Assis en position de scribe sur un coussin moelleux, le Seigneur Kaalan avait le nez plongé dans un rouleau, dont les extrémités s'effritant, ne laissaient aucun doute sur son âge avancé.
Un immense bureau, trônait contre le mur du petit cabinet. Un fauteuil de soks usé, témoignait des longues heures passés à étudier, s'abandonnait sous des étagères. Branlantes sous le poids des livres et des rouleaux, leur état poussiéreuses, soulevait une fine brume dans la pièce à chaque courant d'air. Les braseros qui flambaient, peinaient à réchauffer l'atmosphère de la pièce. Un froid glacial s'installait, à mesure que l'hiver approchait.
Il leva la tête, interpellé par une étrange sensation. Prenant soin de déposer le rouleau sur le tapis, il se releva et s'accouda sur le rebord de la baie qui donnait sur les jardins. Une fine couche de givre, faisait scintiller sous les rayons lunaires la végétation en contrebas. Mais ce qui l'intrigua, fut le halo lointain mais lumineux qui se dégageait des bois. La lumière luisait faiblement, mais était assez visible pour ses yeux perçants. Il se pencha pour écouter les murmures de la nuit lui apporter les vibrations sonores venues du mausolée.
Khaé n'est pas seul ? Il n'a quand même pas osé inviter cette assistante ici ? Pourquoi ne reste-t-elle pas avec son dieu dans son Méros ? Si elle est ici, alors lui n'est pas loin ! J'espère qu'il n'est pas en train de piller le garde-manger !
— Khaé ! Le son de sa voix, puissante et rauque porta à travers la petite planète.
Oui mon Seigneur ? La réponse mentale fit sursauter le jeune dieu.
— Renvoie cette femme auprès de mon cousin et viens me retrouver ! S'éloignant de la fenêtre, il alla s'asseoir à son bureau.
Le bureau désordonné, emplit de rouleaux dont les affres du temps accomplissaient son œuvre sur le papier jauni, ramena le jeune dieu à l'une de ses responsabilités ; compiler les évènements majeurs du Méros sur lequel il régnait. Cette activité le répudiait. Il avait pensé, lors d'une douce journée de printemps à flâner dans les herbes fleuries du jardin, à embaucher un scribe. Ce à quoi, Khaé lui avait répondu que les humanoïdes devaient rester ignorants sur certains sujets magiques qui régentaient les Méros. Il s'agissait là, d'une de ses prérogatives ; laisser une trace historique de ce qu'il se produisait sur les mondes habités.
Kaalan, la lassitude le gagnant à devoir mettre des mots sur l'affaire qui avait secoué la galaxie, tira l'un des rouleaux qui emplissait la surface. Le dépliant, il jeta un rapide coup d'œil sur les écrits, le ramenant momentanément au massacre de la planète Exilia.
Au firmament du vingtième jour de mue de la grande bête divine, lorsque les étoiles du système Orion réchauffent son corps de leurs lueurs incandescentes, son rugissement de douleur retenti jusqu'aux confins du Méros. Par-delà l'océan céleste et les monts nébuleux d'Urano, les systèmes solaires, se teintèrent subitement d'un inquiétant rougeoiement.
Les nébuleuses parcourant les grandes voûtes célestes se sont parées d'un camaïeu de note carmin, dans lesquels, des milliers d'étoiles filantes rouge sang dansent un étrange ballet.
La bête se tient là, les yeux emplis de souffrance et le corps parsemé de brûlures provoqué par l'afflux puissant d'une énergie inconnue. Elle se meurt.
Pleurant sa peine et entachant l'espace de sa force vitale dépravée, elle libère son dernier souffle de vie, dans un râle d'agonie. L'une des dernières bêtes divines du Méros à disparu.
Mon cœur s'est serré devant cet spectacle. Le sang a coulé cette nuit, et le frissonnement produit par les murmures de milliers d'âmes en peine qui parcourent le Méros de leur mélancolie, nous rappelle o combien les horreurs humanoïdes et humaines, n'ont pas lieu d'être.
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Avant que la lumière ne s'abatte.
FantasíaAvant que la lumière ne s'abatte, est avant tout un mensonge, un univers dont la création est basée sur un secret ancestral. Du monde de la magie à celui des mondes humanoïdes, toutes créatures, magiques ou non, vivent dans l'ignorance, convaincues...