, papa, je suis sortie à midi pour faire les courses, répondit-elle en déposant le sac de courses.
— Dépêche-toi d'y retourner, je vais ranger ça.
Chihiro hocha la tête, échangea une légère accolade avec son père, puis se précipita à nouveau dans la cage d'escalier de son immeuble. À travers la porte en verre, elle pouvait apercevoir la silhouette de Suo, qui avait sans doute attendu tout ce temps.
Le brun se saisit du bras de sa camarade dès qu'elle franchit la porte extérieure. Chihiro se sentit rougir en quelques secondes, surprise par la proximité inattendue.
— Mais, o-ou est-ce qu'on va ? demanda-t-elle.
— On rejoint les autres au Pothos, ils nous attendent là-bas ! répondit Suo avec un sourire enthousiaste.
Le trajet fut un supplice pour la brune, qui se laissait traîner comme un petit enfant de maternelle incapable de se repérer jusqu'au café. Leur arrivée ne passa pas inaperçue ; bien au contraire, Kotoha, la brune au carré dont Chihiro se souvenait, s'empressa de venir lui parler dès qu'elle la vit entrer.
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Voici le neuvième chapitre de l'histoire. J'espère qu'il vous plaît. N'hésitez pas à partager vos avis et impressions ci-dessous ; je les lirai avec attention.
Judith Arroyo
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FIGHT CLUB - hayato suo
FanfictionUne nouvelle année s'annonce pour les élèves de Furin, avec l'ajout de quelques nouveaux venus dans leurs rangs. Parmi eux, Chihiro, toujours vêtue d'un voile de rougeur sur les joues. Les personnages de cette histoire ne m'appartienne pas à part le...