Chapitre 13 : Le Baptême du Feu

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Le matin du départ était couvert de brume, ajoutant une lourdeur à l'atmosphère déjà chargée d'appréhension. Les soldats se rassemblaient, vérifiant une dernière fois leur équipement, échangeant des regards silencieux, conscients du danger qui les attendait. Jeanne, cachée sous son identité de Jean, se tenait parmi eux, son cœur battant la chamade. Elle savait que ce moment serait crucial, que son destin se jouerait sur le champ de bataille.

Pierre, son jeune frère, se fraya un chemin à travers les rangs pour la rejoindre. Il marchait d'un pas déterminé, mais son visage trahissait une anxiété palpable. Arrivé à sa hauteur, il posa une main tremblante sur son épaule, attirant son attention. Lorsqu'elle se tourna vers lui, il la prit immédiatement dans ses bras, la serrant contre lui comme s'il craignait qu'elle lui échappe à tout jamais. Ce câlin, bien que bref, portait en lui toute l'affection d'un frère protecteur, mais aussi une profonde inquiétude qu'il ne pouvait plus cacher.

Les bras de Pierre étaient fermes, protecteurs, comme s'ils cherchaient à la garder en sécurité un instant de plus, à la préserver du danger qu'elle s'apprêtait à affronter. Il pouvait sentir les battements rapides de son cœur, résonnant contre sa propre poitrine. C'était une sensation qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps, cette peur viscérale de perdre quelqu'un qu'il aimait profondément. Il inspira profondément, cherchant à se calmer, à trouver les mots justes, mais sa gorge était nouée par l'émotion.

« Fais attention à toi, Jeanne... ou Jean, » murmura-t-il à son oreille, sa voix légèrement brisée par l'effort de contenir ses larmes. « Reviens-moi en un seul morceau. »

Sa voix était teintée d'une tristesse qu'il tentait de masquer, mais elle perçut l'intensité de ses sentiments. C'était plus qu'une simple recommandation, c'était une supplique, un souhait désespéré d'un frère qui savait qu'il ne pourrait pas veiller sur elle comme il l'avait toujours fait. C'était sa façon de lui dire adieu, de la laisser partir tout en espérant qu'elle reviendrait saine et sauve.

Jeanne hocha la tête en silence, les mots lui manquant. Elle sentit sa gorge se serrer, un nœud d'émotion qui l'empêchait de parler. Les larmes menaçaient de couler, mais elle les retint, refusant de montrer sa vulnérabilité à cet instant crucial. Elle savait que son départ était inévitable, que chaque minute passée ici était un moment de plus où elle ne pouvait pas avancer vers son objectif. Pourtant, s'éloigner de Pierre, de ce dernier lien avec sa vie passée, était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé.

Pierre relâcha doucement son étreinte, ses mains glissant le long de ses bras avant de la laisser partir. Il la regarda s'éloigner, le cœur lourd, ses yeux ne la quittant pas. Il se tenait là, figé, incapable de bouger, observant cette silhouette familière se fondre parmi les autres soldats, sachant qu'elle empruntait un chemin dont elle pourrait ne jamais revenir.

De son côté, Jeanne s'éloigna à contrecœur, chaque pas la séparant un peu plus de son frère, de sa vie d'avant, de cette sécurité qu'elle avait toujours connue. Elle sentait encore la chaleur de son étreinte, la réconfortante sensation d'être aimée et protégée, mais elle savait que cela ne suffisait plus. Son devoir l'appelait, et elle ne pouvait plus reculer.

Elle rejoignit les autres soldats, se fondant dans les rangs avec une détermination nouvelle. Sa gorge était encore serrée, ses émotions à fleur de peau, mais elle les refoula avec force, concentrant toute son énergie sur ce qui l'attendait. Derrière elle, Pierre resta immobile, ses yeux fixés sur la silhouette de sa sœur jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement de sa vue. Un mélange de fierté et de peur se disputait en lui, mais il savait qu'il devait la laisser partir, même si cela signifiait qu'il pourrait ne jamais la revoir.

Sous le Manteau de la GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant