Le sang Noir, tome 1 : résonance mortelle

Chapitre 17 - Chiara

Nouvelle Lune, 2 juillet 2019

Ce lieu sombre me file la frousse. Le silence résonne avec la sensation de malaise que je ressens au fond de moi. J'essaie d'entrevoir la lumière, mais ne perçois que l'obscurité.

Une voix me demande de venir.

J'ai la désagréable sensation que mes jambes ne m'appartiennent plus. Elles me conduisent jusqu'à cette voix, enfouie dans les ténèbres. Je marche, encore et encore, sans pouvoir maîtriser le moindre mouvement de mon corps. J'essaie d'en reprendre le contrôle, mais la personne qui me guide vers elle est ma marionnettiste.

La peur me fait pousser un cri, celui d'une petite fille que je connais bien.

Elle est là devant moi, habillée de sa jolie robe rose fleurie, et me balance un sourire franc.

Cette gamine, je me souviens d'elle.

Les larmes me montent aux yeux, quand je me rends contre que je suis plongée dans mon passé, celui où je ne savais pas encore quel monstre j'étais. Je ne veux pas revivre ces moments. Non, je ne dois pas rester coincée ici, sinon j'échoue dans mon entraînement pour devenir celle que je suis devenue aujourd'hui. La Chiara de mon enfance me fusille du regard, alors que son air enjoué crée un étrange contraste. Je la dévisage à mon tour avant de détourner les yeux pour les poser sur une ombre.

Je décide de la suivre afin de m'éloigner loin de cette fille. Cette dernière m'interpelle, me pousse à rejoindre ce chemin radieux qui n'est pas celui que je cherche. Est-il irréalisable pour moi d'aller vers cette lumière ? Suis-je destinée à séjourner dans l'obscurité ?

Je sens l'ombre se rapprocher, jusqu'à m'effleurer. Impossible de bouger quand son souffle tiède se dépose sur mon visage. Sa respiration est rapide et profonde à l'instant où elle prend forme humaine. Celle-ci frissonne en même temps que moi. Je me rends compte à travers ses pupilles résignées, que ce spectre ne désire rien d'autre que de mourir.

Soudain, cette ombre prend une apparence familière. Elle ressemble trait pour trait au contaminé du parc. Nous nous dévisageons un moment avant qu'il change de comportement. Sa chevelure devient blanche en même temps qu'il se tord de douleur. Il m'agresse sans avertissement et m'empoigne à la gorge.

Je tente par tous les moyens de me défendre, coup de pied, coup de poings, tout y passe sans succès. Pire encore, le poison que j'infuse à travers mes mains est inefficace. Je suis terrifiée alors qu'il resserre sa prise.

Je commence à défaillir, à tourner de l'œil, je n'arrive plus à respirer. Sur le point de baisser les bras, j'imagine ma dernière heure arrivée quand un hurlement strident retentit. L'homme du parc s'évapore comme par magie. Mes narines hument une odeur de soufre qui émane de nulle part.

À peine avoir soufflé de soulagement, je me retourne et aperçois celui que je voulais inconsciemment rencontrer.

Le blondinet, qui a réussi à ébrécher ma carapace, me regarde de ces magnifiques yeux bleus, luisant de terreur.

Surprise, je ne comprends pas ce revirement de situation. Je ne l'ai jamais vu avec les traits du visage terrifiés et dégoûtés. Je prononce son nom, ce qui en sort, un rire abominable me paralyse. Ce n'est pas moi en face de lui, non, c'est l'empoisonneuse. Mes cheveux sont toujours noirs, ma peau est couverte de tatouage. Je lui hurle de disparaître, quand Instinctivement je comprends qu'elle va le tuer.

Un poignard apparaît au creux de sa main, à la fois où elle lacère sa joue. Un filet rougeâtre, glissant de sa plaie, dénote avec l'obscurité qui émane de ce lieu funeste. Je continue de crier, lui supplier d'arrêter, mais elle ne m'écoute pas. Non, sa lame affûtée tranche l'oreille gauche d'Ayden, lui causant une hémorragie. Aucun son de douleur n'émane de son prisonnier, son visage garde cette expression de dégoût. Alors qu'il se vide de son sang, il ne tente même pas de se défendre, comme s'il était hypnotisé, paralysé.