Chapitre VII : Enfer sur l'Échiquier

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TW : je n'aime pas le principe de trigger warnings, mais n'hésitez pas à faire une pause ou sauter un peu si c'est trop. rappel que l'histoire est destinée à un public adulte.

Il y'a une chanson dans ce chapitre, n'hésitez pas à la mettre en même temps que Gabriel pendant votre lecture.

***

De retour dans le salon, Gabriel chercha immédiatement Stéphane des yeux. Chaque pas résonnait comme un écho des interactions de la soirée. Oh, pas celle avec Weil ; il en fallait plus que ça pour désarçonner un Gabriel qui avait vu toutes les forces gravitationnelles du pouvoir s'essayer à l'absorber. D'ailleurs, la mission Weil était finalement en bonne route, mais ce qu'il tentait d'effacer, c'était la marque invisible laissée par Jordan. Une tension diffuse parcourait sa nuque, refusant de s'évanouir, et son corps était traversé ça et là de frissons.

« Concentre-toi. »

Gabriel balaya la pièce du regard et expira lentement, cherchant à se ressaisir. À cet instant, il ne désirait rien de plus que retrouver Stéphane, celui qui pouvait lui rappeler la valeur de tout ce qu'ils avaient construit ensemble. Il savait que leur relation était précieuse ; il avait juste besoin que Stéphane lui montre que... ce qu'ils avaient était suffisant.

À peine cette pensée traversa-t-elle son esprit qu'une coupe de champagne apparut dans son champ de vision, tenue par de longs doigts malheureusement si familiers.

« Encore lui... » pensa-t-il avec une irritation croissante.

Jordan Bardella apparut devant lui, flegmatique et souriant.

« Pas deux fois dans la même soirée, » décida Gabriel.

Il se redressa, ses yeux se posant sur Jordan, glaciaux. Pourtant, son cœur battit un peu plus vite.

- Assez fougueuse, la conversation avec Séjourné tout à l'heure, non ? fit remarquer le plus grand avec un sourire en coin.

- J'imagine que tu trouves ça divertissant, Jordan. Espionner les disputes des autres, c'est une activité à la hauteur de tes ambitions ?

- Ne sois pas amer, Gabriel. Tu n'as pas raconté à Séjourné comment nous réglions nos différends à l'époque ? dit-il, ses yeux cherchant l'effet de ses paroles sur le visage de sa cible.

- Non. Nous, on est un vrai couple. On communique, répondit celle-ci sans vaciller, d'un ton tranquille, le regard hautain, presque dédaigneux.

Jordan tiqua légèrement, et Gabriel, remarquant cela, laissant un sourire en coin étirer ses lèvres.

- Tu peux te mentir à toi-même, Gabriel, ça m'est égal, reprit Jordan d'un ton un peu brusque, dis à Séjourné que je compatis. Ce n'est pas facile de gérer quelqu'un comme toi. Peut-être que la prochaine fois, je t'apporterai quelque chose de plus fort que du champagne pour calmer ta fougue.

À la grande surprise du chef du RN, Gabriel se rapprocha, se mit sur la pointe des pieds, ses lèvres frôlant presque son oreille. Le Premier ministre ne manqua pas le frisson qui parcourut Jordan, et son sourire s'agrandit, puis dans un murmure empoisonné :

- Je sais que je te manque, mais ma fougue est réservée à mon mari.

Sur ce, il rendit la coupe intacte, son rictus toujours scotché en travers du visage, son regard brillant d'une lueur résolue.

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