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J'ai l'impression que mon coeur dans ma poitrine pèse encore plus lourd lorsque je croise le regard plein de peine de Culhane

Je lui fait sans doute pitié

Je passe une main sur mes joues en renifflant mais quelque larmes continuent tout de même de couler, le son de la pluie broie, heureusement les hurlements de mon âme en peine comme il rend ce moment encore plus déchirant.

Basilic s'enroule à ma jambe puis remonte doucement jusqu'à s'arréter enfin autour de mon bras gauche, j'ai l'impression que même ce grand animal dangéreux sait que je vais mal.
La pression de son corps contre ma peau me procure presqu'une douce chaleur tandis que ses yeux terrifiants semblent lire en moi comme à travers un morceau verre.

-comment tu m'as retrouvé?  demandais je sans le regarder; t'as mis une puce sur moi?

Les semelles de ses chaussures claquent contre le planché et à chaque pas qu'il fait dans ma direction je peux sentir son odeur suave envahir peu à peu mon espace.

-j'ai pas eu besoin de ça, je te connais; dit il simplement

Il tire une chaise puis s'asseoit à côté de moi, il saisit le paquet de lévure à cause duquel je me suis presque coupé le doigt, il l'ouvre puis en verse dans le bol

-tu te débrouillais pas mal; dit il d'un ton neutre

Il essaie de prendre la brique de lait mais je retiens sa main

-Arrête! dis je en me tournant vers lui; arrete, t'es pas obligé de faire semblant; murmurais je cette fois ci

Il se fige et me regarde dans les yeux, ce qui a le don de me destabiliser. Mes yeux me piquent à nouveau et un autre torrent de larmes menace de s'ecouler mais je me retiens aussi bien que possible

-ça ne sert à rien; lui dis doucement; de toutes les façons je ne voulais pas en manger

Et c'est vrai, je voulais juste ne pas laisser mourir cette petite tradition qui enfait ne comptait même pas pour moi l'an dernier, je vis dans le deni. Fuir la réalité a toujours été ce en quoi je suis le plus douée.
Venir ici et parler à une photo, je croyais que ce serait comme si elle etait là, Anna me l'avait dit

j'aurai dû faire mon deuil

Je le ferai, seulement après l'avoir vengée

Il continue de me fixer en silence. Je déteste ça.

- les autres se demandent sans doute où je suis et m'attendent pour m'offrir leur cadeau; dis je en me levant; on devrai rentrer à la villa

-on ne peut pas, la pluie est beaucoup trop grande et la pente de la falaise doit maintenant être glissante; me dit il calmement en versant le lait

-et alors on fait quoi? on reste ici? m'exaspérais je en proie à une détresse sentimental

Maintenant que l'illusion de ma grand mère a quitté mon esprit, j'ai l'impression que chaque minutes dans cette maison est une heure dans ce tourbillon de souvenirs infernal.

Soudainement je sens l'odeur de Culhane s'emparer totalement de moi, ses bras enroulent mon corps tellement petit et frêle comparé au sien.

Même si je refuse de l'admettre ce geste est pourtant si réconfortant, mes bras sont étendus de part et d'autre de mon corps, j'ai l'impression d'être totalement crispée, d'être en mode off

Crush or CrashOù les histoires vivent. Découvrez maintenant