Chapitre 22 - Ayden

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Éclipse Lunaire, 3 mars 2008

— Au revoir, les copains, crié-je en leur faisant un signe de la main.

— À plus, Ayden. À demain, s'écrient-ils à leur tour.

Je souris bêtement, leur tourne le dos, replace mon sac sur mes épaules et repars en direction de la rue. Pressé de montrer mon dessin à maman, je trottine sans remarquer où je mets les pieds. La maîtresse m'a dit que j'avais un réel don pour dessiner des images positives, inspirant la joie de vivre. Je suis content, le thème de la séance d'arts a été sur les anges. Je me suis appliquée à reproduire l'ange des histoires que ma mère me racontait quand j'étais petit. Je l'imagine déjà, fière de ma prouesse au moment où elle me serra dans ses bras réconfortants.

Depuis un moment, maman ne se sent pas bien. La tristesse emplit son être et lui fait perdre l'appétit. Même les délicieux gâteaux cuisinés par la mère d'un ami ne lui procurent aucun plaisir alors qu'elle aimait s'en empiffrer. Quand elle n'est pas bien, moi aussi je ne le suis pas.

Je m'arrête devant un passage piéton, une dame en veste orange souffle dans son sifflet et lève son panneau pour me laisser passer. D'un air ravi, je sautille sur les lignes blanches tandis que les gens, assis dans leurs voitures, s'en amusent.

— Rentre bien mon petit Ayden et dis bonsoir à ta maman de ma part.

— Promis, madame. Elle sera contente.

Je regarde ma montre, l'heure s'accélère. Je lui ai promis d'être à la maison à 16 h 30. Je cours, direction le raccourci menant au petit parc.

J'arrive essoufflé, mais à l'heure convenue devant mon chez-moi. Ravi de ma performance, je pénètre à l'intérieur en chantonnant un air familier.

Ma voix résonne dans le salon au moment où j'appelle ma mère. Aucune réponse, elle doit être dehors. Je pose mon cartable, enlève mon manteau et la rejoins dans le jardin. Tous les jours, à la même heure, elle se réfugie dans son potager pour arroser ses légumes.

Je sors par-derrière et marche en chaussette sur l'herbe fraîchement coupée par le voisin. Un jour, quand je serai grand, ce sera à mon tour de tondre la pelouse en compagnie de ma mère. Je l'imagine déjà sur sa petite estrade, avec son grand sourire, un livre en main. Je m'approche du « paradis de maman ».

— Maman.

Étrange, aucune réponse de sa part.

D'habitude, elle sort de derrière un arbre pour s'amuser à me faire peur.

Ce silence m'inquiète et fait palpiter mon cœur à la chamade. Terrorisé, j'appelle encore une fois son nom. Ma voix tressaute à l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose. Dois-je aller chercher le voisin ?

Je cours, trébuche et écrase ses plantes afin d'aller voir au fond du jardin. J'arrive à son endroit préféré et m'alarme de ne pas la voir.

— Maman ! Ce n'est pas drôle. Je ne veux pas jouer à cache-cache. Je t'en supplie, sors de ta cachette, tu commences à me faire peur.

Je crie à pleins poumons et n'obtiens aucune réponse. Attentif aux moindres détails, je scrute les environs. Aucune trace d'elle. À deux doigts de fondre en larmes, j'insiste.

— MAMAN ! ! !

Un faible tintement de bois me stoppe. Mon attention se tourne vers une clôture abîmée. Je baisse les yeux au sol et aperçois des traces de sang que je suis à pas compter. L'odeur de la mort soulève mon estomac, à la fois où ma main se pose par réflexe sur ma bouche. Je ne peux pas croire à la possibilité d'avoir perdu ma maman à tout jamais, mais le corps d'une femme affalée par terre me prouve le contraire.

Ma mère est étendue sur le sol, son visage enfoui dans la terre. J'aperçois son téléphone et son arrosoir, proche d'elle. Le temps s'arrête lorsque mon regard se porte sur une roche, maculée de sang. Anéanti, je tombe à genoux en pleurs et hurle toute ma souffrance.

— NOOON MAMAN !

Le sang Noir, tome 1 : résonance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant