Chapitre 2

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Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Je déglutis avec peine et me redresse pour m'asseoir. Le soleil ne s'est pas encore levé et la lumière de la lune éclaire faiblement la pièce. Je passe ma main dans mes cheveux et pousse un soupir de frustration.

Je crois que je n'arriverai définitivement pas à m'endormir cette nuit.

Je me lève silencieusement et sors dans le couloir que j'ai emprunté lors de mon premier réveil et débouche dans le hall de la luxueuse demeure. Le plafond s'étend à des mètres au-dessus de ma tête. Deux escaliers en bois vernis descendent jusqu'à l'entrée, éclairés par une rangée de lampes alignées le long du mur. Un énorme lustre en cristal descend entre les deux escaliers sur plusieurs mètres, s'arrêtant au niveau du premier étage.

Le parquet en bois massif est recouvert d'une moquette rouge sangqui se poursuitdans les escaliers, comme les marches du défilé de Cannes.

J'explore les nombreuses pièces du manoir jusqu'à ce que le jour se lève, tombant sur pas moins de cinq salles de bain en marbre, une dizaine de chambre toute d'une couleur différente et décorée avec goût, une salle de sport aux équipements derniers cris et une serre au plafond de verre, permettant d'observer le ciel comme si on se trouvait dehors.

Une odeur de toasts grillés fait réagir mon ventre quand je ressors de la serre, des étoiles dans les yeux. Je suis les effluves machinalement et entre dans une immense cuisine. Une tasse fumante est posée sur l'ilôt central, accompagnée d'une assiette en porcelaine sur laquelle est posée une pile de toasts encore chauds.

Je m'imprègne de l'odeur de nourriture qui règne autour de moi et salive rien qu'en imaginant le goût du pain grillé sur ma langue. Je n'ai presque pas mangé ces derniers jours, depuis mon enlèvement à vrai dire. Je refoule ces mauvais souvenirs et me dirige avec appétit vers le plan en marbre noir de la cuisine et engloutis la quasi totalité du petit déjeuner en une fraction de seconde.

- Prends des forces pour aujourd'hui, on part dans une demie heure.

Je sursaute et renverse mon café sur le plan devant moi. Je rougis jusqu'aux oreilles et m'empresse de nettoyer les dégâts. Un rire grave résonne derrière moi et je me retourne et le trouve assis près du frigo, sa tasse de café posé à côté de lui. Un sourire narquois étire ses lèvres et je fronce les sourcils avant de terminer de nettoyer la tâche.

Je l'entends sauter du plan de travail sur lequel il est assis pendant que je me rince les mains. Son odeur m'enveloppe au moment où je sens sa présence dans mon dos. Ses mains frôlent mes hanches quand il les pose sur l'évier devant moi et m'emprisonnent entre ses bras.

Ma peau se couvre de chair de poule quand son souffle caresse mon épiderme.

- Ne me fais pas attendre, Amaryllis.

Son souffle au creux de mon oreille hérisse mes poils et je me fige en entendant mon prénom en entier. Personne ne m'a appelé comme ça depuis des années. Pas depuis le décès de ma mère. Elle seule m'appelait ainsi. Mon prénom sonnait comme une mélodie dans sa bouche et je n'ai jamais laissé quelqu'un d'autre s'approprier cette partie de ma vie.

Il se rapproche de moi et accentue la pression de son corps dans mon dos pour m'obliger à lui répondre. Mes hanches s'écrasent contre le plan devant moi et mes fesses entrent en contact avec son bassin, me mettant dans une position lourde de sous-entendu.

Un violent frisson s'empare de mon corps et mes jambes se mettent à trembler, menaçant de céder sous mon poids. Incapable de dire quoi que ce soit, je hoche la tête pour mettre fin à ce supplice et une larme glisse sur ma joue quand il se décolle de moi et quitte la cuisine.

TraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant