Prologue

636 30 45
                                    

**2016**

- Vous semblez particulièrement absorbé par cette œuvre. Vous vous intéressez à l'art subversif, alors ?

Jordan, un peu pris de court par cette intrusion, hésita un instant avant de répondre sans se détourner de l'œuvre :

- Euh... pas vraiment. Je suis plutôt là pour... le relationnel. On m'a invité, alors je fais acte de présence. Ce genre d'art, je... je suppose que ça me laisse un peu indifférent.

Gabriel se rapprocha, souriant légèrement.

- Vous ne trouvez pas que ce tableau de Dalí est fascinant par sa représentation des péchés capitaux ? L'argent, la luxure, l'ambition... On y voit tout cela, non ?

Jordan, un peu mal à l'aise, tourna légèrement la tête pour jeter un coup d'œil à l'homme qui venait de se glisser à ses côtés.

- Ah oui ? Et... comment cela se traduit-il selon vous ?

Gabriel se pencha vers le tableau, laissant sa voix se faire plus douce et posée.

- Regardez comment les tentations de Saint Antoine sont personnifiées ici. L'argent est représenté par ces figures de trésors déformés, la luxure par ces formes sensuelles et provocantes. Et l'ambition, elle est là, dans ces trompettes de renommée à l'arrière-plan, symbolisant la quête de gloire et de pouvoir. Ce tableau raconte le combat d'une une âme dévote contre ses tentations.

Jordan fixa à nouveau le tableau, son expression devenant plus songeuse, comme s'il essayait de voir l'œuvre à travers les yeux que son jeune compagnon lui avait prêtés.

- Vous voulez dire que ce tableau... reflète en quelque sorte les mécanismes du pouvoir, même dans le monde politique ? demanda-t-il timidement.

Gabriel lui offrit un sourire encourageant.

- Exactement. Les péchés capitaux représentés ici sont la métaphore des ambitions et des désirs qui peuvent manipuler et dominer l'esprit. Tout comme ces figures démoniaques exercent une emprise sur l'esprit de Saint Antoine.

Jordan sourit légèrement, ses yeux trahissant un mélange d'intérêt et d'incertitude.

- C'est... une perspective intrigante. Peut-être que cette œuvre a plus de crédit à mes yeux grâce à votre interprétation.

Gabriel, avec un regard espiègle, répondit :

- Peut-être. Ou peut-être que vous êtes simplement plus impliqué dans ce monde que vous ne l'admettez. Je crois que nous avons des intérêts politiques assez divergents, mais c'est ce qui rend les discussions plus intéressantes, n'est-ce pas ?

Jordan rit doucement, un peu rassuré par la bienveillance de son contemporain.

- Absolument. Mais je... je me demande surtout pourquoi vous avez décidé de m'aborder. Vous n'êtes pas venu dans le seul but de jouer au professeur, je suppose.

Gabriel hocha la tête avec un sourire.

- On commence à entendre votre nom dans les sphères politiques, Monsieur Bardella. Je prends de l'avance. Enchanté de faire votre connaissance.

Jordan, surpris et flatté, se détourna enfin de la toile pour fixer Gabriel, tentant de lire dans ses intentions avec un mélange de curiosité et un reliquat de méfiance.

Finalement, il sourit, d'un sourire qui manquait d'assurance, comme s'il essayait de masquer sa gaucherie.

- Enchanté également, Monsieur Attal.

Gabriel, légèrement surpris de réaliser que Jordan l'avait identifié dès le début de leur conversation sans rien en laisser paraître, ressentit une légère tension monter en lui, sans pouvoir se l'expliquer.

Sur cette note, il prit congé, se disant que celui qu'on lui avait présenté comme le futur toutou de Marine Le Pen ne semblait pas aussi nigaud qu'on le lui avait laissé entendre, mais qu'il était peut-être trop fragile pour le monde où il cherchait à s'immiscer.

***

Une fiction qui vient un peu tard, mais je lis beaucoup trop de bardattal pour ne pas écrire celui que j'imagine tous les soirs avant de dormir mdr.

Le prologue se situe en 2016 avant que Bardella ou Attal ne soient des personnalités influentes, mais au chapitre 1 on revient en 2024.

Le tableau qui m'a inspiré en média.

TentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant