L'appartement de Gabriel, habituellement empli de chaleur et de vie, était plongé dans une ambiance lourde, presque oppressante. Les murs, témoins silencieux de tant de moments partagés, semblaient aujourd'hui résonner avec le poids des non-dits. Le crépitement de la télévision, allumée par automatisme, était la seule source de bruit, mais ni Jordan ni Gabriel ne semblaient s'y intéresser.
Gabriel était affalé sur le canapé, sa posture trahissant une fatigue bien plus profonde que la simple lassitude physique. Ses yeux, cernés par le manque de sommeil et le poids de ses responsabilités, étaient rivés sur l'écran, mais son esprit était ailleurs, perdu dans un tourbillon de pensées. Ses doigts glissaient distraitement sur le verre d'eau posé sur la table basse, traçant des cercles invisibles.
De l'autre côté de la pièce, Jordan se tenait près de la fenêtre, immobile. Il regardait la ville, les lumières des immeubles voisins clignotant dans le lointain, mais ses pensées étaient ailleurs, bien loin des rues animées. Il soupira, ses épaules se voûtant légèrement sous le poids de l'émotion qu'il tentait de contenir.
Les deux hommes, autrefois si proches, semblaient désormais séparés par une distance invisible mais insurmontable. Il n'y avait plus de ces échanges complices, ces sourires partagés, ces regards qui en disaient plus que des mots. À la place, le silence. Un silence qui, s'il était supportable les premiers jours, était devenu de plus en plus pesant, presque suffocant.
Après un long moment d'inaction, Gabriel se redressa légèrement sur le canapé. Le bruit du tissu froissé sous son mouvement résonna dans la pièce, rompant temporairement la monotonie ambiante. Il jeta un coup d'œil à Jordan, cherchant désespérément un signe, une réponse à ce qu'il ressentait. Mais le plus jeune, comme à son habitude ces derniers temps, restait inébranlable, le dos tourné à Gabriel, ses yeux fixés sur un horizon qu'il ne voyait probablement même pas.
L'atmosphère dans la pièce était devenue presque oppressante. Gabriel sentit son cœur se serrer. Il ne pouvait plus supporter ce vide entre eux, cette absence de connexion qui avait autrefois été leur force.
"On ne peut pas continuer comme ça, Jordan." finit il par lâcher, sa voix rauque brisant enfin le silence.
Ce dernier ne répondit pas immédiatement. Il continua de fixer la fenêtre, les mains dans les poches, comme s'il n'avait pas entendu. Mais le ton de Gabriel, empreint d'une sincérité presque douloureuse, ne pouvait être ignoré.
"Tu es ici." Reprit Gabriel, "mais je te sens tellement loin de moi."
Jordan poussa un long soupir, un de ceux qui semblent provenir d'un endroit profond, là où se cachent les vérités qu'on ne veut pas admettre. Il resta cependant immobile, comme figé dans sa contemplation silencieuse du monde extérieur.
"Je suis fatigué, Gabriel." finit il par répondre, d'une voix presque inaudible.
Ces simples mots flottèrent dans l'air, lourds de sens. Il n'y avait ni colère ni reproche dans sa voix, juste une lassitude écrasante. Jordan détourna finalement le regard de la fenêtre, mais ne tourna pas encore son visage vers Gabriel. Son attention était ailleurs, comme si parler de tout cela lui coûtait plus qu'il ne le montrait.
"Ce n'est pas toi, c'est juste tout le reste."
Gabriel secoua la tête. Il ne pouvait pas se contenter de cette réponse. Il savait, au fond de lui, qu'il faisait partie de ce "reste", qu'il était l'une des raisons pour lesquelles Gabriel se sentait aussi distant. Mais l'entendre ainsi, cette absence de confrontation directe, le blessait plus qu'il n'osait l'avouer.
"Tu dis ça." rétorqua Gabriel, le ton un peu plus tranchant qu'il ne l'aurait voulu. "mais je vois bien que je fais partie du problème. Tu ne veux juste pas le dire."
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Monsieur le professeur
FanfictionAprès avoir subi les provocations de son rival pendant plusieurs mois lors des débats, Jordan Bardella décide d'apprendre à le surpasser lors des prochaines interactions. Il se tourne alors vers son ami Jean-Philippe Tanguy, lui faisant confiance po...