Chapitre 16 : Le Réveil du Courage

3 1 13
                                    


Le soleil s'infiltrait timidement à travers les rideaux décolorés de la petite infirmerie de campagne, illuminant faiblement la pièce aux murs blanchis à la chaux. Jeanne se réveilla lentement, son esprit encore embrumé par l'inconscience. La douleur, lancinante et diffuse, était une présence constante, une série de picotements et de brûlures qui envahissaient chaque fibre de son corps. Elle était allongée sur un lit étroit, entourée de draps froissés et de couvertures légères qui, malgré leur fraîcheur, n'apaisaient en rien son inconfort.

Le plafond blanc au-dessus de sa tête semblait se fondre dans le plafond du ciel gris, une étendue uniforme et ininterrompue. Les lampes artificielles, pendues par des fils dénudés, diffusaient une lumière froide et clinique qui créait des ombres étranges sur les murs. Le lieu était étriqué, les meubles rudimentaires et les équipements médicaux épars. Les bancs en bois, les chaises en fer et les armoires métalliques apportaient un sentiment de rudesse à l'ensemble.

Autour d'elle, le bruit des médecins et des infirmières était une cacophonie familière mais lointaine. Les voix étaient étouffées par le brouhaha des machines, le cliquetis des instruments et les murmures des conversations, tous entremêlés dans un fond sonore presque assourdissant. Les médecins, vêtus de blouses blanches tachées de sang et de boue, se déplaçaient avec une efficacité précipitée, leurs gestes habiles et coordonnés trahissant une routine qu'ils avaient répétée des centaines de fois.

Jeanne ouvrit les yeux, et une vague de confusion la submergea. Sa vision était encore trouble, sa tête pesante comme si elle avait été immergée sous l'eau. Les visages flous des soignants se mouvaient en arrière-plan, leurs traits indistincts et leurs voix déformées par le brouillard de sa conscience. Les bandages enroulés autour de sa poitrine et de son épaule lui rappelaient la gravité de ses blessures. Chaque mouvement était accompagné d'une douleur aiguë qui l'incitait à rester immobile, comme si son corps avait été brisé en morceaux.

À côté de son lit, une table de chevet supportait un vase d'eau tiède avec quelques fleurs fanées, un maigre réconfort dans ce lieu stérile. Les odeurs de désinfectant et de médicaments flottaient dans l'air, mélangeant une sensation d'hygiène clinique avec une note sous-jacente de souffrance.

Jeanne tourna lentement la tête, cherchant à comprendre où elle se trouvait et ce qui se passait. Les souvenirs de la bataille refirent surface en fragments, les cris des hommes, les explosions, les coups de feu... tout semblait confus, comme un mauvais rêve dont les contours se déformaient à mesure qu'elle essayait de s'en souvenir. La panique monta en elle, la question de savoir si ses camarades étaient en sécurité, et si elle avait réussi à faire une différence.

Alors que son esprit commençait à se remettre en place, elle entendit le pas d'une infirmière qui se rapprochait. L'infirmière, une femme aux traits marqués par des années de service, la regarda avec compassion. Elle lui tendit une enveloppe soigneusement pliée, son regard empreint d'une tristesse douce-amère.

« Félicitations, Jeanne, » dit-elle d'une voix apaisante. « Votre frère vous a laissée ceci. Vous devriez le lire. »

Jeanne, malgré la douleur et la fatigue, prit l'enveloppe avec une main tremblante, l'espoir et l'appréhension se mêlant en elle. L'odeur du papier, un mélange de parfum discret et de poussière, évoqua une touche de normalité dans ce chaos. La lettre écrite par Pierre contenait des mots qui apporteraient une lueur d'espoir dans cette période sombre.

Jeanne déplia lentement la lettre, ses yeux parcourant les mots réconfortants de son frère, découvrant avec émotion que malgré la dureté de la bataille, la victoire était à portée de main, et que ses sacrifices avaient eu un impact significatif.

Sous le Manteau de la GuerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant