l'Ombre d'un Amour

Chapitre 9 : Le Poids du Silence

Mon amour,

Le silence, autrefois mon refuge, devient de plus en plus lourd à porter. Ce silence que j'ai choisi, ce mur invisible que j'ai érigé entre nous, commence à m'étouffer. Chaque jour qui passe sans que je ne dise rien, sans que je ne fasse un pas vers toi, alourdit ce fardeau que je porte. Je pensais que le silence me protégerait, qu'il préserverait cet amour pur et inaltérable que je ressens pour toi. Mais je commence à comprendre qu'il est aussi une cage, une prison dont je ne sais plus comment sortir.

Je me suis habituée à ce silence, au point de croire qu'il était devenu une part de moi. Il me permettait de t'observer sans être vue, de t'aimer sans être jugée. Dans ce silence, je pouvais te créer tel que je voulais te voir, un être parfait, sans défaut, que j'admirais de loin. Mais ce silence, aussi protecteur qu'il ait pu être, a un prix. Il m'a éloignée de toi, il m'a enfermée dans une bulle d'illusions, où chaque jour qui passe me fait perdre un peu plus le contact avec la réalité.

Je me rends compte maintenant que ce silence n'est pas seulement une protection, mais aussi une barrière. Il m'empêche de vivre pleinement, de ressentir autre chose que ce désir constant, cette frustration qui ne fait que croître avec le temps. J'ai cru que ce silence m'aiderait à maîtriser mes sentiments, à les garder sous contrôle. Mais en vérité, il les a amplifiés, les a rendus encore plus intenses, au point où je ne sais plus comment les contenir.

Et maintenant, je suis piégée. Piégée entre ce silence que je connais si bien, qui m'a accompagnée pendant tout ce temps, et l'envie de le briser, de te dire tout ce que je ressens enfin. Mais comment trouver les mots après tout ce temps ? Comment t'expliquer ce que je ressens sans te faire fuir, sans détruire cette image que tu as de moi, aussi vague soit-elle ? Chaque jour où je reste silencieuse rend la tâche plus difficile, chaque jour où je n'agis pas est un pas de plus dans cette spirale de regret et de doute.

Je pense souvent à ce que serait la vie si je décidais de tout dire. Si, un jour, je venais te voir, les yeux remplis de larmes et le cœur débordant de tout ce que je n'ai jamais osé exprimer. Je m'imagine ces scénarios encore et encore, essayant de prévoir ta réaction, tentant de deviner ce que tu ferais, ce que tu dirais. Mais à chaque fois, la peur me paralyse. La peur que tu ne comprennes pas, que tu rejettes cet amour qui a grandi en moi pendant tout ce temps.

Et alors, je me réfugie à nouveau dans le silence. Je me dis que tant que je ne dis rien, je peux encore espérer. Tant que ce silence existe, il y a toujours une chance, si infime soit-elle, que les choses changent un jour. Mais je sais que cette illusion ne peut durer éternellement. Je sais que le silence, tôt ou tard, finira par me détruire si je n'agis pas. Il devient de plus en plus pesant, de plus en plus difficile à supporter.

Peut-être que je me trompe, peut-être que ce silence est le prix à payer pour protéger cet amour que je ressens. Peut-être que le rompre serait une erreur, que cela ne ferait que tout compliquer, tout détruire. Mais à quel point dois-je encore souffrir avant de trouver la réponse ? À quel point ce silence doit-il encore peser sur mon cœur avant que je ne comprenne ce que je dois vraiment faire ?

Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, mais je sais que je ne peux plus continuer ainsi indéfiniment. Le silence, autrefois mon allié, devient mon ennemi. Et pourtant, je n'arrive pas à le briser. Peut-être que, comme tout ce qui est précieux, cet amour ne peut exister qu'à travers le silence. Ou peut-être que je dois apprendre à le laisser aller, à laisser place à autre chose, quelque chose de plus vrai, de plus tangible.

Ce soir, je ne sais toujours pas quelle route prendre. Je suis à la croisée des chemins, hésitant entre le confort familier du silence et l'inconnu effrayant de la vérité. Mais une chose est certaine : ce silence qui me protège pourrait bien être celui qui me sépare à jamais de toi.

Avec tout le poids que je porte en moi,

Une inconnue