Chapitre 26 - Ayden

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Pleine lune, 16 juillet 2019

Assis sur les marches d'escalier, je respire l'air bienfaisant et laisse les rayons du soleil réchauffer mon visage tourné vers le ciel bleu. Le son harmonieux de l'eau qui s'écoule de la fontaine m'apaise, j'ai la sensation qu'un changement est sur le point de s'opérer. En dépit de toutes ces bonnes choses, je me suis encore pris la tête avec Shelby. Cette dernière continue de venir dans ma chambre sans mon autorisation. Tôt ce matin, elle m'a réveillé en me caressant les cheveux.

J'ai beau lui répéter d'arrêter de se faire du mal, plus les jours passent, plus elle devient câline, possessive et émotive. Je pousse un lourd soupir pendant que mes mains forment une visière pour me protéger de la lumière. À force de rester assis, mes jambes s'engourdissent, il est temps de rejoindre le manoir. Saya vient d'arriver. Elle m'a prévenu qu'elle vivra au manoir jusqu'au retour de Constance.

Je traverse le salon et jette un coup d'œil en direction du couloir qui mène au quartier de Papi-Lou. J'ai le sentiment que nous allons nous voir bientôt.

Je rejoins la cuisine, interromps une discussion animée entre Nadia et Saya.

Quelle est sublime dans sa jupe volante !

À l'instant où elle m'aperçoit, son visage s'éclaire d'un magnifique sourire. Surpris, je contourne l'îlot central sous le regard amusé de Nadia qui sort une tasse du placard et la donne à Saya. Celle-ci la remercie. Je suis content de les voir aussi complices, même si parfois, j'ai l'impression qu'elles se connaissent depuis longtemps. Mon esprit doit me jouer des tours.

— Bonjour, Ayden.

— Bonjour, Saya, comment vas-tu ?

— Je vais vous laisser parler tranquillement, se permet Nadia en retirant son tablier jaune, au fait Saya, le reste de tes affaires ont été montées dans ta chambre. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi sur mon portable, je serais au marché.

Elle la regarde et hoche la tête. Nadia passe devant moi et me tapote gentiment l'épaule.

— Sois aimable avec elle, me murmure-t-elle.

— Promis, je ferais de mon mieux !

Elle garde toujours la conviction que Saya et moi pouvons être ensemble.

Une fois en tête à tête, Saya jette un coup d'œil sur son sac, les épaules haussées. Je prends place sur un siège, face à elle.

— Ta famille voit d'un bon œil ton déménagement ?

Malgré son silence, elle acquiesce tandis que son index dessine un cercle sur la table.

— Mon père a encore du mal à se faire à l'idée que sa fille chérie ne vivra plus chez lui... Quant à mon frère, il me nargue à propos de ma chambre. Il aimerait en faire son bureau. Je ne suis pas dupe, ça le tracasse cette histoire de déménagement.

Perturbé par sa franchise, je m'approche jusqu'à frôler son poignet, mais avant que j'en aie eu le temps, elle remet ses gants.

— C'est pas comme si je vivais indéfiniment au manoir, ce n'est qu'une affaire de quelques semaines, ajoute-t-elle à la recherche d'un sachet de thé.

Elle laisse infuser le thé vert avant de m'en servir une tasse bien chaude.

— C'est pour Louis Zoldik. Aurais-tu la gentillesse de lui apporter, s'il te plaît ? Dis-lui que cela vient de moi, merci, me demande-t-elle d'un ton chaleureux.

Je hoche la tête, lui prends la tasse et frôle sa main gantée. Ses prunelles me scrutent et expriment des sentiments indéchiffrables. Comme aimanté, ma main enveloppe la sienne, je me surprends à apprécier le cuir froid. Cette dernière ne la retire pas, à l'inverse, elle me murmure.

Le sang Noir, tome 1 : résonance mortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant