Chapitre 3

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Le conducteur à côté de moi souffle bruyamment avant de sortir un paquet de clopes de sa poche et de me le tendre. Je secoue négativement la tête et il pouffe de rire en tirant la première taffe.

Lorsqu'un homme d'une cinquantaine d'années au crâne dégarni sort d'une voiture de luxe garée près de nous, le brun tire une dernière fois sur sa clope avant d'ouvrir sa portière.

- Tu ne dis rien, tu me suis et tu fais ce que je te dis, me dit-il en attrapant fermement mon bras quand mes mains se posent sur la poignée.

J'acquiesce, fébrile, et manque de tomber en descendant de la voiture. Je me rattrape de justesse et claque la portière, l'air de rien.

Le chauve s'avance alors vers nous et relève ses lunettes de soleil hors de prix sur le haut de son crâne. Son regard se pose sur moi et ses sourcils se froncent si fort qu'ils semblent presque se rejoindre, lui conférant un regard aussi noir que du charbon.

- Ace ! s'exclame-t-il. Ça me fait plaisir de te voir, ton père serait ravi de savoir que tu fais appel à moi.

Grâce à cet homme, je connais enfin le prénom de l'homme chez qui je vis depuis hier. Je vois sa mâchoire se contracter de nouveau, si tant est que cela est possible tellement ses dents sont déjà serrées, et son regard s'assombrir quand il se pose sur son interlocuteur.

Le chauve ne m'a pas lâché des yeux quand à lui et ne se prive pas de me détailler salement.

• Ne prends pas tes rêves pour des réalités, Bruce, réplique-t-il. Et ne parle pas de lui.

Ace change de ton quand il prononce le prénom de son interlocuteur, comme s'il se moquait de lui.

L'homme esquisse un sourire mauvais avant d'entrer dans la grange, suivi par quelques hommes armés à l'aura dangereuse. Son regard m'a mise mal à l'aise. Il ne m'a pas lâché une seconde, comme s'il me connaissait. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale et une boule se forme dans ma poitrine.

Ace se retourne vers moi et pose sa main dans le bas de mon dos, me poussant à suivre Bruce à l'intérieur. Son geste me réchauffe légèrement le cœur, malgré l'ambiance étrange qui règne autour de nous.

Le sol en béton de la grange est recouvert de boue et de paille et quelques poutres écroulées laissent passer la lumière du soleil à travers la toiture.

Bruce attrape une chaise en bois qui craque bruyamment quand il s'assoit face à nous, ses yeux de prédateur toujours braqués sur moi. Ace fait de même et tire un tabouret à trois pieds qu'il pose devant moi.

Les portes de la grange se referment quand je m'assois et les hommes armés, qui travaillent sûrement pour le chauve, se placent tout autour de nous.

- T'as mon fric ? Aboie Ace.

Je sursaute en entendant le son de sa voix et manque de tomber de mon tabouret. Ace me retient sans ciller et retire sa main de mon genou une fois que je suis stabilisée. Son geste m'a quelque peu rassurée, comme s'il voulait me montrer que j'étais en sécurité avec lui.

Je suis ridicule, mais je m'accroche à la moindre parcelle d'espoir qui flotte autour de moi. Je veux croire que je ne crains plus rien maintenant.

Pa-thé-tique.

Ace sort un flingue de sa poche et le pointe sur Bruce. La réaction des hommes autour de nous ne se fait pas attendre et tous nous braquent. La tension monte d'un cran, ma respiration se bloque et mes mains se mettent à trembler, renforçant mon malaise.

Finalement, je ne suis peut-être pas tant en sécurité que ça.

- Du calme, du calme gamin ! dit Bruce en mettant ses mains en évidence.

TraquéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant