Chapitre 11

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Je savais que je n'aurais pas dû lui demander de quel type de marchandise il s'agissait, surtout que les mots "trafiquant de drogues" ne sonnent vraiment pas bien dans ma bouche. Ma petite voix fluette et mon air abasourdi quand il me répond ont raison de son sérieux et il éclate de rire, un rire franc qui me ferait sourire aussi s'il ne se moquait pas de moi.

    -  Tu ne croyais pas que j'étais juste gérant d'un bar quand même ? s'exclame-t-il entre deux éclats de rire. Tu me vexes, Petite Fleur, j'ai plus de charisme que ça !

Je lève les yeux au ciel et souffle d'agacement.

Il a vraiment un problème d'égo quand il s'y met !

Je pousse un nouveau soupir d'exaspération et bois une gorgée de vin. Je grimace en sentant l'alcool me brûler la gorge et repose aussitôt mon verre devant moi. Ace a l'air amusé par ma réaction et lève le sien dans ma direction avant de boire une gorgée à son tour.

Nous mangeons en silence jusqu'à ce que nos assiettes soient vides et que le serveur nous débarrasse. Il nous propose la carte des desserts mais Ace refuse poliment, pour une fois ! et me désigne d'un signe de tête. Le rouge me monte aux joues et je bafouille devant la quantité de choix qui s'offrent à moi. Le serveur me conseille gentiment la tarte à la framboise, que j'accepte volontiers avant qu'il ne reprenne la carte.

     -    Respire, c'est juste un dessert ! ricane le trafiquant en me lançant un regard amusé.

Je rougis de plus belle et baisse les yeux sur mon assiette. Ace passe alors ses doigts sous mon menton pour relever mon visage vers le sien et m'inciter à le regarder dans les yeux.

     -    Qu'est-ce que je t'ai dis ? murmure-t-il. Ne baisse pas les yeux devant moi.

Je soutiens son regard et ma peau se couvre de chair de poule quand il passe son pouce sur ma lèvre inférieure. Mon rythme cardiaque s'accélère et les fourmillements dans mon ventre se remettent à danser. Je plonge dans l'abysse bleu de ses yeux et me perd dans les profondeurs de ses iris.

Le serveur revient avec mon assiette et interrompt notre contact visuel. Ace retire rapidement sa main et la fourre dans sa poche, comme si de rien n'était. Il sort une cigarette et sort fumer sur la terrasse du restaurant, me laissant seule pour savourer mon dessert. Je redoute déjà son retour, quelque chose me dit que son humeur aura drastiquement changé.

J'ai vu juste quand il apparaît à l'autre bout de la salle, la mâchoire tellement contractée que la veine sur sa tempe tressaute sous sa peau. Je sens mon estomac se nouer; Grincheux est de retour, le reste de la soirée s'annonce donc beaucoup moins agréable.

Le repas réglé, Ace se dirige vers le bar du restaurant d'un pas rapide et me sème presque au passage. Il commande un whisky sans glace et s'accoude au comptoir, le regard perdu. Je le rejoins timidement et me dandine sur place, de peur de l'énerver une fois de plus.

     -    Tu restes ici et tu attends que je revienne, crache-t-il se tournant vers moi, l'air menaçant. Tu ne parles à personne et si on te pose une question, trouve un bobard crédible.

     -    D'accord...

Il boit son verre d'un trait quand le serveur le lui tend et passe à côté de moi sans me considérer. Je me sens rougir jusqu'aux oreilles et reste figée sur place, comme si mes pieds étaient ancrés dans le sol.

     -    Qu'est-ce qu'une jolie demoiselle comme vous fait toute seule ici ? s'exclame une voix masculine à côté de moi.

Je lève les yeux vers l'inconnu qui vient de me parler et lui souris poliment malgré le mauvais pressentiment qui s'insinue en moi. L'homme est âgé d'une quarantaine d'années et arbore une barbe grisonnante rasée de près. La lumière se reflète dans ses yeux gris et renforce ainsi la chaleur de son regard. Il pose sa main entre mes omoplates et me pousse doucement vers le bar où il commande deux verres de vin blanc.

TraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant