Chapitre IV : Echec Et Damnation

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Gabriel s'éloigna, son esprit oscillant encore entre la satisfaction d'avoir ignoré Jordan et la conscience que ce dernier ne serait jamais vraiment loin, même au milieu de cette foule mondaine. Ignorant le regard brûlant du président du RN sur son dos, il se concentra sur M. Weil. C'était la prochaine étape.

Il se dirigea vers l'homme d'affaires, portant en lui l'étrange éclat de l'interaction précédente. Il savait que, maintenant qu'il s'était prêté au jeu, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Cette coupe de champagne inclinée avait marqué un tournant.

Tout en avançant, Gabriel préparait mentalement son approche.

Lorsque Weil posa ses yeux gris sur l'invité de marque, il s'excusa auprès de sa compagnie et rejoignit Gabriel à mi-chemin. L'homme avait une stature imposante, des cheveux poivre et sel, et portait un costume trois pièces impeccable, agrémenté d'un nœud papillon qui, malgré son élégance apparente, trahissait une sophistication acquise plutôt que naturelle.

- Ah, Monsieur le Premier Ministre, lança Weil d'un ton poli, mais voilé de curiosité. Quelle agréable surprise de vous voir ici ce soir. J'espère que vous passez une bonne soirée.

- Une soirée des plus agréables, en effet. Et vous, Monsieur Weil, comment allez-vous ? Et votre fille, Camille, elle va bien ? Il me semble qu'elle a récemment terminé ses études.

Weil esquissa un sourire.

- Camille et moi-même allons bien, merci de demander. Elle termine effectivement ses études en relations internationales et nourrit de grandes ambitions dans la diplomatie. Vous savez comme ces domaines peuvent être... très compétitifs.

Gabriel jubila intérieurement. « La perche est tendue, à moi de m'en saisir ou non. »

Il haussa légèrement les sourcils, fit mine de réfléchir, puis, laissant transparaître une légère note de sollicitude dans sa voix :

- La diplomatie est un domaine exigeant, mais avec les bons appuis, je suis convaincu que Camille saura se faire une place. Je connais quelques personnes qui pourraient l'aider à franchir les premières étapes.

Weil acquiesça d'un air entendu.

- Ce serait extrêmement apprécié, Monsieur le Premier Ministre. Camille a toujours eu une admiration particulière pour votre parcours.

- Je ferai en sorte de lui rendre cela possible, répondit Gabriel avec un sourire.

Ils échangèrent quelques banalités supplémentaires, les mots polis masquant la danse subtile des intérêts partagés et des faveurs futures.

Weil, pragmatique, se tourna à nouveau vers Gabriel.

- Dites-moi, Monsieur le Premier Ministre, vous n'êtes sans doute pas ici seulement pour profiter des coupes de champagne et des bavardages. Que puis-je pour vous ce soir ?

Gabriel inclina légèrement la tête, un sourire décontracté aux lèvres.

- Effectivement, bien que la soirée soit tout à fait réussie, je suis venu pour une raison plus précise. Toutefois, je crains que ce ne soit pas le lieu idéal pour en discuter.

Weil hocha la tête, jetant un coup d'œil rapide autour d'eux, comme pour évaluer les oreilles indiscrètes qui les entouraient. Il sourit, et de sa voix dégagée d'homme bien portant :

- Vous savez que je suis un collectionneur d'art. J'ai quelques nouvelles acquisitions que j'aimerais vous montrer.

D'un geste subtile, Weil invita Gabriel à le suivre à travers une série de salons plus intimes, où la lumière se faisait plus douce et les conversations plus feutrées. Ils arrivèrent dans un salon longiligne discret, abritant une petite galerie privée.

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