Le sang Noir, tome 1 : résonance mortelle

Chapitre 20 - Ayden

Nouvelle lune, 2 juillet 2019

Après avoir garé la voiture, je sors et me dirige vers le manoir. Pascal, avec en arrière Milton qui a récupéré ses valises, le suit avec son sourire agréable vers les cuisines.

Content de l'avoir aidé, je pénètre dans le salon et bouscule Alexandre, qui se dirige vers les quartiers de Papi-Lou.

— Mon père est arrivé ?

Je hoche la tête.

— Bien, répond-t-il d'un ton froid avant de diriger vers les quartiers de son grand-père.

— Hey ! Qu'est-ce que tu fais ? Tes quartiers ne sont pas là, l'interpellé-je avant de le rejoindre.

Il m'ignore, continue son chemin. Non, mais, il me snobe en plus. Cet énergumène me met en pétard, pas le choix de freiner son élan en l'agrippant par son bras. Il n'a pas besoin de l'influence de la lune pour se comporter comme un salaud. Alexandre s'arrête, baisse la tête et toise ma main tirée sur la manche de son costume gris hors de prix. Je lève les yeux au ciel quand il m'ordonne sur un ton posé.

— Lâche-moi !

Je ressens sa haine et sa folie à travers son regard.

Il a été silencieux durant tout le trajet et voilà qu'à présent il montre son vrai visage.

— Je te conseille de me lâcher sur le champ, si tu ne veux pas que j'abîme ton joli visage de prétentieux.

Je n'ai guère le choix d'obéir. Je le connais, ce mec est un monstre. Il est pire que Papi-Lou dans ses moments de pure folie. Soudainement, mon sang résonne. Saya est là.

Ce n'est pas vrai !

Pourquoi a-t-il fallu qu'elle vienne maintenant ? Surtout avec lui ?

Alexandre se dégage et murmure dans un ton froid.

— Alors c'est elle, Saya. Quel ravissant petit bout de femme ? Hum intéressant. Je comprends pourquoi Shelby la jalouse, elle est d'une rare beauté.

Je reste de marbre. Dans ma tête, je hurle toute ma rage. Je ne croyais pas Shelby capable autant de bassesses, mais je me suis trompé. Je reviens à moi.

Saya se rapproche de nous.

Malgré la présence d'Alexandre, je ne peux pas m'empêcher de lui balancer un sourire. Ses yeux couleur charbon me dévisagent et me provoquent des frissons. Son visage fermé ne montre aucune émotion. Je marche dans sa direction, suivi d'Alexandre qui pointe son regard sur nous. Je m'adresse à elle d'une voix inquiète.

— Saya ! Je t'ai cherché partout. Nadia m'a révélé que tu étais au jardin des roses.

Elle m'observe et s'apprête à me répondre. Le toussotement d'Alexandre brise notre bulle. Je soupire sachant pertinemment ce qu'il veut. Je réprime mon envie de lui mettre mon coup de poing sur son visage, mais je n'en tente rien, préférant faire les présentations.

— Saya, je te présente Alexandre, le cousin de Shelby.

— Saya, enchantée, lui répond Alexandre, charmeur.

Saya recule subitement. Je suis heureux et en même temps, surpris par ce que j'ai brièvement vu dans ses iris : de la haine à l'état brut. Elle devient une personne différente de celle que je connais.

Alexandre balaie son comportement d'une main, comme si son refus ne lui faisait rien. Il doit bouillir de s'être pris un vent. Il ne supporte pas les rejets. Je me place devant eux pour protéger Saya. L'arrogant personnage étire un sourire qui en dit long sur ses pensées. Le souffle de Saya sur mon dos accentue mes envies. La tension entre nous augmente.

Une voix interrompt l'énergie qui crépite autour de nous :

— Ah, te voilà, mon fils.

Nous nous retournons. Nadia accompagne un homme de petite taille portant un long manteau noir et un chapeau. Il se dirige vers nous d'une allure décontractée. Silencieuse, Saya me contourne et laisse cet homme aller à sa rencontre. Je fusille Alexandre, pour lui faire comprendre que je ne le crains pas. Il me lance un clin d'œil amusé avant d'aller rejoindre son père. Je le suis en marmonnant dans ma barbe.

Pascal salue son fils et le serre dans ses bras, il en fait de même avec moi. Alexandre reçoit un appel et nous laisse pour monter à l'étage.

— Bonjour Saya. Je me présente, Pascal, le père d'Alexandre. Ayden ne m'avait en rien exagéré de ta beauté naturelle.

Prise au dépourvue, je sais pas quoi faire à part changer de sujet.

— Enchanté, je suis la remplaçante de Constance, dit-elle timidement.

Il sourit.

— Ayden, mon père est-il dans sa chambre ?

Je hoche la tête. Saya, perplexe, nous dévisage.

— Il doit dormir, j'imagine, murmure-t-il. Merci encore, Ayden, de m'avoir récupéré.

Il quitte le manoir, la mine enchantée. Pascal est vraiment une bouffée d'air frais, comparé à son détestable fils.