L'eau s'échappait du robinet, formant un mince filet clair qui s'écrasait doucement dans le lavabo de la salle de bain.
Ce bruit monotone et apaisant était l'unique son qui perturbait le silence presque sacré de la pièce. Jordan se tenait là, immobile, face à ce miroir qui renvoyait une image de lui-même qu'il peinait à reconnaître. Ses yeux, d'ordinaire vifs et pétillants, étaient maintenant voilés par une fatigue écrasante et une inquiétude croissante. Chaque imperfection de son visage semblait exacerbée sous la lumière crue de l'éclairage, chaque ombre sous ses yeux, chaque ridule marquant son front, lui renvoyait une version de lui-même qu'il ne supportait pas de voir.
Il se tenait fermement au rebord du lavabo, ses mains crispées sur la céramique froide comme si ce contact pouvait le ramener à la réalité, à une version de lui-même qu'il maîtrisait mieux. Mais ce soir, il avait l'impression d'être en train de perdre le contrôle, de glisser lentement vers une obscurité qu'il ne savait plus comment combattre.
Ses pensées s'entremêlaient, tournoyant dans un chaos insupportable.
Il n'arrivait pas à échapper aux images qui s'imposaient à lui, des souvenirs, des peurs, des doutes qui se bousculaient pour occuper chaque espace de son esprit. L'image de Stéphane, ce visage aux sourires félins, surgissait sans cesse. Stéphane, qui avait réussi à s'immiscer dans sa vie, dans son couple, comme un serpent insidieux.
La photo... Cette maudite photo. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il la revoyait, cet instant figé, cette trahison capturée à jamais, prête à être utilisée contre lui.
Jordan se sentait piégé, comme un animal acculé, sans issue. Comment avait-il pu se laisser prendre au piège aussi facilement ? Il s'était juré de protéger Gabriel, de le préserver des horreurs de la politique, et pourtant, il avait échoué. Il savait que s'il ne trouvait pas un moyen de neutraliser cette menace, tout ce qu'il avait construit, tout ce qu'il aimait, serait détruit. Gabriel serait blessé, peut-être irrémédiablement, et c'était cette pensée qui le paralysait plus que tout.
L'angoisse se nouait dans sa poitrine, rendant chaque respiration plus difficile, chaque battement de cœur plus douloureux. Il sentait le désespoir l'envahir, cette sensation d'être submergé par quelque chose de bien plus grand que lui, quelque chose qu'il ne pouvait pas contrôler. Et pourtant, il devait trouver une solution. Il devait protéger Gabriel, même si cela signifiait se sacrifier lui-même. Mais comment ? Comment pouvait-il affronter Stéphane, cet homme qui semblait avoir toujours un coup d'avance, qui jouait avec les vies comme on déplace des pions sur un échiquier ?
Ses doigts tremblèrent légèrement sur le bord du lavabo, le miroir renvoyant l'image de cette faiblesse, de cette vulnérabilité qui le dégoûtait.
Il avait toujours été fort, du moins c'est ce qu'il avait voulu croire. Mais maintenant, il se voyait tel qu'il était vraiment : un homme en proie à ses démons, à ses peurs, incapable de trouver une issue. Et derrière cette image, une autre peur, plus profonde encore, celle de perdre Gabriel, de voir son amour s'éteindre à cause de cette erreur, de ce moment d'égarement qui aurait pu être évité.
Jordan sentit les larmes monter, brûlant ses yeux fatigués. Il n'avait pas pleuré depuis des années, ou du moins, pas de cette manière. Il avait toujours su contenir ses émotions, les enfermer dans un coin de son esprit où elles ne pouvaient pas l'atteindre. Mais ce matin là, il se sentait plus vulnérable que jamais, plus exposé, comme si chaque barrière qu'il avait érigée au fil des ans s'effondrait sous le poids de ses peurs.
Il cligna des yeux, refusant de laisser ces larmes couler, refusant de se laisser aller à cette faiblesse.
Il ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration, tentant de rassembler ses forces, de repousser ces pensées qui le hantaient. Il devait se ressaisir. Pour Gabriel. Pour eux deux. Il devait trouver un moyen de surmonter cette crise, de protéger ce qu'ils avaient construit ensemble. Mais plus il y pensait, plus il se sentait piégé, étouffé par cette situation qui échappait à son contrôle.
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Monsieur le professeur
FanfictionAprès avoir subi les provocations de son rival pendant plusieurs mois lors des débats, Jordan Bardella décide d'apprendre à le surpasser lors des prochaines interactions. Il se tourne alors vers son ami Jean-Philippe Tanguy, lui faisant confiance po...