Le sang Noir, tome 1 : résonance mortelle

Chapitre 8 - Chiara

Premier quartier, 10 juin 2019

La nuit vient de tomber sur le quartier. Mon frère et mon père m'attendent, installés dans le salon. Je franchis la porte avec des sacs plastiques remplis de vêtements. River me remarque et me lance joyeusement.

— On a fait du lèche-vitrine.

— Détrompe-toi, ce n'était pas mon attention. Après son service, Carolina m'a obligé à aller faire les magasins. Je n'ai pas pu lui refuser.

J'enlève ma veste noire et la range dans le placard, puis m'assois sur le meuble à chaussure pour retirer mes bottes. Des pas se rapprochent de moi. Ma tête se redresse, mes iris croisent ceux enjoués de River. Ses lèvres s'étirent lorsqu'il fouille dans mon premier sac. Il y sort une jupe plissée bleu marine afin de faire semblant de l'enfiler.

— Tu crois qu'elle m'irait bien ?

Je ricane. Celui-là est toujours en train de faire l'idiot. Il a dû comprendre que ma journée – ma petite visite au manoir des Zoldik, puis mes séances d'essayages avec Carolina – n'a pas été reposante.

Fatiguée, mes yeux commencent à se fermer. Je reste assise sur le meuble à chaussure inconfortable jusqu'à que River m'agite une de mes petites culottes sous le nez.

— Ma charmante petite sœur aime les bouts de tissus maintenant ? C'est pour parfaire ton rôle au sein de la famille Zoldik ?

— T'es qu'un Idiot, rétorqué-je en lui retirant mon sous-vêtement de ses mains.

Je la fourre dans un sac, puis me redresse et lance un regard à mon père. Ce dernier, installé dans son fauteuil avec son ordinateur sur les genoux, affiche un air amusé. Dès lors où il s'aperçoit de mes iris fixés sur lui, il redevient stoïque avant de balancer d'une voix ferme.

— River arrête d'embêter ta sœur.

Mon frère repose les tenues qu'il avait entre les mains, puis part chercher à manger. Il se retourne et me demande d'un air sérieux.

— Chocolat ?

J'acquiesce. Mon père, habillé d'un pull beige et un jean noir, abaisse partiellement son écran. Ses cheveux châtains sont décoiffés comme s'il avait glissé ses doigts dedans. Ses yeux marron comme ceux de River sont chargés d'intelligence et d'amour.

Je l'adore, il me protège, me donne des cours, m'apprend à me battre. Surtout, il écoute mes confidences et tente de me réconforter à chaque difficulté.

Mes pas m'approchent de lui, mes fesses se posent sur l'accoudoir au moment où mes bras se croisent.

Mon regard se dirige vers son écran à moitié baissé où un schéma architectural d'un garage, peut-être celui du manoir, y est affiché.

Que fabrique-t-il ?

Il tourne son ordinateur vers moi.

— C'est le plan de construction d'une pièce de la résidence des Zoldik ? le questionné-je en fixant le fichier.

— Oui, je l'ai reçu de mon contact. Je recherche activement une stratégie pour te secourir en cas de danger.

Toujours absorbée par le plan de construction, mes oreilles n'écoutent pas la fin de sa phrase et mon cerveau continue de s'intéresser à ce mystérieux indicateur.

Serait-ce Béatrice ?

Étrange.

Comment a-t-il réussi à obtenir ce plan ? Me cache-t-il aussi une information essentielle ?

Je secoue la tête et lève les yeux vers ceux de mon père, attendant ma réaction. Aucune réponse ne me traverse l'esprit. Mon cerveau est comprimé par la multitude d'images et d'informations retenues ce matin.