Chapitre I : L'échiquier Politique

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Le plateau télévisé baignait dans une lumière froide, accentuant la tension palpable entre les deux hommes.

Gabriel Attal, les traits tirés, excédé par les propositions économiques absurdes du RN, lança d'une voix tranchante :

- Il est assez fascinant de vous entendre parler d'économie aujourd'hui quand on se souvient de vos prises de position passées, Monsieur Bardella. Le RN a montré son incapacité à avoir un cap clair ! Vous vouliez quitter l'Union européenne, puis non, sortir de l'euro, puis non ! Votre parti change de direction comme une girouette au vent. La véritable question est : quand mentiez-vous, avant ou maintenant ?

Jordan Bardella sourit légèrement, un sourire qui ne touchait pas ses yeux.

- Restez élégant, Monsieur Attal.

Gabriel tenta de répliquer, mais Jordan le coupa d'un ton plus ferme :

- Non, restez élégant, Monsieur Attal. Vous parlez d'incohérence, mais vous êtes mal placé pour donner des leçons. Expliquez donc à nos téléspectateurs pourquoi vous avez trahi vos idéaux d'autrefois. Tout ça pour échouer ailleurs. Si j'avais votre bilan, je serais humble.

Gabriel Attal se redressa sur son siège, son regard se durcissant. Sous la table, ses poings se serrèrent. Il sentait la colère et la frustration monter en lui comme une boule d'épines en travers de la gorge. Ce débat n'aurait jamais dû avoir lieu. Être confronté à celui qu'il avait autrefois soutenu, qu'il avait formé, le rendait fou de rage.

- Monsieur Bardella, vous semblez obsédé par mon départ du Parti Socialiste, mais permettez-moi de clarifier : les choix politiques évoluent avec les réalités du moment. Le Parti Socialiste, autrefois porteur d'espoir, est devenu incapable de répondre aux défis du XXIe siècle. J'ai choisi de travailler pour donner à la France une place dans l'économie mondiale.

Bardella le regarda d'un air ironique à peine voilé.

- Ah, donc quand c'est vous qui changez de cap, c'est pour vous adapter aux réalités. Mais quand le RN ajuste ses positions, c'est de l'opportunisme ? Il laissa échapper un rire amer. Vous avez raison, Monsieur Attal, il est fascinant de voir comment certaines personnes ont des opinions à géométrie variable.

Gabriel détourna les yeux, cherchant à apaiser sa colère. Il reprit avec une fermeté renouvelée :

- Vous pouvez essayer de détourner la conversation, mais cela ne change rien à vos incohérences. Les Français ont besoin de savoir à qui ils ont affaire. Et avec vous, c'est toujours flou.

Jordan, un éclat de mépris dans les yeux, se pencha légèrement en avant.

- Je ne suis pas ici pour vous plaire, ni à vous, ni à Bruxelles, ni à vos amis de la finance. Moi, Premier ministre, je serais celui de la paix fiscale. Exonérer d'impôts les moins de trente ans, c'est permettre à notre jeunesse de rester en France. Vous allez me dire qu'il n'y a pas beaucoup de jeunes qui payent l'impôt sur le revenu, mais...

- Vous, par exemple.

Les lèvres du Premier ministre s'étirèrent en un sourire malicieux.

Jordan cligna des yeux, surpris par la réplique, avant de se ressaisir.

- Pardon ?

- Vous avez 28 ans, non ? Ça veut dire que vous allez vous auto-exonérer d'impôts. Je vous dis ça, Jordan Bardella, parce que je ne comprends pas votre proposition. La justice fiscale, c'est qu'on paye selon son revenu, pas selon son âge.

- Vous déformez mon propos. Avec vous, Monsieur Attal, nous avons le niveau de prélèvements obligatoires le plus élevé de l'OCDE. On paye toujours plus pour avoir toujours moins. C'est le résumé de votre politique.

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