III

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Le ciel s'était assombri et le vent soufflait régulièrement, donnant à la plage un air encore plus désertique. C'est dans cette atmosphère sombre que la mer rejeta la jeune fille sur le rivage. Marly était à demi-morte, et les étoiles, qui commençaient à briller tour à tour, semblaient se moquer de son inconscience. Par quel miracle avait-elle réussi à s'en sortir ? Elle n'en avait aucune idée.

Plus tard, elle sentit quelque chose d'humide lui frôler la joue, sans pouvoir en distinguer plus. Flamme tentait de renifler son visage pour s'assurer qu'elle était toujours en vie. Mais il n'était pas seul. Quelqu'un l'aidait à rejeter l'eau salée qu'elle avait avalée. Reprenant petit à petit ses esprits, sa vision devint plus nette et elle vit le cheval se pencher vers elle. La jeune fille lui rendit un faible sourire, murmurant des mots presque inaudibles, sans remarquer la silhouette qui la dévisageait à travers la crinière de Flamme.

La nuit finit par tomber, chassant la faible clarté du soleil couchant et laissant place à l'obscurité. Arly se redressa, mais fut soudainement submergée par une terrible migraine, l'empêchant de faire le moindre geste supplémentaire. Une voix se mit à la rassurer, mais elle ne put distinguer la silhouette sombre qui se penchait sur elle. La nuit basculait lentement. Sous la faible clarté du ciel noir, un jeune homme assis au pied d'un arbre dévisagea la jeune fille endormie, éclairée par la lumière des braises fumantes. Il alimentait le feu de temps en temps, guettant son réveil.

La nuit battait déjà son plein, et des heures avaient passé depuis l'accident. Elle était hors de danger, mais il fallait qu'elle se réveille pour s'en assurer. Flamme, lui, reniflait ses cheveux de temps en temps. Ces gestes finirent enfin par la réveiller. Voyant qu'elle avait bougé, l'animal lui caressa le visage. Ses yeux s'ouvrirent lentement et rencontrèrent ceux de Flamme. Reconnaissante, elle posa sa main sur sa crinière en souriant.

"Tu m'as encore sauvé la vie ! Merci, mon ami. Sans toi, l'océan m'aurait avalée !" gémit-elle faiblement.

"Ravi que vous soyez enfin réveillée ! J'ai eu peur que vous ne vous en sortiez pas avant demain !" une voix inconnue surgit à côté d'elle.

Flamme se dégagea pour laisser place à l'inconnu. Il se pencha sur elle, et Marly put voir son visage faiblement éclairé par le feu. Un garçon, ayant à peu près son âge, grand au cheveux châtains, les traits fins, fraîchement sorti de l'adolescence, les yeux aussi sombres que la nuit qui enveloppait les alentours. Elle se redressa pour s'asseoir, mais il l'en empêcha.

"Restez allongée, vous êtes encore épuisée." Elle s'exécuta.

"Je suis Maxim Rowley. Et vous ?" continua-t-il.

"Marly, Marly Green," s'empressa-t-elle de répondre.

Elle était néanmoins curieuse de savoir ce qu'il faisait dans un endroit aussi perdu. Il avait pourtant l'air de quelqu'un de civilisé.

"Comment m'avez-vous retrouvée ? Il me semble que cet endroit est peu connu, non ?" osa-t-elle demander.

"Certes, et vous avez eu tort de vous aventurer ici !" la réprimanda-t-il presque.

"Et vous alors ?" répliqua-t-elle.

"Ce n'est pas moi qui me suis fait avaler par l'océan ! Que voulez-vous ?" répondit-il nonchalamment.

"Oh, vraiment ?" lança-t-elle avec une pointe de colère dans la voix devant son air cynique.

"N'avez-vous pas peur ?" demanda-t-il ensuite, en reprenant sa position initiale. Sa question ressemblait plus à une accusation qu'à une compassion.

"Moi ? Peur ? Non, je n'ai aucune raison d'avoir peur. Je suis avec Flamme. Il m'a protégée et me protégera ! Et puis, je suis grande maintenant, je n'ai pas peur de l'inconnu !" se défendit-elle avec une moue boudeuse.

Sans même s'en rendre compte, elle avait plus l'air enfantine que ce qu'elle revendiquait, ce qui fit presque rire le jeune homme de son comportement. Il reprit tout de même un air sérieux et demanda :

"Si je peux me permettre, quel âge avez-vous ?" Elle laissa son regard se perdre sur Flamme, couché à quelques pas de là, indifférent de leur présence, avant de répondre.

"Dix-huit ans, la semaine dernière."

À ces mots, elle bailla. Malgré sa fatigue, elle voulait encore en savoir un peu plus sur cette personne qui l'accompagnait.

"Vous feriez mieux de vous reposer !" dit-il en tournant le dos.

Sachant que poursuivre la discussion serait sans intérêt, elle ne prononça plus un mot, se contentant d'observer son nouvel ami, si bien sûr, elle pouvait le considérer ainsi. La journée avait été éreintante, et elle tomba aussitôt dans les bras de Morphée. Devant sa mine endormie, le jeune homme ne put s'empêcher de repenser à leur brève conversation, qu'il trouvait assez charmante. Elle avait du caractère, la petite, et elle ne se gênait pas pour le montrer. Comme elle. Si courageuse, mais fragile à la fois. Comme elle. Si elle avait été encore là, l'aurait-elle acceptée ? Probablement. Mais elle n'était plus là. Elle s'en était allée, et ne reviendrait jamais...

***

Après une semaine de dur travail, Cathline Roderson retrouvait enfin le bonheur de rentrer chez elle. Elle gara sa petite voiture dans le garage, à l'arrière de la cour. Le soleil avait décliné depuis longtemps. Sa nièce était probablement dans sa chambre ou à la cuisine, en train de préparer le dîner. Elle fit sonner la clochette pour signaler sa présence. Une fois, deux fois. Mais personne ne répondait. La jeune femme fronça les sourcils. Elle finit par sortir sa propre clé, de plus en plus inquiète. La maison était vide. Elle chercha partout, mais il n'y avait personne. Après un moment, elle remarqua une lettre posée sur la table de la salle à manger. Ses mains tremblèrent.

"Que diable lui est-il passé par la tête !" jura-t-elle, en cherchant maladroitement son téléphone.

Elle devait la retrouver coûte que coûte. À qui pouvait-elle demander de l'aide ? Elle tapota sur son téléphone un bon moment, sans succès. L'angoisse l'empêchait de penser correctement. Finalement, elle sortit de la maison et signala au quartier la disparition de sa nièce.

Une affaire assez problématique, car dans un endroit aussi reculé où les gens croyaient encore aux monstres et aux esprits, il était difficile de trouver quelqu'un de courageux qui oserait braver les interdits. Cathline désespérait.

"Je prendrai cette affaire en main !" Un homme d'une vingtaine d'années s'était exprimé.

"Commissaire, vous venez d'arriver, et puis vous êtes en pause, le colonel avait insisté pour que nous ne vous encombrions pas !" hésitait le chef du village.

"Ne vous inquiétez pas, cette affaire sera bientôt résolue ! Je ne fais que mon devoir !" affirma-t-il fermement.

Il passa la soirée chez Marly, afin de récolter les informations nécessaires pour retrouver la jeune fille. Il quitta les lieux au petit matin, non sans avoir rassuré Cathline qu'il ramènerait sa nièce.

"Ramenez-la moi saine et sauve, je vous en prie !" implora-t-elle, la voix tremblante d'émotion.

"Ne vous inquiétez pas, Madame. Je ferai tout mon possible pour la retrouver !"

Il s'éloigna du village, empruntant la route principale, son regard déterminé fixé droit devant lui. La lumière de l'aurore enveloppait doucement le paysage, projetant des ombres longues et mystérieuses sur le chemin de terre.

"Quel mystère caches-tu donc ?" murmurait-il tout bas.

Vivre Parmi Eux - The Death Valley Où les histoires vivent. Découvrez maintenant