Chapitre 6 - Le Pothos

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    L'odeur enivrante de la friture envahissait l'intérieur du petit café, imprégnant chaque recoin de son arôme appétissant

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L'odeur enivrante de la friture envahissait l'intérieur du petit café, imprégnant chaque recoin de son arôme appétissant.

Traînée de force par ses camarades de classe, Chihiro se trouvait à présent attablée dans ce fameux café à la décoration jugée simpliste mais mignonne par la brunette. Dès leur entrée dans le café, une jeune fille aux cheveux coupés au carré s'était présentée à eux, mais principalement à elle, connaissant déjà ses camarades de classe.

Son regard brun détaillait la jolie serveuse en train de papoter au comptoir avec le géant brun.

Aux côtés de Chihiro se trouvaient le rouquin, le lycéen sauvé un peu plus tôt dans la journée, et Suo, tous assis à la même table en train de déguster les plats préparés par ladite Kotoha. Sauf Chihiro, qui n'arrivait pas à avaler ne serait-ce qu'un morceau de gâteau ; ses yeux marron contemplaient les fenêtres de la petite boutique, par lesquelles on pouvait apercevoir la légère agitation du quartier, presque totalement englouti par la nuit.

L'écran de son téléphone s'illumina, révélant un message texte de son père lui demandant ce qui lui était arrivé, vu l'heure tardive et son absence de l'appartement.

- Tu ne manges rien ? questionna le brun assis à côté d'elle en observant son air à présent inquiet.

- Non, bégaya-t-elle en fixant la porte menant vers l'extérieur. Je ... je vais y aller ... il commence à se faire tard, et ...

Sa phrase mourut dans sa gorge, alors que tous les regards se tournaient vers elle.

- Dans ce cas, à un de ces jours, Kawano ! N'hésite pas à repasser ici dans la semaine, salua Kotoha depuis derrière son comptoir, les mains plongées dans l'évier en train de faire la vaisselle.

La brune lui rendit un signe de tête avant de se lever et de quitter le café presque en courant, accélérant dès que la porte fut franchie.

- Kawano, interpella Suo, son grand sourire habituel collé au visage en se levant à sa suite. Je te raccompagne, ne rentre pas seule si tard, voyons.

- Non, non merci, refusa la brunette en faisant une courbette polie à l'intention de son camarade. Je vais juste rentrer, ne vous inquiétez pas pour moi.

- C'est sur mon chemin, ne t'en fais pas.

Sa timidité lui cria d'arrêter toute discussion en cours et de reprendre son chemin, chose qu'elle fit sans prêter plus d'attention au jeune homme au cache-œil qui se mit à la suivre jusqu'à arriver à sa hauteur.

- Je ne savais pas que tu habitais par ici, remarqua le lycéen en observant le quartier dans lequel les deux adolescents venaient de pénétrer.

- Euh, on vient d'emménager en fait ...

Tout comme son camarade, la lycéenne se laissa aller à la contemplation du ciel nocturne aux couleurs dégradées. Le son des moteurs était devenu obsolète, laissant place à l'agréable clapotis de l'eau émergeant de la fontaine du parc que les deux adolescents traversaient en ce moment même.

L'heure était bien trop tardive pour que des enfants traînent dans le parc, laissant pour seuls habitants de l'espace vert quelques chats et chiens errants à la lumière des lampadaires.

- Hum, c'est ici... chuchota Chihiro, rougissant jusqu'aux oreilles en se rongeant les ongles, son habituel tic nerveux.

- À demain, Chihiro, la salua poliment le garçon. Je t'attendrai ici demain matin, tu ne te perdras pas au moins !

Cette remarque fit bégayer davantage l'intéressée, qui prit la couleur d'une tomate, cherchant autour d'elle une échappatoire d'urgence pour refuser sa proposition.

- Hein, euh, non, ne vous en faites pas, Suo-san, je saurai trouver mon chemin, insista-t-elle, le feu aux joues.

- Suo-san ? Appelle-moi Suo voyons, et ne me vouvoie pas !

- Non merci, refusa Chihiro avec un ton bien plus confiant qu'elle n'aurait jamais imaginé posséder. Je préfère comme ça, à vrai dire.

- Dans ce cas, je t'attendrai ici, comme prévu, demain matin.

Chihiro rouspéta dans sa barbe, morte de honte mais bien trop réservée pour contredire le jeune homme. Elle se contenta de franchir le portail de sortie du parc pour rentrer dans le hall de l'immeuble.

Ce fut avec désespoir que Chihiro constata la panne de l'ascenseur, l'obligeant à emprunter les escaliers pour couronner sa journée des plus désastreuses.

- Je suis rentrée, lança-t-elle passivement en retirant ses chaussures dans l'entrée de l'appartement des Kawano.

- Jeune fille, pour l'amour du ciel, où étais-tu passée ? tonna la voix de son père à travers le salon.

- Je ... j'ai nettoyé la classe à la fin de la journée avec mes camarades, et puis ils m'ont proposé de prendre un goûter. Je n'ai pas vu l'heure, je suis désolée, papa ...

Plutôt forcée ...

- Je laisse passer cette fois-ci, mais préviens moi au moins la prochaine fois.

- Oui, papa.

Sans attendre davantage, la brune regagna sa chambre d'adolescente avec hâte. Dans un soupir d'agacement, elle s'effondra sur son lit douillet, libérant toute la pression accumulée au cours de la journée.

Très rares étaient les fois où elle mentait délibérément à son père, et encore moins pour des choses aussi graves. Mais cette fois-ci, c'était comme si elle s'était sentie obligée de le faire. En seize ans d'existence, et presque autant dans le système scolaire japonais, jamais elle n'avait été aussi bien accueillie, que ce soit dans une classe ou dans un établissement scolaire.

Le téléphone de Chihiro fut lancé à travers sa chambre, atterrissant sur son tabouret moelleux. Son bras se balança mollement dans l'air, tandis que son regard marron errait sur le plafond blanc, dépourvu de motifs, de sa chambre.

Dans un grincement typique et peu discret, sa porte s'ouvrit sur Aiko, qui tentait de se faire discrète sans grand succès.

- Pourquoi tu rentres dans ma chambre ? grogna la brune en plongeant sa tête dans son oreiller.

- J'ai pas le droit de voir ma sœur préférée ?

La plus jeune des Kawano s'approcha de sa sœur à pas feutrés, un air malicieux collé au visage.

- Alors, papa a dit que t'étais rentrée tard ? Qu'est-ce que tu faisais ? questionna la petite brunette d'un ton chargé de sous-entendus.

Chihiro soupira en regardant le visage de sa sœur, penché vers elle, avec son air faussement angélique habituel collé au visage.

- Laisse moi, et sors de ma chambre, ordonna la lycéenne. Et ferme la porte après toi !

Sa demande, ou plutôt son ordre, fut accompagnée d'un coussin lancé à toute vitesse en direction de sa sœur, qui l'évita en se plaignant ouvertement de l'attaque surprise qu'elle venait de subir.

- Et tu veux pas manger ? questionna Aiko, derrière la porte après dix minutes de silence, envoyée par leur père.

- Non, j'ai pas faim, je vais juste dormir.

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Bonjour,

Comme promis, voici le chapitre numéro six. J'ai eu énormément de mal à l'écrire, mais avec beaucoup de persévérance, le voici enfin.

N'hésitez pas à me faire part de vos avis sur ce chapitre. Comme d'habitude, le chapitre sept arrivera bientôt !

Judith Arroyo

FIGHT CLUB - hayato suoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant