l'Ombre d'un Amour

Chapitre 6 : Le Labyrinthe de l'Attente

Mon amour,

L'attente est devenue une compagne silencieuse de mes jours, une ombre qui s'étend au fil du temps. Chaque matin, en ouvrant les yeux, je me demande si aujourd'hui sera le jour où tout changera. Si aujourd'hui, d'une manière ou d'une autre, nos chemins se croiseront enfin pour de vrai, non plus en tant qu'inconnus, mais en tant qu'êtres liés par quelque chose de plus grand, de plus profond. Pourtant, chaque jour se termine de la même manière, avec cette même question qui demeure sans réponse, et je me perds un peu plus dans le labyrinthe de l'attente.

Cette attente, elle est devenue une partie de moi. Elle me définit presque autant que cet amour que je te porte en secret. Elle est à la fois douce et cruelle, remplie de promesses non tenues et d'espoirs jamais réalisés. Parfois, je me surprends à l'apprécier, cette attente, car elle contient encore la possibilité du rêve. Tant que j'attends, tout est encore possible. Tant que je n'agis pas, je peux imaginer que, quelque part, une issue heureuse existe.

Mais d'autres jours, cette attente me ronge, elle me consume de l'intérieur. Chaque moment sans toi est une éternité, chaque seconde une torture douce, un rappel constant de ce que je n'ai pas. Je me demande alors combien de temps encore je pourrai tenir ainsi, combien de jours, de semaines, de mois je pourrais encore passer à espérer en silence. Combien de temps encore je supporterai de vivre à moitié, dans un entre-deux qui n'est ni totalement de l'amour ni totalement de l'oubli.

J'ai pensé à te suivre, à me rapprocher de toi d'une manière plus directe. Te voir de loin ne me suffit plus, et parfois, je me dis que si je pouvais être plus proche, simplement être dans ton quotidien, les choses changeraient peut-être. Peut-être que, d'une manière ou d'une autre, tu commencerais à me remarquer, à te demander qui je suis, et ce que je fais là, dans l'ombre de ta vie.

Mais l'idée me terrifie autant qu'elle m'attire. Parce que cette proximité pourrait aussi tout détruire. Que se passerait-il si, en m'approchant, je découvrais quelque chose que je préfère ignorer ? Si je voyais dans ton regard une indifférence totale ? Ou pire, une gêne ? Serais-je capable de continuer à t'aimer en silence après cela, ou bien tout cet amour s'effondrerait-il sous le poids de la réalité ?

Alors, encore une fois, je choisis l'attente. C'est un choix par défaut, celui que l'on fait quand on n'a pas la force de décider autrement. Je me persuade que cet amour, bien qu'invisible pour toi, est suffisant pour me porter. Que cette attente, aussi longue soit-elle, finira par être récompensée, d'une manière ou d'une autre. Peut-être pas de la façon dont je l'imagine, mais d'une façon qui apportera, enfin, un peu de paix à mon cœur agité.

Mais en attendant, je reste prisonnière de ce labyrinthe. Chaque détour, chaque décision me ramène inlassablement au même point de départ : toi, toujours toi. Tu es le centre de cet univers que j'ai construit autour de toi, un univers où chaque pensée, chaque désir, chaque rêve converge vers ton visage, ton sourire, ce regard que je ne peux atteindre.

Ce labyrinthe est mon refuge, mais aussi ma prison. Il me protège de la réalité tout en m'empêchant de vivre pleinement. Et malgré tout, je m'y perds volontairement, encore et encore, incapable de trouver la sortie, ou même de la chercher vraiment.

Peut-être que je finirai par comprendre que l'attente elle-même est une illusion. Que cet amour silencieux n'est qu'un reflet de mes propres peurs, mes propres hésitations. Mais ce jour n'est pas encore venu. Aujourd'hui, je continue à espérer, à rêver, à te regarder de loin. Et peut-être, juste peut-être, que demain apportera avec lui une lueur d'espoir que je n'avais pas anticipée.

Avec toute la patience que je m'efforce de conserver,

Une inconnue